La croissance est très importante de 0 à 3 ans : le poids du bébé est multiplié par 4, sa taille par 2 et sa masse osseuse par 4.1 Cette croissance et ce développement impliquent donc des besoins nutritionnels particuliers (ANC pour les enfants)2 à respecter durant la diversification alimentaire de l’enfant. Autre aspect qui explique les besoins nutritionnels spécifiques : une maturité physiologique en cours d’acquisition.
Retrouvez notre simulateur de courbe de croissance pour garçon et notre simulateur de courbe de croissance pour fille d’un mois à 36 mois.
Les apports nutritionnels conseillés (ANC) chez les nourrissons et enfants en bas âge de 0 à 3 ans
Apports conseillés en énergie pour les nourrissons et enfants en bas âge 2
Au cours des 12 premiers mois de la vie, la dépense énergétique, exprimée en kg de poids corporel, ne cesse d’augmenter, passant en moyenne de 270 kJ/kg/jour à la naissance à 380 kJ/kg/jour à 12 mois. En revanche, la quantité d’énergie stockée sous forme de protéines et lipides dans les tissus ne cesse de décroître en raison du ralentissement de la croissance (la courbe de croissance est forte mais elle s’infléchit). Elle passe en moyenne de 100 kJ/kg/jour au cours du 1er mois à 8 kJ/kg/jour à 12 mois. En raison de cette évolution inverse, les besoins totaux en énergie au cours de la première année varient peu et sont de l’ordre de 385 kJ/kg/jour.
Apports conseillés en énergie pour les nourrissons au biberon, de la naissance à 1 an (MJ/jour) 2
Âge |
1 |
2 |
3 |
4 |
5 |
6 |
7 |
8 |
9 |
10 |
11 |
12 |
Garçons |
1,6 |
1,9 |
2,3 |
2,4 |
2,5 |
2,7 |
3,0 |
3,1 |
3,3 |
3,7 |
3,8 |
4,0 |
Filles |
1,5 |
1,7 |
2,0 |
2,1 |
2,3 |
2,6 |
2,8 |
2,9 |
3,0 |
3,5 |
3,6 |
3,8 |
Apports conseillés en énergie pour les enfants en bas âge âgés de 1 à 3 ans ayant un niveau d’Activité Physique (NAP) moyen (MJ/jour) 2
Âge (années) |
1 |
2 |
3 |
Garçons |
4,0 |
4,8 |
5,1 |
Filles |
3,8 |
4,4 |
4,8 |
1 MJ = 239 kcal
Apports conseillés en protéines pour les nourrissons et enfants en bas âge 2,3
Chez le nourrisson et enfant en bas âge, les recommandations données sont appelées les « apports de sécurité ». Les apports de sécurité en protéines sont les quantités minimales de protéines permettant de couvrir les besoins de la très grande majorité des nourrissons et enfants en bas âge, sommant les besoins de maintenance et de croissance (c'est-à-dire les besoins en azote et en acides aminés indispensables nécessaires pour permettre l'accroissement programmé de la taille et du poids, sans compromettre l'équilibre du milieu intérieur, ni dépasser les capacités hépatique et rénale d'élimination des déchets).
Apports de sécurité en protéines pour les nourrissons au biberon de la naissance à 3 ans
Âge (mois) |
0-1 |
1-2 |
2-3 |
3-4 |
4-5 |
5-6 |
6-9 |
9-12 |
12-24 |
24-36 |
Apports de sécurité (g/j) |
10,0 |
10,1 |
9,8 |
9,1 |
8,8 |
9,0 |
9,4 |
9,9 |
10,2 |
11,7 |
Apports conseillés en matières grasses totales et en acides gras essentiels 4
Les acides gras essentiels sont nécessaires au développement cérébral et à la maturation des fonctions sensorielles. 2 La part calorique qu’occupent les acides gras totaux dans l’alimentation se différencie avant et après l’âge de 3 ans. Chez le nourrisson et l’enfant en bas âge (de 1 à 3 ans) elles devraient atteindre des valeurs comprises entre 45 et 50 % de l’apport énergétique total. 4 Ce n’est qu’à partir de 3 ans que les apports lipidiques seront progressivement modifiés pour limiter les lipides totaux à 35-40 % de la ration énergétique. 2,4
ANC en AGPI précurseurs et à longue chaîne pour le nouveau-né/nourrisson et l’enfant en bas âge 4
Nouveau-né / nourrisson 0 à 6 mois * |
Nourrissons de 6 mois à 1 an** |
Enfant en bas âge de 1 à 3 ans** |
|
Acide linoléique |
2,7 % de l’AE |
2,7 % de l’AE |
2,7 % de l’AE |
Acide α-linolénique |
0,45 % de l’AE |
0,45 % de l’AE |
0,45 % de l’AE |
Acide arachidonique |
0,5 % des AGT |
- |
- |
Acide docosahexaénoïque |
0,32 % des AGT |
70 mg† |
70 mg† |
EPA+DHA |
EPA < DHA |
- |
- |
* Les valeurs sont exprimées en % de l’apport énergétique (AE) ou en pourcentage des Acides Gras Totaux (AGT) pour une préparation pour nourrisson ou préparation de suite apportant, pour 100 mL reconstitués, 70 kcal et 3,4 g de lipides totaux.
