Des chercheurs norvégiens ont montré que le risque de maladie cœliaque était lié chez le nourrisson à une introduction du gluten après 6 mois et à un allaitement prolongé au-delà de 12 mois.
La présence de gluten dans l’alimentation est un facteur de risque environnemental bien identifié de la maladie cœliaque. Ce risque pourrait être également lié à d’autres facteurs environnementaux liés à la petite enfance tels que le régime de la mère lors de la grossesse et de l’allaitement, la durée de celui-ci et l’introduction du gluten dans l’alimentation du bébé. L’allaitement a quant à lui montré un effet protecteur.
Une équipe de chercheurs norvégiens a ainsi voulu étudier l’association entre le moment d’introduction du gluten dans l’alimentation, la durée d’allaitement et le risque de maladie cœliaque.
L’étude a été menée auprès d’enfants suivis dans la cohorte The Norwegian Mother and Child Cohort Study (MoBa) de 2008 à 2011, pour lesquels un diagnostic de maladie cœliaque a été établi. Parmi 106 917 naissances, 395 enfants avec une maladie cœliaque ont été identifiés. Après exclusion pour manque d’informations sur le diagnostic, sur l’introduction du gluten à 6 mois et sur les antécédents de maladie cœliaque chez la mère, les questionnaires concernant 324 enfants avec une maladie cœliaque et 81 843 cas contrôles ont été analysés. Les questions concernaient la mère lors de la grossesse (poids, âge lors de la grossesse et type d’accouchement) et l’alimentation du bébé (allaitement et introduction de l’alimentation solide).
Les résultats sont les suivants :
- le gluten a été introduit avant ou à l’âge de 4 mois chez 8,0 % des enfants, à 5 ou 6 mois chez 45,3 %, ou après 6 mois chez 46,6 % d’entre eux ;
- 78,1 % des mères continuent d’allaiter à 6 mois ;
- l’incidence de la maladie cœliaque était de 3,68 /1 000 chez les enfants exposés au gluten entre 5 et 6 mois ; 4,24/1 000 dans le groupe d’introduction précoce (≤ 4 mois), et 4,15/1 000 chez le groupe d’introduction tardive (> 6 mois) ;
- dans le modèle ajusté pour l’âge et le sexe de l’enfant, l’antécédent maternel de maladie cœliaque et l’allaitement, le risque de maladie cœliaque était de :
o OR = 1,27 ; IC 95% [1,01 – 1,65] (p = 0,045) pour le groupe d’introduction tardive ;
o OR = 1,05 ; IC 95% [0,69 – 1,58] (p = 0,89) pour le groupe d’introduction précoce ;
- la durée moyenne d’allaitement était de 10,4 et 9,9 mois respectivement chez les enfants diagnostiqués avec une maladie cœliaque et les cas contrôles ;
- dans le modèle ajusté pour l’âge et le sexe de l’enfant, l’antécédent maternel de maladie cœliaque et l’âge d’exposition au gluten, le risque de maladie cœliaque était associé à la durée d’allaitement : OR = 1,49 ; IC 95% [1,01 – 2,21] (p = 0,046) pour les enfants allaités au-delà de leurs 12 mois, comparé à ceux qui ne le sont plus à 6 mois.
Ce qu’il faut retenir :
Bien que les effets soient modérés, le risque de maladie cœliaque est majoré, selon cette étude, par une introduction tardive du gluten, à savoir après 6 mois, ainsi que par un allaitement maintenu au-delà de l’âge de 12 mois.
Størdal K et al. Early Feeding and Risk of Celiac Disease in a Prospective Birth Cohort. Pediatrics 2013;132(5):e1202-9.
Date de publication : 14/02/14