L’EFSA vient d’adopter un avis favorable à l’utilisation alimentaire de larves de ténébrion meunier (ou vers de farine) entières ou sous forme de farine. Cet avis fait suite à la demande de la société de biotechnologie française, Agronutris, spécialisée dans l’élevage et la transformation d’insectes en protéines pour l’alimentation animale (aqua- culture et Petfood).
Une source protéique intéressante et durable
De fait, la larve de ténébrion est une source protéique très intéressante. Après transformation, un taux de protéines de 60 % est extrait de ces larves. La teneur en tous les acides aminés individuels est plus élevée dans ces larves que dans le poisson, la levure de bière, le bœuf/veau et les crustacés, à l’exception de la lysine, qui est légèrement plus élevée dans la levure de bière. La digestibilité des protéines brutes varie de 66 à 90 % selon les données de la littérature et resterait donc inférieure à celle de la viande qui est de 95 à 97 %. Mais ceci doit être confirmé par une étude avec les larves d’Agronutris. Par ailleurs, les larves sont aussi une source intéressante d’acides gras monoinsaturés (12 g/100 g) et polyinsaturés (7 g/100 g).
Du point de vue de la durabilité, cette ressource alimentaire présente aussi un intérêt : 1,5 kg de substrats (déchets agro-industriels) suffisent pour obtenir un gain de masse d’1 kg de larves (contre 2,1 kg pour 1 kg de volaille, 2,5 kg pour 1 kg de porc et 11 kg pour 1 kg de bovin) et leur cycle de croissance totale est particulièrement rapide (15 jours).
Un risque d’allergie à surveiller
Les traces de métaux lourds et les taux de mycotoxines et de bactéries sont inférieurs aux normes recommandées et ce produit ne présente pas de toxicité particulière identifiée. En revanche, un risque d’allergie est possible notamment chez les sujets allergiques aux crustacés et acariens. La chitine, qui compose la carapace des crustacés est aussi présente dans l’exosquelette des insectes (6 à 7 g/100 g de poudre d’insecte).
Des apports maximaux fixés
Cette nouvelle source alimentaire est proposée pour l’ensemble de la population, sous des formes variées : en- cas (en particulier pour les larves entières), produits à forte teneur protéique pour les sportifs, ingrédient de biscuits et de produits à base de légumes ou de pâtes. Les apports maximaux estimés dans le cas de l’utilisation des farines d’insectes en tant qu’ingrédient sont fixés à 768 mg de farine d’insecte/kg de poids corporel/jour pour les enfants de 3 à 10 ans et 203,4 mg/kg/jour pour les adultes.
La consommation des larves de ténébrion meunier par l’homme a été rapportée en Thaïlande, en Chine et au Mexique. Ces larves font partie des espèces d’insectes autorisées à être consommées comme aliments en Corée. De plus, en Australie et en Nouvelle-Zélande, elles sont considérées comme des aliments non traditionnels et non nouveaux. Enfin, elles sont déjà commercialisées en Suisse depuis 2017. L’Union européenne devrait voir arriver ces larves sur son marché avant la fin de l’année.
C. Costa « © Société Française de Nutrition. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés ».
Commission. Safety of dried yellow mealworm (Tenebrio molitor larva) as a novel food pursuant to Regulation (EU) 2015/2283. Scientific Opinion. EFSA Journal.
doi: 10.2903/j.efsa.2021.6343
https://efsa.onlinelibrary.wiley.com/doi/epdf/10.2903/j. efsa.2021.6343
Date de publication 30/09/2021
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