Santé Publique France a fait le point sur l’efficacité des interventions contre la sédentarité liée au travail de bureau. L’analyse s’est aussi intéressée à l’impact de ces interventions sur la santé des travailleurs et leur productivité.
La sédentarité des professionnels travaillant dans un bureau est un enjeu de santé publique majeur. Être assis pendant des périodes prolongées et ininterrompues comporte des risques pour la santé comme une augmentation du risque de la mortalité, des maladies cardiovasculaires, du diabète de type 2, des cancers du côlon, du poumon et de l’endomètre. Elle pourrait aussi augmenter la dépression et l’anxiété. Les personnes qui restent assises plus de 9 heures par jour et qui pratiquent le moins d’activité physique d’intensité modérée présentent le risque de mortalité le plus élevé.
Trois stratégies identifiées
Parmi les interventions visant à réduire la sédentarité, trois types de stratégies ont été identifiées dans le cadre du travail de bureau : (1) un changement de la politique de l’entreprise avec changements organisationnels, soutien managérial, managers ambassadeurs, mise en place de réunions debout, d’heures de pauses actives, etc. ; (2) un changement de l’environnement de l’entreprise avec par exemple l’accès à du mobilier actif ; (3) des stratégies reposant sur l’information et la motivation des individus avec alertes SMS, entretiens motivationnels, suivis de comportement, etc.
Le mobilier actif est le plus efficace sur la sédentarité
La mise en place de mobilier actif et en particulier le bureau assis-debout est la stratégie la plus efficace par rapport aux autres puisqu’elle favorise la liberté de mouvement. Comparé à l’utilisation d’un bureau classique, un bureau assis-debout peut diminuer le temps passé assis jusqu’à 3 h 36 par jour et augmenter le temps passé debout jusqu’à 3 h 06 par jour. Et cette stratégie ne réduit pas la productivité ni la performance des travailleurs. Les postes avec pédalage augmentent même la mémoire à court terme ainsi que l’attention. Les postes de travail sur tapis roulant peuvent, en revanche, réduire la performance des tâches motrices exécutives comme la frappe ou le pointage de la souris. Marcher sur tapis roulant demande probablement plus d’attention que de pédaler à son rythme.
Les incitations à bouger fonctionnent
Les stratégies reposant sur l’information et la motivation des individus ont une efficacité variable selon la durée de l’intervention. La simple fourniture d’information n’a pas prouvé son efficacité sur la réduction du temps passé assis mais les incitations par message à se lever ont été efficaces, non à court terme mais après plusieurs mois d’intervention, suggérant une augmentation de leurs effets en fonction de leur durée de mise en place.
Des effets sur la santé cardiométabolique
Les interventions, toutes stratégies confondues, améliorent les marqueurs du risque cardiométabolique : réduction de la pression artérielle, amélioration de la glycémie, baisse du cholestérol LDL, augmentation du cholestérol HDL, amélioration de la composition corporelle et de l’IMC. Dans le cas des bureaux assis-debout, les résultats sur la santé cardiométabolique ne sont pas homogènes et les améliorations restent modestes. Les bureaux assis-debout ont aussi des effets limités sur les biomarqueurs du métabolisme : glycémie, triglycéridémie, insulinémie ou cholestérolémie et pas d’effet significatif sur l’obésité. Mais ces bureaux pourraient être un moyen efficace pour lutter contre la lombalgie. Lorsqu’il s’agit de bureaux sur tapis roulant ou avec pédalage, les effets sur la fréquence cardiaque et la dépense énergétique sont plus importants que ceux des bureaux assis-debout.
Des techniques de changement de comportement à privilégier
Les techniques de changement de comportement les plus efficaces étaient :
- d’inciter la personne à porter attention au comportement d’autrui et à faire la comparaison avec son propre comportement ;
- de l’inciter à analyser les facteurs de sa sédentarité et les freins à l’adoption du comportement souhaité ;
- de montrer comment pratiquer le comportement directement avec un intervenant sur place ou via des vidéos ou des photos explicatives ;
- de fixer des objectifs comportementaux ;
- d’inciter au remplacement du comportement habituel par le comportement souhaité ;
- d’inciter à adopter un comportement précis dans un contexte précis.
D’autres études préconisaient la restructuration de l’environnement social ou physique et l’ajout d’objets dans l’environnement (ex. afficher sur son ordinateur un post-it rappelant de se lever et marcher au moins toutes les deux heures).
Image
L’ANSES alerte sur l’impact santé de l’inactivité et de la sédentarité |
Et pourquoi pas les nudges ?
Des nudges étaient parfois utilisés dans les interventions comme :
- l’amorçage du comportement pour inciter à interrompre la position assise (courriels, alertes, vibrations tactiles de fauteuils ou montres...) ;
- la technique de messager (envoi de courriel avec astuces pour moins s’asseoir) ;
- attirer l’attention sur des comportements pertinents comme alternative à la position assise.
Leur efficacité reste cependant à démontrer.
Santé Publique France a prévu d’éditer un document compilant les interventions les plus efficaces, à destination des employeurs et qui sera diffusé via la plateforme employeurspourlasante.fr.
Source : Sédentarité au travail : des interventions efficaces existent pour améliorer la santé des salariés. Santé Publique France https://www.santepubliquefrance.fr/les-actualites/2023/sedentarite-au-travail-des-interventions-efficaces-existent-pour-ameliorer-la-sante-des-salaries
C. Costa © Société Française de Nutrition. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Date de publication : 06/12/2023
Pour vous abonner et retrouver tous les articles des Cahiers de Nutrition et de Diététique, cliquez ici |