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L’adoption d'un régime de type méditerranéen, riche en fruits et légumes, poissons et céréales, serait associé à un risque de dépression réduit de 33% comparé à sa non adoption selon une méta-analyse d'études longitudinales réalisée par des chercheurs de l’Inserm et de l’Université de Montpellier.

L’adoption de régime méditerranéen, riche en fruits et légumes, poisson et céréales, est associée à une diminution de 33% du risque de dépression. C’est la conclusion d’une méta-analyse réalisée par des chercheurs de l’Inserm et de l’Université de Montpellier. Celle-ci a pris en compte les publications parues jusqu’en Mai 2018. Un total de 20 études longitudinales et 21 études transversales répondant aux critères de sélection ont été prises en compte, soit 36 556 adultes dont l’alimentation a été évaluée via des scores d’adéquation à divers régimes (méditerranéen, DASH, HEI, AHEI), ainsi que le diagnostic de dépression ou de symptômes dépressifs (échelle CES-D).

Les chercheurs rappellent que l’alimentation a déjà été examinée comme prédicteur potentiel de risque dépressif et des nutriments spécifiques comme les oméga-3, les vitamines B, le zinc et le magnésium ont déjà été impliqués dans le fonctionnement cérébral. Les mécanismes neurologiques affectant le risque de dépression pourraient être modulés par des apports nutritionnels ayant un impact sur l’inflammation, le stress oxydatif, la neuroplasticité, la fonction mitochondriale et le microbiote intestinal.   

L’analyse des études longitudinales incluses révèle une association forte entre un risque moindre de dépression et une adhésion élevée au régime méditerranéen (-33% comparé aux sujets n’adhérant pas à ce régime), et une faible adhésion à un régime pro-inflammatoire riche en acides gras saturés, en sucre et en produits raffinés (-24%).  Bien que s’appuyant sur moins d'études, une tendance similaire mais non significative apparait entre un moindre risque de dépression et l’indice de qualité alimentaire Healthy Eating Index ainsi que d’autres scores de qualité alimentaire spécifiques à certains pays.

Jusqu'à présent, un certain nombre de facteurs, induits par l'alimentation, ont été soupçonnés de causer des dommages au cerveau, comme le stress oxydatif, la résistance à l'insuline, l'inflammation et les changements de vascularisation. Ces facteurs ont été associés à l'apparition de la dépression. Par ailleurs, des études récentes chez l’homme soutiennent les données de recherches précliniques suggérant un impact du régime alimentaire sur l'hippocampe. Les fruits, les légumes, les noix et le vin (consommé avec modération) aux propriétés antioxydantes et anti-inflammatoires ont été associés à de meilleurs résultats métaboliques et partageant une étiologie commune avec la dépression. Or, la protection contre l'oxydation peut réduire les dommages neuronaux dus au stress oxydatif. L'inflammation systémique peut affecter le cerveau via le transport actif des cytokines à travers l'endothélium cérébral ou l'activation des fibres vagales, et joue également un rôle dans la régulation des émotions par des mécanismes impliquant des neurotransmetteurs comme la sérotonine, la dopamine, la noradrénaline et le glutamate.

Pour les auteurs, éviter les aliments pro-inflammatoires pourrait aider à prévenir l’incidence de la dépression et les symptômes dépressifs. Conclusion peut être un peu hâtive !

Cette méta-analyse intègre en effet les limites des études qu’elle a compilées : l’hétérogénéité du diagnostic de la dépression et des symptômes dépressifs, l’absence de prise en compte des changements alimentaires possibles au fil du temps et qui ont pu être concomitants à l’apparition des symptômes dépressifs, le grand nombre d’études réalisées dans les pays riches, une grande variabilité de l’âge des sujets, des ajustements sur les facteurs confondants variables d’une étude à une autre, …

Enfin, rappelons qu’il s’agit de l’observation d’une association entre l’alimentation et le risque de dépression et qu’aucune relation de cause à effet ne peut être établie par cette méta-analyse d’études observationnelles. On ne sait d’ailleurs pas si la qualité de l’alimentation n’a pas été affectée par la présence de symptômes dépressifs ou de dépression (causalité inverse) ? Si de récentes études d’intervention fournissent quelques preuves préliminaires d’un effet d’un changement alimentaire sur l’amélioration des symptômes dépressifs, des essais cliniques sont encore nécessaires pour évaluer le rôle des habitudes alimentaires dans l’apparition, la sévérité et la récurrence des épisodes dépressifs.

 

C. Costa  « © Société Française de Nutrition. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés ».

Healthy dietary indices and risk of depressive outcomes: a systematic review and meta-analysis of observational studies. Lassale C et coll. Molecular Psychiatry https://doi.org/10.1038/s41380-018-0237-8

 

Date de publication : 18/03/2019

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