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Au-delà des ajustements liés au contexte actuel d’inflation, la recherche de sens s’invite dans les achats des français.    

Parmi les grandes incertitudes qui planent sur le monde, figure celle sur nos futures consommations. Pascale Hebel a fait le bilan des évolutions majeures de nos consommations de ces 20 dernières années et présente les stratégies adoptées par les Français au fil des crises et pour faire face à l’inflation actuelle, dans le premier cahier des rencontres économiques d’Aix-en-Provence de 2023. 

Des dépenses contraintes en hausse 

En 20 ans, la progression des préoccupations écologiques, le développement du numérique et l’émergence de nouveaux courants sociologiques ont modifié nos modes de consommation déjà bien impactés par les dépenses contraintes (logement, transport, etc.). Parallèlement, la progression du niveau de vie a ralenti (+0,4 %/an) avec une quasi- stagnation ces 15 dernières années. En cause, la crise économique des subprimes (2008) et celle de la dette souveraine de 2010 qui a duré 10 ans et a exercé une pression financière importante sur les consommateurs. Aujourd’hui encore, sept français sur dix déclarent s’imposer régulièrement des restrictions budgétaires. La pression financière est d’autant plus forte que les revenus sont bas et que les sujets sont jeunes. Et cette pression est d’autant plus forte que le poids des dépenses contraintes ne cesse d’augmenter comme le coût du logement. Notons que la France fait partie des pays européens qui a le poids du logement le plus important. Un sentiment de déclassement social est perçu par 56 % des français. 

Retour des stratégies de consommation de 2008  

Pour s’adapter aux contraintes, les français développent des stratégies de consommation. Les arbitrages réalisés portent sur l’alimentation à domicile : les jeunes générations y consacrent moins de 8 % de leur budget alors que leurs grands-parents y dédiaient 20 %. Les français semblent adopter les mêmes stratégies que celles mises en place par les jeunes générations et foyers modestes durant la crise de 2008 : achats de produits de seconde main, covoiturage, location entre particuliers. Des stratégies suivies par les catégories sociales supérieures, motivée également par le concept de consommation collaborative pour créer du lien social et répondre à des attentes écologiques. De fait, en 2022, 54 % des français ont vendu un produit d’occasion sur internet et 52 % en ont fait l’achat. Quant au covoiturage et à la location de logement entre particuliers, ils connaissent une progression remarquable. 

Une nouvelle sobriété choisie 

Parallèlement, les préoccupations environnementales et de santé se traduisent dans les classes supérieures par de nouvelles stratégies

  • une volonté de moins consommer avec pour objectifs d’éviter le gaspillage, de consommer des produits plus robustes, de réduire les achats au strict nécessaire, de louer et d’échanger des produits et des services plutôt que de les acheter ; 
  • la résolution de mieux consommer en s’orientant vers des produits bio, des aliments « sans » (sans additifs, sans colorant, sans viande, sans lactose, sans gluten. . .), une préférence pour des équipements moins énergivores, moins consommateurs de matières, moins polluants, davantage recyclables, fabriqués localement pour réduire l’impact environnemental du transport et préserver des emplois locaux. 

L’inflation à juguler 

Dans le contexte actuel de forte hausse de l’inflation, les consommateurs de la classe moyenne inférieure adoptent des attitudes et des comportements complémentaires : limiter le gaspillage alimentaire (37 % des français) en apportant leur repas sur leur lieu de travail (74 % des actifs en 2022 contre 53 % en 2018), acheter à bas prix les invendus de la journée, faire ses achats dans les hard-discount (Lidl a gagné 0,3 point de parts de marché en 2022). Ces stratégies devraient se poursuivre dans les mois à venir selon Pascale Hébel, qui prévoit que les foyers les plus modestes supprimeront, comme en 2008, les produits les plus superflus, les prises hors repas et les petits-déjeuners. Les diminutions des consommations de viande y compris la volaille vont s’accélérer avec les hausses de prix à venir sur ces produits, faisant plus de place aux produits végétaux dans les régimes alimentaires. Le fait maison et la consommation de conserves pourraient augmenter. La baisse du pouvoir d’achat se répercutera sur l’achat de biens durables (auto- mobiles, équipements du foyer. . .), sur les sorties dans les restaurants, les loisirs et les départs en vacances. 
 
Pascale Hebel conclut qu’au-delà des ajustements liés au contexte actuel, la recherche de sens dans la consommation est de plus en plus présente et que c’est l’un des changements majeurs de ces dernières années. 

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Source : les cahiers des rencontres économiques d’Aix- en-Provence. 9 mars 2023. https://lecercledeseconomistes. fr/dissiper-les-incertitudes/. 
C. Costa « © Société Française de Nutrition. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés » 

Date de publication : 31/07/2023

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