Une étude menée en France a mis en évidence une spécificité nationale. En effet, les Français associent, de façon consciente ou non, la nourriture « saine » à une nourriture « savoureuse », contrairement aux Américains pour qui nourriture « savoureuse » est associée à une nourriture « mauvaise pour la santé ».
Aux États-Unis, plusieurs études ont montré que les consommateurs associaient la nourriture « mauvaise pour la santé » à de la nourriture « savoureuse ». Etant données les différences culturelles existant entre la France et les États-Unis, une équipe de chercheurs a voulu savoir si une telle perception était également présente dans l’esprit des consommateurs français.
L’article présente les résultats de deux études réalisées sur des populations d’étudiants de poids normal ou en surpoids (IMC > 18,5 kg/m²). Un test préliminaire ayant permis de montrer que pour les Français la nourriture « non saine » était définie par les aliments « gras » et « caloriques ».
Dans la première étude, 94 étudiants ont été soumis à un test d’association implicite, permettant de mesurer les associations mentales réalisées spontanément entre les caractères « sain » et « savoureux » des aliments. Cette étude a ainsi permis de déterminer que les Français associent préférentiellement nourriture « saine » et « savoureuse » plutôt que nourriture « non saine et « savoureuse ». Les auteurs ont également constaté que cette perception était bien moins forte chez les personnes ayant un score élevé sur l’échelle de restriction alimentaire (restriction calorique/régime). Selon les auteurs de l’étude, les régimes chroniques et la culpabilité associée à la prise alimentaire pourraient ainsi expliquer les différences de résultats entre Français et Américains.
Une deuxième étude, à laquelle 111 étudiants ont participé, a ensuite cherché à vérifier si la spécificité française d’associer nourriture « saine » à nourriture « savoureuse » pouvait influencer la perception du goût et les quantités consommées d’un produit neutre (produit ayant obtenu un score moyen sur 2 échelles à 7 points évaluant le caractère « sain » et le caractère « savoureux » de différents aliments). Les résultats de cette étude démontrent qu’en attribuant un caractère « sain » à un produit neutre, la perception de son goût est en effet modifiée. Ce dernier étant considéré comme plus savoureux, de meilleure qualité et créant plus de plaisir que s’il est décrit comme mauvais pour la santé. On note cependant que la quantité de produit ingérée est indépendante des propriétés nutritives qui lui sont associées.
Ce qu’il faut retenir
Contrairement aux consommateurs américains, les Français semblent associer, de façon consciente ou non, les notions de « sain » et de « savoureux ». Cette association est toutefois moins forte chez les personnes ayant subit des restrictions alimentaires ou des régimes chroniques, rapprochant ainsi leurs résultats de ceux obtenus aux Etats-Unis.
Werle OC et al. Unhealthy food is not tastier for everybody: The « healthy = tasty » French intuition. Food Qual Prefer 2013; 28:116-121.
Date de publication: 15/01/2013