Une nouvelle analyse du CNIEL a comparé les apports en lipides et en acides gras saturés des Français à ceux des Européens et des Américains, ainsi que l’incidence de la mortalité par maladies cardiovasculaires. La France présente des résultats très positifs malgré des apports caloriques et lipidiques parmi les plus élevés.
Le CNIEL a récemment repris les données de plusieurs études françaises, européennes et Outre-Atlantique pour comparer les apports des Français en lipides et acides gras saturés et l’incidence des maladies cardiovasculaires, du surpoids et de l’obésité dans notre pays, aux chiffres de nos voisins européens et des Américains. Le point sur les éléments à noter.
Les Français mangent autant que leurs cousins d’Amérique (2150 kcal/jour contre 2141 kcal/jour pour les Américains) et davantage que leurs voisins européens (entre 1800 et 1950 kcal/jour, selon les pays).
Les Français mangent aussi plus gras (36,5 % de l’AET) et notamment plus d’acides gras saturés (14,9 % de l’AET) que la plupart de leurs voisins européens (lipides totaux < 35,8 % de l’AET et Acides gras saturés < 14,7 % de l’AET) et que les Américains (lipides : 34,8 % de l’AET et Acides gras saturés : 11,2 % de l’AET).
Parmi les sources de lipides et d’acides gras saturés de l’alimentation des Français figurent les fromages et les matières grasses laitières. Les données de la dernière étude INCA 3 (2014—2015) indiquent que sur les 76 g par jour de lipides consommés en moyenne, 12g sont apportés par les produits laitiers et 5 g par les matières grasses laitières. Et sur les 32 g par jour d’acides gras saturés consommés, 8 g proviennent des produits laitiers et 3 g des matières grasses laitières. Des quantités somme toutes raisonnables puisque plus de 75 % des lipides et 65 % des acides gras saturés ont une origine autre que laitière.
Malgré ces consommations de lipides et d’acides gras parmi les plus élevées en Europe (notons que la Grèce bat tous les records avec 45 % de l’AET sous forme de lipides mais seulement 12,8 % de l’AET en AGS), les Français présentent un taux de mortalité cardiovasculaire (111,1/100 000 décès chez l’homme et 39,8/100 000 chez la femme) parmi les plus bas d’Europe (la France arrive en dernière position derrière la Finlande, l’Allemagne, l’Irlande, Le Royaume-Uni, la Suède, l’Italie et l’Espagne) et bien loin des taux américains (233,8/100 000) (chiffres Am Heart Asso Stat 2018).
De même, les taux de mortalités par cardiopathie ischémique (infarctus notamment) sont parmi les plus bas d’Europe avec moins de 18 décès/100 000 chez les hommes de moins de 65 ans et moins de 4 décès/100 000 chez les femmes de moins de 65 ans (chiffres Europ Cardiov Dis Stat 2017).
Quant aux décès par accidents vasculaires cérébraux, ils sont aussi parmi les moins fréquents d’Europe car inférieurs à 4 décès/100 000 chez les hommes de moins de 65 ans et inférieurs à 3 décès/100 000 chez les femmes de moins de 65 ans.
Enfin, l’espérance de vie des français et surtout des françaises sont parmi les plus longues avec 79,2 ans chez l’homme (contre 76,3 ans aux États-Unis et 78,3 ans en Allemagne) et 85,5 ans chez la femme (contre 81,2 ans aux États-Unis et 82,8 ans au Royaume-Uni) selon les données de la banque mondiale (2016).
Comment expliquer ces paradoxes ? Certains rapports dont les chiffres sont présentés ici évoquent une sous-estimation des cas de mortalité cardiovasculaire en France (les médecins français indiqueraient plus fréquemment une mortalité « par autres causes »). En France, une meilleure prise en charge des maladies cardiovasculaires pourrait aussi expliquer ces résultats. On sait également aujourd’hui que les acides gras saturés ne doivent pas être considérés en bloc et que le lien établi il y a plusieurs années entre leur consommation et la mortalité cardiovasculaire nécessite d’être revu.
C. Costa « © Société Française de Nutrition. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés »
Questions sur les produits laitiers et la santé des Français - CNIEL janvier/février 2019. no 63.
Date de publication : 17/07/2019
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