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Un rééquilibrage de l’alimentation des Français à partir des données de consommation de l’enquête INCA2 et qui a estimé la contribution de 43 groupes d’aliments et calculé leur Nutri-Score l’affirme : toutes les classes du Nutri-Score peuvent entrer dans une alimentation équilibrée à condition de réduire les portions des aliments classés D et E.

Matthieu Maillot (MS-Nutrition) a tenté de répondre à la question que tout le monde se pose : peut-on avoir une alimentation équilibrée en consommant des produits appartenant à toutes les classes du Nutri-Score ou faut-il se priver des moins bien classés ? De fait, la qualité d’une alimentation ne s’estime pas à l’échelle d’un produit mais à celui du régime dans sa globalité. Il semblait donc intéressant pour Matthieu Maillot de comprendre comment se distribuent les différents niveaux de qualité nutritionnelle du Nutri-Score (classes A, B, C, D, E) au sein de régimes alimentaires équilibrés (couvrant les recommandations nutritionnelles).

Les consommations alimentaires hebdomadaires de 1719 adultes (20-75 ans) inclus dans l’enquête INCA2 ont donc été observées. La table CIQUAL 2013 a été utilisée pour estimer leurs apports nutritionnels et le Nutri-Score a été calculé pour des portions standard de 1279 aliments répartis en 43 sous-groupes. Pour chaque individu, une diète dite « optimisée » a été réalisée de façon à couvrir au mieux les recommandations nutritionnelles (macronutriments, acides gras essentiels, fibres, vitamines et minéraux) tout en prenant en compte l’acceptabilité de la diète et en restant au plus proche de la diète de départ. La contribution de chaque classe de Nutri-Score a été estimée dans ces diètes individuelles « optimisées », et indiquées en nombre de portions standards (p/j), en énergie (kcal/j) et en poids (g/j).

La portion standard médiane des aliments de classe A et B étaient de 100 g alors que celles des aliments C, D et E étaient respectivement 90 g, 30 g et 50 g. Dans les diètes observées, la contribution en quantité des aliments A était déjà importante (591g) par rapport à celle des aliments B (347 g), C (145 g), D (140 g) et E (65 g). En revanche, une fois l’optimisation des diètes réalisées, la contribution quotidienne (en portion, grammes et énergie) des aliments A devait être encore plus importante que celles des autres classes, quel que soit l’indicateur (14,5 p/j, 1812g/j et 716 kcal/j), tandis que la contribution des aliments E était la plus faible (1,3 p/j, 72 g/j et 142 kcal/j). Pour les classes intermédiaires, la répartition était variable en fonction de l’indicateur. Le nombre de portions était proche entre les classes B, C et D (4,6, 4,9 et 4,7p/j respectivement). L’énergie était similaire pour C et D (343 et 353kcal/j respectivement) et plus élevée pour la classe B (572 kcal/j) alors que le poids était similaire pour B et C (478 et 424 g/j respectivement) et plus faible pour la classe D (100 g/j).

La même analyse en excluant les boissons, conduisait à la même conclusion : une contribution de A (10p/j, 935g/j et 715kcal/j) nécessairement beaucoup plus élevée que celle de E (1,1p/j, 29g/j et 124kcal/j), et une répartition entre les classes intermédiaires dépendantes de l’indicateur (3,8, 3,3, 4,6 p/j et 320, 118, 92 g/j pour B, C et D respectivement).

Concernant les boissons, l’optimisation nécessitait d’augmenter celles classées A (eau) et de réduire de moitié celles classées E (sodas, nectars), les classes intermédiaires n’étant pas hiérarchisées.

Ce travail inédit examinant le lien entre le Nutri-Score et alimentation équilibrée montre que toutes les classes du Nutri-Score peuvent entrer dans une alimentation équilibrée mais qu’il faut tout de même réduire les portions des aliments classés D (moins 1) et E (moins 1,5). L’observation d’une décroissance de la répartition en poids et en énergie de la classe A à la classe E confirme que le Nutri-Score est pertinent même s’il ne se base que sur très peu de composés nutritionnels comparé à la trentaine de composés prise en compte dans la diète optimisée. En revanche, il est moins discriminant pour les classes intermédiaires puisqu’on n’observe pas ou peu de différence de répartition en poids et énergie entre les aliments classés C et D. En termes de nombre de portion, il n’existe pas de décroissance entre les classes intermédiaires, ce qui signifie qu’il ne faut pas transposer l’ordre des classes Nutri-Score en fréquence de consommation pour guider le consommateur.

C. Costa « © Société Française de Nutrition. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés ».

Toutes les classes de Nutri-Score ont-elles leur place dans les diètes nutritionnellement adéquates—Matthieu Maillot — JFN Live 25—27 nov 2020. http://www.lesjfn.fr

Date de publication : 07/04/2021

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