Après plusieurs versions du PNNS, de nouvelles recommandations nutritionnelles viennent d’être publiées. Pour la première fois, elles ont été préalablement testées auprès d’échantillons de la population pour s’assurer de leur compréhension et adapter les formulations.
Depuis la création des premiers repères nutritionnels du PNNS en 2001, les connaissances scientifiques sur les liens entre l’alimentation et la santé et sur ceux entre l’activité physique, la sédentarité et la santé, ont beaucoup évolué. Pour prendre en compte ces nouvelles connaissances, Santé Publique France s’est appuyé sur les avis récents de l’Anses et du HCSP, sur un groupe d’experts avec des compétences en épidémiologie, prévention, promotion de la santé, communication, littéraire et des professionnels « de terrain » et sur une démarche « démocratique ».
Les nouvelles recommandations intègrent ainsi la question du développement durable (producteurs locaux, aliments de saisons, bio), le Nutri-Score et sépare les recommandations sur l’activité physique de celles sur la sédentarité (« temps passé assis »). De même, la viande et la charcuterie font l’objet de recommandations séparées et calibrées. Les légumes secs et les produits céréaliers complets et peu raffinés font l’objet de recommandations spécifiques. Les fruits à coque non salés font désormais l’objet d’une recommandation, compte tenu de leurs intérêts nutritionnels.
Pour la première fois les formulations des recommandations ont été testées, avant d’être publiées, auprès du public à l’aide de deux études qualitatives suivies d’une étude quantitative. Des entretiens auprès de plusieurs échantillons de population âgée de 18 à 64 ans de différentes catégories sociales (1000 à 2000 sujets), mais visant en particulier les catégories modestes, ont été réalisés et l’avis de profession- nels de la santé et du système social a été recueilli.
Les données des études qualitatives et quantitatives méritent d’être évoquées. Elles rapportent un accueil très favorable d’une formulation à deux niveaux — simplifié et détaillé — jugés complémentaires. Les recommandations simplifiées ont été considérées comme claires, attei- gnables, bienveillantes et non culpabilisantes. Une attente d’illustrations représentant davantage le plaisir de manger a été identifiée.
Si la plupart des messages étaient connus, certains ont créé la surprise : le remplacement de la viande par les légumes secs (par ailleurs peu consommés pour une question de goût essentiellement), la promotion des fruits à coque ou des huiles de colza et de noix, le conseil de limiter les jus de fruits et les produits laitiers. Par ailleurs, une défiance était parfois formulée vis-à-vis des produits Bio. Certains termes, injonctifs, portant un jugement de valeur ou trop vagues ont été modifiés à la demande des participants, préférant :
- « limiter » à « ne pas dépasser », « privilégier » à « préférer »,
- « tous les jours en petites quantités » à « éviter les excès »,
- « consommation raisonnable » à « consommation maîtrisée ». D’autres ont été supprimés car non compris comme
- « produits céréaliers » qui semble renvoyer aux céréales de petit-déjeuner.
Les études montrent aussi que l’intégration d’un élément expliquant ou justifiant le conseil alimentaire dans le message permet d’augmenter le niveau d’adhésion des personnes interrogées, surtout chez les personnes de caté- gorie modeste. La précision « par exemple trois portions de légumes et deux de fruits », a notamment été bien accueillie. La recommandation « Si vous pouvez, privilé- giez les fruits et légumes bio » est jugée acceptable mais sera probablement peu suivie à cause du prix considéré comme élevé de ce type d’aliments et de la défiance vis- à-vis de ce mode de culture. Les légumes secs semblent intéresser la population car riches en fibres et surtout peu chers. Mais l’idée qu’ils puissent remplacer la viande surprend et n’est pas un élément de motivation à leur consommation. La notion d’aliments peu transformés suscite des interrogations et est difficile à se représenter contrairement à ce qu’évoque un aliment ultra-transformé. Enfin, le terme « recommandations alimentaires » paraît plus approprié et plus explicite pour désigner les « repères nutritionnels du PNNS ».
Les recommandations ont donc été ajustées selon les résultats de ces études avec le comité d’experts et Santé publique France a consulté l’Anses et le HCSP afin de s’assurer de la concordance de ses travaux de formulation avec les fondements scientifiques élaborés par ces deux instances.
Au final, les nouvelles recommandations combinent la simplicité pour le plus grand nombre et la précision pour ceux qui souhaitent aller plus loin. La formule simplifiée conseille :
- d’augmenter la consommation des fruits et légumes, des légumes secs (lentilles, haricots, pois chiches, etc), des fruits à coque (noix, noisettes, amandes et pistaches non salées, etc.), du fait maison et d’augmenter l’activité physique ;
- d’aller vers la consommation de pain complet ou aux céréales, de pâtes et de riz complets, de semoule complète, une consommation de poissons gras et de poissons maigres en alternance, d’huile de colza, de noix et d’olive, une consommation de produits laitiers suffisante mais limitée, les aliments de saison et les aliments produits localement, et si possible les aliments bio ;
- de réduire l’alcool, les produits sucrés et les boissons sucrées, les produits salés, la charcuterie, la viande (porc, bœuf, veau, mouton, agneau, abats), les produits avec un Nutri-Score D et E et le temps passé assis.
Les recommandations détaillées précisent les portions, la fréquence, les combinaisons ou accompagnements possibles (céréales/légumineuses), conseillent de privilégier le bio et le complet, informent sur le type de produit (gras/maigre), la source (huile de colza, noix, olive) et donnent quelques idées d’activités physiques à réaliser.
C. Costa « © Société Française de Nutrition. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés ».
Recommandations sur l’alimentation, l’activité physique & la sédentarité pour les adultes. Santé Publique France. Janvier 2019. http://www.santepubliquefrance.fr/
Date de publication : 21/05/2019
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