Les données de la cohorte NutriNet-Santé ont permis de dresser le portrait des Français adeptes de la tendance snacking. La qualité des produits consommés en dehors des repas et les apports nutritionnels associés y sont analysés au regard des disparités socioéconomiques des Nutrinautes.
Après l’enquête de l’observatoire du snacking, sous l’expertise de Thibault de Saint-Pol (sociologue), c’est au tour des chercheurs de l’Inra de s’intéresser à ce nouveau mode de consommation en dehors des repas principaux.
Pour cela, Caroline Méjean et ses collègues ont exploité les données de la cohorte NutriNet-Santé (non représentative de la population française) et ont dressé le portrait des adeptes du snacking à partir des données de 104 265 sujets (52 % de femmes).
Les données révèlent que deux tiers des nutrinautes mangent au moins une fois par jour en dehors des repas (de la semaine). Le plus souvent dans l’après-midi (45 %) que le matin (28 %) ou la soirée (18 %). Des chiffres proches de ceux rapportés par l’observatoire du snacking.
Ce que l’analyse des chercheurs de l’Inra ajoute, c’est que ces encas apportent quotidiennement 260 kcal soit 13 % des apports énergétiques journaliers. Les produits gras et sucrés (pâtisseries, gâteaux, chocolat et autres) y contribuent à hauteur de 30 %, suivis par les fruits (en moyenne 13 %) et les boissons chaudes (café ou thé agrémenté d’un nuage de lait, cappuccino...) pour 11 %. À poids égal, les aliments consommés à ces moment-là sont de moins bonne qualité nutritionnelle (densité nutritionnelle 22,8 versus 30 au petit-déjeuner) et apportent plus d’énergie (222 kcal/100 g) que ceux pris au cours des repas principaux (133,9 kcal/100 g au diner). À quelques détails près cependant, puisque le snack du matin (33 % boissons, 8 % fruits) est plus sain que celui de l’après-midi (33 % viennoiseries, biscuits, chocolat..., 16 % fruits, 11,4 % boissons chaudes, 9 % sucreries) ou du soir (26 % viennoiseries, bis- cuits, chocolat..., 11 % fruits, 9 % alcool, 8 % sucreries), alliant une meilleure qualité nutritionnelle à un apport calorique moindre.
Les 31-45 ans et les 46-60 ans sont ceux qui rapportent le plus cette pratique de snacking, comparé aux 18-30 ans. En revanche, la qualité nutritionnelle de ce qu’ils mangent est meilleure avec notamment une densité nutritionnelle supérieure à celle de leurs cadets (chez les femmes supérieure à 100 chez les 31-60 ans versus 73 chez les moins de 30 ans ; chez les hommes supérieure à 114 versus 96,6) et une densité énergétique moindre (chez les femmes 223/100 g chez les 46-60 ans versus 237/100 g chez les moins de 30 ans).
La présence d’enfant dans le foyer n’est pas associée à une plus grande pratique de snacking mais se traduit chez les femmes par la consommation de snacks de moins bonne densité nutritionnelle (99,9 versus 89,9 dans les foyers sans enfants) et chez les hommes et les femmes par une densité énergétique des snacks plus importante.
Enfin, les données révèlent des disparités socioéconomiques associées à cette pratique : un niveau d’éducation élevé va de pair avec des snacks plus fréquents mais de meilleure qualité nutritionnelle et de plus faibles apports énergétiques. À l’inverse, un niveau d’éducation faible, quel que soit le sexe ou chez les femmes, une profession indépendante ou un poste d’employée ou d’ouvrière est moins propice au snacking. Le niveau de revenu n’est pas associé à la pratique du snacking. Les chercheurs supposent que les catégories socioprofessionnelles plus élevées ont davantage d’occasions et de liberté d’action sur la journée pour mettre en place ce type de pratique.
Les données de Nutrinet-Santé sont cohérentes avec celles de l’observatoire du snacking, montrant que la pratique du snacking est fréquente en France. L’âge, l’éducation et l’activité professionnelle sont des facteurs démographiques et socioéconomiques qui en affectent l’occurrence et la qualité nutritionnelle. Pour les chercheurs, connaitre les disparités sociales associées au snacking pourrait aider les politiques publiques à conseil- ler des snacks plus sains aux populations les plus à risque de surpoids.
C. Costa « © Société Française de Nutrition. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés ».
Manger en dehors des repas, portrait des adeptes du snacking. 28 novembre 2018. Sources : Wendy Si Hassen, et al. Socio-economic and demographic factors associated with snacking behavior in a large sample of French adults. International Jour- nal of Behavioral Nutrition and Physical Activity (2018) 15:25 https://doi.org/10,1186/s12966-018-0655-7 et Wendy Si Hassen, et al. Energy, nutrient and food content of snacks in French adults. Nutr J (2018) 17:33 https://doi.org/10,1186/s12937-018-0336-z.
Date de publication : 29/04/2019
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