Malgré des messages de sensibilisation répétés, le nombre de verres d’alcool consommé par jour reste supérieur aux seuils recommandés. La nouvelle campagne de sensibilisation qui vient d’être lancée explique les liens entre alcool et santé, ainsi que les risques liés à la surconsommation d’alcool.
« Pour votre santé, l’alcool c’est maximum 2 verres par jour, et pas tous les jours ». Telle est la formule utilisée dans la récente campagne de prévention du ministère des Solidarités et de la Santé et de Santé Publique France.
Objectifs :
- rappeler à la population que la consommation d’alcool, même à faibles doses, comporte des risques ;
- promouvoir les nouveaux repères de consommation.
Mais qu’est-ce qu’un verre d’alcool lorsqu’on sait la variété des contenants et des substances ? Le site grand public www.alcool-info-service.fr le précise. Un verre d’alcool c’est 10 g d’alcool pur soit un ballon de vin à 12◦ (10 cL), un verre de pastis à 45◦ (2,5 cL), un verre de whisky à 40◦ (2,5 cL), une coupe de champagne à 12◦ (10 cL), un verre d’apéritif à 18◦ (7 cL) ou un demi de bière à 5◦ (25 cL). Le site précise qu’une grande canette de 50 cL de bière à 8◦ équivaut à 3 demis (25 cL) de bière à 5◦ soit 3 verres standard d’alcool.
Les plus récentes études scientifiques ne rapportent pas de bénéfices à consommer des faibles quantités d’alcool et révèlent qu’au-delà de 10 verres d’alcool par semaine (100 g d’éthanol pur) la mortalité attribuable à l’alcool devient significative et augmente de manière exponentielle. Plus de 50 % de la mortalité liée à une maladie touchant le foie est attribuable à l’alcool et 60 maladies et 200 items de la classification internationale des maladies sont liés à la consommation d’alcool. Santé Publique France indique que la consommation d’alcool est, en France, à l’origine de 41 000 décès par an et à l’origine, entre autres, d’hémorragie cérébrale, de cancers et d’hypertension. Il a calculé avec l’aide de l’Institut national du cancer que le risque de santé serait moindre avec une consommation de moins de 10 verres par semaine, ou 2 verres par jour et avec des jours de la semaine sans consommation (simulation à partir de la littérature épidémiologique internationale et des données françaises). Ces repères de consommations retenus pour l’ensemble de la population résultent d’un compromis car la proportion de décès attribuables à l’alcool augmente avec le niveau de consommation plus rapidement chez la femme que chez l’homme. Si bien que pour la femme, le repère de consommation devrait être fixé à 1 et non 2 verres par jour.
Ces recommandations semblent loin des consommations réelles selon les données du Baromètre de Santé Publique France (enquête téléphonique auprès de 25 319 sujets représentatifs de la population française). En 2017, près de 24 % des français de 18—75 ans dépassent au moins l’un des trois repères et les hommes sont davantage concernés (33 % versus 14 % de femmes). Plus précisément, 19,2 % déclarent avoir bu plus de 2 verres d’alcool en une journée au moins une fois au cours de la semaine précédente, 9,7 % déclarent avoir bu plus de 10 verres d’alcool au cours des sept derniers jours et 7,9 % déclarent avoir consommé de l’alcool plus de cinq jours sur sept. Les plus jeunes sont plus nombreux à consommer plus de 2 verres un jour de consommation, tandis que les plus âgés observent moins fréquemment des jours d’abstinence dans la semaine. Des données déclaratives qui pourraient être fortement sous-estimées car ne se basant que sur les consommations de la semaine passée et aussi sous-déclarées car elles semblent très inférieures aux quantités d’alcool effectivement mises sur le marché.
Trente-sept pays ont fixé des repères de consommation d’alcool à moindre risque. Le repère de 10 verres par semaine a été adopté par l’Angleterre depuis 2016. La France rejoint désormais ces pays. Les nouveaux repères s’adressent à un large public alors qu’actuellement seuls 24 % des sujets (10,6 millions de personnes) sont des cibles prioritaires : les hommes, en emploi, avec un niveau de diplôme inférieur ou égal au baccalauréat et dont environ un tiers des individus a un revenu mensuel net inférieur ou égal à 1200 euros.
C. Costa « © Société Française de Nutrition. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés »
Alcool et santé : améliorer les connaissances et réduire les risques — Santé Publique France — 26 mars 2019. www.santepubliquefrance.fr. BEH no 10-11 — 26 mars 2019. http://invs.santepubliquefrance.fr/beh/2019/10-11/2019 10-11 0.html
Date de publication : 16/07/2019
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