Dans quelle mesure la quantité de nourriture présentée dans une assiette peut-elle influencer la quantité effectivement consommée? Cette publication explore l’effet de la variation de la taille des portions sur les intentions de consommation.
Cette publication rassemble 3 études. Dans les deux premières, les participants, exclusivement masculins, complétaient un questionnaire en ligne dans lequel ils découvraient des photographies d’un plat. La photographie représentait soit une grande portion soit une portion de taille moyenne, selon les groupes. Les plats étaient des spaghettis à la bolognaise dans l’étude 1 (portion moyenne : 470 Kcal, grande portion : 705 Kcal) et un curry de poulet accompagné de riz dans l’étude 2 (portion moyenne : 740 Kcal, grande portion : 1110 Kcal). Dans le questionnaire, les participants devaient notamment s’imaginer au restaurant et indiquer quelle quantité de la portion qui leur avait été présentée en photographie, ils auraient eu l’intention de consommer. Dans la 3ème étude, les participants (hommes et femmes) se voyaient servir une portion de crème glacée de taille moyenne (62 Kcal) ou grande (145 Kcal). Ils devaient indiquer quelle quantité ils pensaient en consommer, puis ont pu en manger sans restriction sur la quantité.
Dans la première étude, les participants du groupe « grande portion » (n=60) déclaraient avoir l’intention de manger 84,0% de leur plat et ceux du groupe « portion moyenne » (n=64) 82,7%, soit un nombre de calories significativement plus élevé (p<0,001) dans le groupe « grande portion » avec 592,1 Kcal vs 389,1 Kcal. A la question « une portion standard de spaghetti a-t-elle la même taille que celle présentée dans cette photographie ? », les participants des deux groupes ont mis la même note en moyenne (4,4 sur une échelle de 7, allant de « cette portion est beaucoup plus grosse » à « cette portion est beaucoup plus petite »), ce qui laisse suggérer que les participants, quelle que soit la taille de la portion qui leur était présentée, l’évaluaient comme étant à peu près standard.
Dans la deuxième étude, les participants du groupe « grande portion » (n=58) déclaraient avoir l’intention de manger 78,5% de leur plat et ceux du groupe « portion moyenne » 82,3% (n=58) soit un nombre de calories significativement plus élevé (p<0,01) dans le groupe « grande portion » avec 870,9 Kcal vs 608,7 Kcal. A la question « une portion standard de curry de poulet accompagné de riz a-t-elle la même taille que celle présentée dans cette photographie ? » les participants des deux groupes n’ont pas donné de réponse significativement différente : 4,5/7 dans le groupe « portion moyenne » et 4,7/7 dans le groupe « grande portion », ce qui laisse suggérer, comme dans la première étude, que les participants des deux groupes avaient l’impression que la photographie qui leur avait été soumise représentait une portion de taille à peu près standard.
Dans la troisième étude où les participants se voyaient servir des crèmes glacées, les résultats ont été différents entre les hommes et les femmes. Parmi les hommes (n=44), les participants déclaraient avoir l’intention de consommer la majorité de la crème glacée présentée, soit 81,9% (51,1 Kcal) dans le groupe « portion moyenne » et 88,3% (128,5 Kcal) dans l’autre groupe. Les investigateurs ont noté une consommation significativement plus élevée de crème glacée (p<0,001) dans le groupe « grande portion » (111,7 Kcal, 76,8% de la portion) en comparaison au groupe « portion moyenne » (54,8 Kcal, 87,8% de la portion).
Contrairement aux hommes, les participantes (n=44) ont eu des déclarations significativement différentes (p=0,009) sur les quantités de crème glacée qu’elles avaient l’intention de consommer : 50,4% (73,2 Kcal) dans le groupe « grande portion » et 77,6% (48,5 Kcal) dans le groupe « portion moyenne ». Il n’y a pas eu de différence significative sur la quantité de crème glacée réellement consommée en fonction du groupe : les participantes du groupe « grande portion » ayant consommé 59,5 Kcal (41,0% de leur crème glacée) vs soit 50,5 Kcal (80,9% de leur crème glacée) dans l’autre groupe.
Ce qu’il faut retenir
Dans les deux premières études, quelle que soit la taille de la portion, les participants, exclusivement masculins, déclaraient avoir l’intention de consommer la quasi-totalité des plats présentés, révélant une différence significative en termes de calories selon la taille de la portion présentée. Cet effet a également été observé dans la 3ème étude, et les participants masculins ont consommé significativement plus de crème glacée si on leur présentait une grande portion. Cet effet n’a pas été observé chez les femmes.
Cette étude suggère qu’en pratique, des plats présentés en grande portion pourraient être considérés, chez les consommateurs masculins, comme étant d’une taille standard et favoriser une consommation calorique plus importante.
Robinson E et al. Portion size and intended consumption. Evidence for a pre-consumption portion size effect in males? Appetite. 2015 ; 91 : 83-9.
Date de publication : 21/03/2016