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 À la suite de la communication d’Anais Briot, David Jacobi est intervenu également sur le jeûne intermittent lors de la Journée Annuelle Benjamin Delessert. Il précise que l’alternance des périodes de prise alimentaire sans restriction avec des périodes de jeûne doit s’accompagner d’une alimentation saine mais n’interdisant aucun aliment spécifique.

Différents jeûnes à ne pas amalgamer

Les formes les plus courantes sont le jeûne alterné un jour sur deux (autorisant parfois à consommer 500 kcal pendant les jours de jeûne), le régime 5:2 qui consiste à manger normalement cinq jours par semaine et à limiter l’apport calorique à environ 500—600 kcal pendant deux jours par semaine, ou encore l’alimentation qui réduit la « fenêtre alimentaire » quotidienne, c’est-à-dire, la durée pendant laquelle on peut placer les repas habituels. Par exemple, dans le cas du jeune intermittent 16:8, les repas habituels peuvent être pris entre 8 h du matin et 16 h puis suit un jeûne d’une durée de 16 h. Dans le jeune intermittent, on ne jeûne jamais plus de 24 h. L’objectif est de faire basculer le métabolisme du glucose dérivé du foie vers les corps cétoniques dérivés des cellules adipeuses.

L’alimentation limitée dans le temps

Au-delà de la popularité croissance de ces jeunes intermittents, les données récentes suggèrent bien leur intérêt. David Jacobi rappelle qu’il n’est pas question de restriction calorique. Et pourtant, ce jeune intermittent peut avoir un effet sur le poids et sur les paramètres métaboliques comme le montrent deux études. La première note que limiter l’alimentation sur 10 à 12 h maximum par 24 h occasionne après 16 semaines une perte de poids et qui se maintient pendant au moins 1 an. La seconde étude (alimentation limitée à 10 h par 24 h) note après 14 semaines une amélioration des paramètres liés au syndrome métabolique (poids, pression artérielle, triglycérides. . .). D’autres études imposant un temps limité pour se nourrir (entre 8 h du matin et 14 h) ainsi qu’une alimentation équilibrée notent : une amélioration du profil métabolique (insulinorésistance, etc.), une absence de faim et une meilleure sensation de plénitude gastrique en fin de journée. Des données rapportent également une bonne flexibilité de l’organisme pour utiliser les substrats. Dans le cas particulier des sujets soumis à un entraînement en résistance, 8 semaines de cette alimentation limitée dans le temps (possible de 8 h du matin à 16 h) permettent même une diminution de la masse grasse.

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Un jeûne intermittent parfois difficile à suivre pour certains

Le jeune intermittent n’est cependant pas à recommander à tous. Des études testant le jeune alterné (un jour sur deux ; ou régime 5:2) ou un jeune intermittent avec une fenêtre d’alimentation très limitée (moins de 8 h) rapportent une difficulté à suivre ces jeûnes par les sujets en surpoids ou obèses. Elles n’occasionnent pas d’avantage de perte de poids, de changement de tour de taille ou de composition corporelle qu’une restriction calorique standard. Il est possible que ces types de jeûne aggravent aussi des troubles du comportement alimentaire pré-existants.

Un bilan plutôt favorable à l’alimentation limitée dans le temps

David Jacobi conclut que de nombreuses données sont favorables à l’alimentation limitée dans le temps comme l’efficacité sur les paramètres métaboliques, la simplicité des consignes, l’absence de restriction calorique, l’amélioration de la flexibilité métabolique. En revanche, certains protocoles comme le jeune alterné et le régime 5 :2 semblent inefficaces. Probablement parce qu’ils désynchronisent le rythme circadien. Ils ont aussi des effets incertains sur le poids, sont socialement difficiles à suivre, ont des effets secondaires désagréables (mauvaise humeur, constipation, léthargie...) et risquent d’aggraver des troubles du comportement alimentaire pré-existants.
Avant de se lancer dans un jeune intermittent, David Jacobi conseille de préciser les objectifs (perte de poids ou santé), de choisir les bons marqueurs de suivi, d’individualiser les conseils, et de persister dans le temps tout en testant pas à pas (réduire progressivement la fenêtre alimentaire). Il rappelle enfin que l’alimentation limitée dans le temps est encore l’intervention la moins coûteuse à mettre en place et celle n’occasionnant pas de risque important.

Source : JABD — David Jacobi — Pour ou contre le jeûne intermittent chez l’Homme ? 4 février 2022  www.institut-benjamin-delessert.net.

« © Société Française de Nutrition. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés ».

Date de publication  09.06.2022

  

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