** Les valeurs sont exprimées en % de l’apport énergétique (AE) ou en mg.
† La variabilité de la ration énergétique quotidienne ne permet pas d’exprimer ces ANC en pourcentage de l’énergie.
Les apports nutritionnels conseillés en vitamines, minéraux et oligoéléments 2
Apports nutritionnels conseillés en vitamines chez le nourrisson
Apports nutritionnels conseillés en vitamines chez le nourrisson et l’enfant en bas âge jusqu’à 3 ans 2
|
Nourrissons |
Enfants en bas âge de 1 à 3 ans |
Vitamine A (beurre, fromage, produits laitiers, légumes, fruits)
|
350 μg |
400 μg |
Vitamine D (poisson gras, jaune d’œuf, beurre)
|
20 – 25 μg |
10 μg |
Vitamine E (huiles végétales)
|
4 mg |
6 mg |
Vitamine B1 Vitamine B2 Vitamine B5 Vitamine B6 Vitamine B12 (viandes, poisson, œufs, produits laitiers, pain, céréales, fruits, légumes) |
0,2 mg 0,4 mg 2 mg 0,3 mg 0,5 μg |
0,4 mg 0,8 mg 2,5 mg 0,6 mg 0,8 μg |
Vitamine K (fruits et légumes, produits fermentés)
|
5-10 μg |
15 μg |
Vitamine C (fruits et légumes)
|
50 mg |
60 mg |
La supplémentation en vitamine K chez le nouveau-né
Les nouveau-nés et les jeunes nourrissons sont particulièrement exposés aux risques hémorragiques liés au déficit en vitamine K. Chez le nouveau-né, les réserves hépatiques sont faibles et la production endogène est limitée. 2 Le nourrisson, pendant plusieurs semaines, n’a pas la capacité de synthétiser une quantité suffisante de cette vitamine pour couvrir ses besoins. 5 La quantité de vitamine K1 dans le lait maternel est faible et n’en apporte donc pas assez pour combler cet état de déficit. 2,5
Pour prévenir ce risque hémorragique, il est conseillé d’apporter de la vitamine K1 à tous les nouveau-nés, dès la naissance, sous forme médicamenteuse et donc sur prescription médicale 5 :
- Pendant toute la durée de l’allaitement maternel exclusif (une prise orale par semaine)
- En 2 prises, à la naissance puis entre le 2ème et le 7ème jour, si l’enfant reçoit une préparation pour nourrisson
Les apports nutritionnels conseillés en minéraux 2
Apports nutritionnels conseillés en minéraux chez le nourrisson et l’enfant en bas âge jusqu’à 3 ans (mg/j)
|
0 – 6 mois |
6 – 12 mois |
1 – 3 ans |
Phosphore |
100* |
275* |
360 |
Calcium |
400 |
500 |
500 |
Magnésium |
40 |
75 |
80 |
*Apports adéquats
Apports calciques et supplémentation en vitamine D chez le nourrisson 5
Un squelette de nouveau-né contient 30 g de calcium, alors qu’un squelette d’adulte en contient de 1 000 à 1 200 g. L’organisme humain n’ayant pas la capacité de synthétiser du calcium, il est donc indispensable que le bébé trouve tous les jours dans son alimentation, en quantité suffisante, cet élément minéral. Pour le nourrisson, le lait maternel ou les « préparations pour nourrissons », dans les quantités recommandées, couvrent bien ses besoins. Pour une bonne utilisation du calcium alimentaire, un apport en vitamine D est nécessaire. L’organisme des nourrissons ou enfants en bas âge n’en synthétise pas assez (au niveau cutané) pour couvrir leurs besoins. Un apport exogène est donc nécessaire. Le lait maternel et les « préparations pour nourrissons » et « préparations de suite » contiennent, certes, de la vitamine D, mais en quantité insuffisante pour assurer, pour toute la population de cet âge, une bonne prévention du rachitisme. Un complément médicamenteux en vitamine D, sur prescription médicale, est donc nécessaire, de la naissance à l’âge de 18 mois - 2 ans :
- soit tous les jours
- soit de façon trimestrielle ou semestrielle
Il est aussi recommandé de renouveler cette même prescription à la fin de la période hivernale, pour les enfants de 18 mois - 2 ans jusqu’à 5 ans, remplacée si nécessaire par une dose de charge trimestrielle ou semestrielle. 6,7
Apports conseillés en oligoéléments et supplémentation en fluor 2,5
