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Pour le savoir, deux fiches éditées par l’Académie d’agriculture font le point sur la définition du gaspillage alimentaire, ses chiffres et les actions de lutte recensées en France. 

L’Académie d’agriculture de France a édité deux fiches sur le gaspillage alimentaire, faisant le point sur sa définition, ses chiffres, les actions de lutte contre le gaspillage alimentaire recensées en France et les perspectives possibles. 
On y apprend que les estimations des pertes et gaspillages alimentaires reposent sur l’extrapolation de données anciennes et provenant d’un petit nombre de pays. Les publications sur le sujet sont nombreuses et malgré des tentatives d’harmonisation des données, des écarts d’évaluation très importants sont notés. Ces écarts sont liés à une grande hétérogénéité des modes de calcul et à une confusion entre pertes et gaspillage. 

Différencier les pertes du gaspillage 

Dans la majorité des rapports, les pertes alimentaires (food losses) sont les denrées destinées à la consommation humaine qui sont perdues entre la récolte ou l’abattage des animaux et la livraison des produits chez les distributeurs. Quant aux gaspillages (food wastes), il s’agit de pertes au cours des étapes de distribution et de consommation, hors foyer et à domicile. Des champs d’observation différents, qui se recoupent en partie mais qui n’empêchent pas les deux notions d’être souvent utilisées l’une pour (ou avec) l’autre. 

Intégrer le non comestible ou pas ? 

Il existe d’importantes différences dans la qualification des produits considérés comme perdus ou gaspillés, notamment la prise en compte ou non des parties non comestibles (os, coquilles d’œuf, arêtes de poisson, etc.) ou encore des parties destinées initialement à l’alimentation humaine mais servant finalement à nourrir les animaux. Les organismes qui produisent les rapports sur le sujet (FAO, Ademe, Uni- ted Nations Environment Programme — UNEP, Inrae, Bio intelligence service, etc.) ont bien souvent des qualifications différentes. L’Ademe (2016) exclut de ses calculs ce qui n’est pas comestible par l’homme ou non destiné à l’alimentation humaine tandis que l’UNEP (2021) inclut les parties non comestibles dans le gaspillage alimentaire.  

Un gaspillage plus proche de 15 % que de 30 % 

En 2011, l’étude SIK commandée par la FAO estime qu’un tiers des parties comestibles des aliments produits pour la consommation humaine serait perdu ou gaspillé dans le monde. La FAO, dans une nouvelle publication en 2019, estime les « pertes » à 14 % sans prendre en compte les parties non comestibles, au lieu de 21,6 % en 2013. Selon l’UNEP (2021), le gaspillage (de la distribution aux esto- macs), incluant les parties non comestibles, atteint 18 % de la production mondiale (11,3 % en 2013 selon la FAO). 
En Europe, selon un rapport de FUSIONS (2016) à la CEE, les pertes et gaspillages représentent 20 % des denrées produites en y incluant les produits non comestibles, soit 170 kg/habitant/an. 
En France, il ressort d’un travail interdisciplinaire de l’Inrae que les pertes sont de 5—10 % entre la récolte et la transformation incluse : 3 % pour les céréales, 12 % pour les fruits et légumes (en incluant également la distribution), 4 à 5 % pour le lait et les œufs, 5 à 8 % pour la viande. L’Ademe (2016) aboutit à des chiffres similaires, et estime le total des pertes et gaspillages à 17,8 % ; en pourcentage des tonnes disponibles à chaque étape de la chaîne alimen- taire, les pertes sont de 4,0 % pour la production, 4,5 % pour la transformation, 3,3 % pour la distribution et 7,3 % pour la consommation. 
Pour l’auteur de ces fiches, si l’on se réfère aux données sur l’Europe et la France, la somme des pertes et gaspillages dans le monde est peut-être plus proche du quart (voire moins) que du tiers de la production des denrées alimen- taires, à la condition d’exclure les parties non comestibles et les déchets utilisés pour nourrir des animaux (cela reste à vérifier). 

La lutte contre le gaspillage est lancée 

Le  gouvernement  français  envisage  de  réduire  les  pertes et gaspillages de 50 % dès 2025 pour la distribution et la restauration collective, et en 2030 pour la production, la transformation et la consommation. Les actions reposent sur une succession de lois après qu’un pacte national de lutte contre le gaspillage alimentaire ait été signé en 2013, à l’initiative du ministère de l’Agriculture, puis reconduit sur la période 2017—2020. L’impact global et chiffré de cette politique n’est pas encore connu mais on imagine assez bien que la multiplicité des « lieux et moments de pertes » et la faible contribution de chacun des acteurs de la chaîne ali- mentaire à la totalité des pertes et gaspillages risquent de compliquer l’obtention des résultats espérés. 
 

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Source : fiche de l’Académie d’agriculture de France : le gaspillage, de quoi parle-t-on ? Quelles actions recen- sées en 2023 ? Pierre Feillet. https://www.academie- agriculture.fr/mots-clefs-encyclopedie/gaspillages- alimentaires. 

C. Costa « © Société Française de Nutrition. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés » 

Date de publication : 31/07/2023

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