Evolutions alimentation mondiale

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Deux tendances semblent universelles : le désir d’aliments prêts à l’emploi et la demande de technologies.

Fabrice Etilé se base sur les données de la FAO sur la transition nutritionnelle mondiale et qui révèlent une baisse de la part des glucides complexes dans l’alimentation tandis que les parts des sucres, des graisses, des protéines animales et des calories augmentent avec le temps quels que soient les niveaux de revenus des pays. Il constate que les pays à revenus moyens ont rattrapé les pays à revenus élevés en termes d’offre de calories. Cependant, dans les pays à revenus élevés, les parts des glucides lents, celle des graisses et celle des protéines végétales restent constantes avec les années, tandis que dans les pays à revenus moyens, on observe une forte hausse des apports en sucres et en graisses. Les pays à revenus à faible et ceux à revenus bas à intermédiaires suivent la tendance mais très timidement.

L’analyse de produits de consommation caractéristiques de la transition nutritionnelle révèle que la consommation d’aliments ultra-transformés et de boissons sucrées diffuse aussi dans les pays à revenus faibles et intermédiaires. Les produits stars en termes de taux de croissance des ventes sont caractéristiques des pays considérés et de leur avancement dans la transition nutritionnelle. Les pays en début de transition alimentaire achètent davantage de snacks sucrés et aliments plaisir tandis que les pays plus avancés achètent davantage des aliments à intégrer au repas (pâtes, pomme de terre transformées. . .). Les convergences des pratiques alimentaires observées sont dues au coût d’opportunité du temps (gain de temps), aux coûts de production (économies d’échelle), à des phénomènes de globalisation sociale (qui guident les préférences) et à la diffusion des innovations technologiques. Le coût d’opportunité du temps est très lié à l’arbitrage entre le travail salarié et le temps consacré au domestique (cuisine). Cet arbitrage dépend de la rémunération horaire d’un travail salarié, de l’équipement domestique, du plaisir de cuisiner. La participation des femmes au marché du travail a réduit le temps consacré à la cuisine.

L’analyse de la diffusion internationale des innovations alimentaires révèle un grand nombre d’innovations dans le domaine des produits ultra-transformés quel que soit le niveau de revenu des pays, et une très forte association avec les apports en sucres. Face à des tendances structurelles lourdes, on note une convergence des préoccupations et des politiques de santé publique (étiquetage nutritionnel, taxe sodas, etc.) y compris dans les pays à revenus intermédiaires (Mexique, Chili, Afrique du Sud) mais avec des impacts mitigés selon les pays considérés. Il existe aussi des convergences en termes d’articulation environnement/santé et notamment autour de la réduction de la consommation de viande.

Fabrice Etilé conclut que les mécanismes structurels sous-tendant la transition alimentaire sont universels (technologie, coût d’opportunité de temps, déplacement des normes) tirés par la demande légitime de technologie et d’alimentation transformée/prête à l’emploi.

Source : Fabrice Etilé - Journées Francophones de Nutrition 16- 18 novembre 2022, Toulouse. https://www.lesjfn.fr