Apports nutritionnels conseillés en oligoéléments chez l’enfant
|
0 – 6 mois |
7 – 12 mois |
1 – 3 ans |
Fer |
6 – 10 mg |
6 – 10 mg |
7 mg |
Zinc |
5 mg |
5 mg |
6 mg |
Iode |
40 μg |
50 μg |
80 μg |
Cuivre |
0,4 – 0,7 mg |
0,4 – 0,7 mg |
0,8 mg |
Fluor Supplémentation pour une concentration de fluor dans l’eau de boisson < 0,3 mg/L |
0,25 mg* |
0,5 | |
Supplémentation pour une concentration de fluor dans l’eau de boisson entre 0,3 et 0,6 mg/L |
0 |
0,25 |
|
Sélénium |
15 μg |
20 μg |
20 μg |
* de la naissance à 2 ans
Depuis 2008, l’AFSSAPS a actualisé ses recommandations en termes d’utilisation du fluor dans la prévention de la carie dentaire. Alors qu’en 2002 elle prévoyait la prescription systématique de fluor par voie orale dès la naissance et jusqu’à 2 ans, cette prescription parait désormais inutile avant l’âge de 6 mois. Après 6 mois, la supplémentation doit être modulée en fonction du risque de carie chez le nourrisson en bas âge 8 :
- en cas de risque réduit : le brossage des dents avec un dentifrice fluoré est recommandé au moins 2 fois par jour (dentifrice à teneur en fluor adaptée à l’âge de l’enfant en bas âge)
- en cas de risque plus élevé : un apport médicamenteux par voie orale est conseillé dès l’apparition des premières dents, en complément du brossage des dents. Il revient au médecin de contrôler, via un bilan personnalisé, les apports journaliers en fluor avant de prescrire éventuellement une supplémentation médicamenteuse (eau de boisson, sel), et ce, afin d’éviter le développement d’une fluorose dentaire.
Les apports hydriques chez le nourrisson2
Les apports conseillés en eau assurent un bilan hydrique équilibré, c'est-à-dire qu’ils doivent compenser les pertes :
- par les selles : 5 à 6 mL/kg/jour
- par la peau : 9 à 16 mL/kg/jour
- par l’air expiré : 8 à 11 mL/kg/jour
- par les urines 50 à 65 mL/kg/jour
Chez le nourrisson, les apports conseillés en eau sont ainsi de :
- 150 mL/kg/jour de 0 à 3 mois
- 125 mL/kg/jour de 3 à 6 mois
- 100 mL/kg/jour de 6 mois à 1 an
Chez les nourrissons, de 0 à 6 mois, les besoins hydriques sont normalement couverts par l’allaitement maternel ou les préparations infantiles, à l’exception des fortes chaleurs, ou de la survenue de fièvre ou de diarrhées où les besoins hydriques sont accrus.
Pour plus d’informations sur l’hydratation des nourrissons et des enfants, référez-vous à la rubrique correspondante.
Sources
- Salle B. L’alimentation du nouveau-né et du nourrisson. Rapports et communiqués. Bull Acad Natle Méd 2009;193(2):431-446.
- Afssa. Apports nutritionnels conseillés pour la population française. 3e édition. Coordonnateur Ambroise Martin. Lavoisier 2001.
- Afssa. Apport en protéines : consommation, qualité, besoins et recommandations. 2007.
- Anses. Actualisation des apports nutritionnels conseillés pour les acides gras. Rapport d’expertise collective. Mai 2011. Édition scientifique.
- PNNS. Livret d’accompagnement du guide nutrition des enfants et ados pour tous les parents destinés aux professionnels de santé. 2016.https://www.fondation-enfance.org/wp-content/uploads/2016/10/inpes_guide_nutrition_enfants_ados.pdf
- Vidailhet M et al. La vitamine D : une vitamine toujours d’actualité chez l’enfant et l’adolescent. Mise au point par le Comité de nutrition de la Société française de Pédiatrie. Mars 2012.
- Académie Nationale de Médecine. Statut vitaminique, rôle extra osseux et besoins quotidiens en vitamine D. Rapport, conclusions et recommandations. Mai 2012. Disponible sur le site https://www.academie-medecine.fr/statut-vitaminique-role-extra-osseux-et-besoins-quotidiens-en-vitamine-d/
- Afssaps. Les matinées avec la presse. Actualisation des recommandations sur l’utilisation du fluor dans la prévention de la carie dentaire avant l’âge de 18 ans. 26 novembre 2008.
Date de publication: 10/12/2012