Sommaire

La dernière version du plan nutrition santé PNNS 4 visera, entre autres, à encourager les comportements favorables à la santé comme la pratique de l’activité physique et la sensibilisation aux valeurs nutritionnelles des aliments.

On l’attendait après les recommandations du HCSP autour des repères nutritionnels (2017), des objectifs à atteindre (2018) et des messages sanitaires (2018). Le PNNS a été lancé le 20 septembre dernier pour une durée de 5 ans.

Les cinq grands axes de cette nouvelle mouture reprennent globalement les objectifs proposés par le HCSP dans ces trois rapports (Cf. Actualités du volume 53 numéros 1, 3 et 5 de 2018).

Il s’agit d’améliorer pour tous l’environnement alimentaire et physique pour qu’il soit plus favorable à la santé et surtout réduire les inégalités sociales de santé. Les collectivités territoriales sont sollicitées sur la mobilité urbaine et l’accès à une alimentation saine. La restauration collective doit notamment monter en gamme avec un objectif visé de 50 % d’approvisionnement en produits bio d’ici 2022. L’état mise aussi beaucoup sur le Nutri-Score® qui devrait être déployé en restauration collective et commerciale. Il ne cache pas son ambition de le rendre obligatoire au niveau européen. Il compte aussi sur l’engagement (toujours volontaire) des industriels pour réduire les teneurs en sel (de 30 % d’ici 2025), sucre et graisses des aliments et augmenter les teneurs en fibres et des gestionnaires de distributeurs automatiques, pour proposer des produits plus sains. Il s’agira aussi d’inciter les industriels à améliorer leurs pratiques (comme réduire le nombre d’additifs) en s’appuyant sur les résultats de la recherche sur les aliments transformés et ultra-transformés. L’état compte aussi réduire la pression du marketing alimentaire en mettant en place des « codes de conduite » (et non une réglementation comme demandé par le HCSP).

Encourager les comportements favorables à la santé est le 2e axe du PNNS et prendra la forme d’une campagne grand-public de promotion des nouveaux repères nutritionnels (dès le 22 octobre) et d’une éducation à l’alimentation qui sera étendue de la maternelle au lycée. Le Nutri-Score® sera proposé pour les produits en vrac. Les messages sanitaires seront révisés et rendus plus efficaces, les actions de lutte contre la sédentarité seront déployées. L’état envisage aussi de s’assurer de la qualité et de la fiabilité des applications numériques sur les aliments. L’information environnementale et sanitaire sur les emballages sera à l’étude. L’accompagnement des femmes enceintes, des jeunes parents, et la promotion de l’allaitement sont aussi au programme. La formation des professionnels (diététiciens, travailleurs sociaux, formateurs PNNS) sera favorisée.

La prise en charge des personnes en surpoids, dénutries ou avec des maladies chroniques devrait être améliorée. La réalisation de ce 3e axe nécessitera la mise en œuvre d’une feuille de route obésité, le renforcement de la prescription d’activité physique adaptée (APA) et le développement de l’offre d’APA de proximité et des compétences des professionnels de santé dans ce domaine, la sensibilisation du public à la dénutrition et la mobilisation des professionnels via une « semaine nationale de la dénutrition ».

La valorisation des initiatives locales innovantes est le 4e grand axe privilégié. Car l’état estime qu’une adaptation aux spécificités des territoires, des quartiers, des groupes sociaux, permet, au plus proche des familles et des individus, de prendre en compte la question des inégalités sociales de santé. Le niveau local et régional pourra s’appuyer sur des mécanismes proposés par le niveau national afin d’assurer la cohérence globale des interventions. Des actions spécifiques aux territoires d’outre-mer sont évoquées.

Le 5e axe concerne le développement de la recherche, de l’expertise indépendante et de la surveillance de la situation nutritionnelle, de la consommation alimentaire, des comportements sédentaires, de la pratique d’activité physique et de la qualité nutritionnelle des produits alimentaires. Les actions du PNNS seront évaluées et quantifiées, les études sur populations spécifiques poursuivies (Abena, Epifanet, études de la DREES), et de nouvelles études seront lancées (suivi des consommations hors domicile, état nutritionnel des personnes âgées, évolution de la qualité des aliments, surveillance de l’étiquetage...). Les travaux de recherche favorisés seront ceux qui portent sur les sciences humaines et du comportement, sur l’impact santé des aliments ultra-transformés, ceux sur de grandes cohortes de santé publique, et ceux sur l’économie de la santé.

Chacune des 56 actions citées a son pilote, ses acteurs et ses indicateurs. Si dans l’ensemble, les préconisations du HCSP ont été entendues, en revanche, les mesures réglementaires ou fiscales (pour élaborer une taxe selon la composition nutritionnelle des aliments, pour améliorer l’accessibilité physique à une offre de bonne qualité, pour réduire la pression du marketing…) ne sont pas reprises. Le gouvernement privilégie toujours l’information et l’éducation auprès des Français, et l’incitation et la co-régulation auprès des acteurs économiques. Toutefois, dans le cas de la reformulation des produits, le texte précise que « La non-atteinte de manière volontaire des objectifs fixés dans le calendrier défini conduira à une régulation par voie réglementaire. ».

Quant aux objectifs à atteindre concernant le statut nutritionnel et d’activité physique des français, ils sont ceux fixés par le HCSP :

  • diminuer de 15 % l’obésité et stabiliser le surpoids chez les adultes ;
  • stabiliser la prévalence de l’obésité morbide par la prévention (hors chirurgie bariatrique) ;
  • diminuer de 20 % le surpoids et de l’obésité chez les enfants et les adolescents, et de 10 % chez ceux issus de familles défavorisées ;
  • réduire le pourcentage de personnes âgées dénutries vivant à domicile ou en institution de 15 % pour les plus de 60 ans et de 30 % au moins pour les plus de 80 ans ;
  • augmenter l’activité physique au niveau modéré chez 80% des adultes ;
  • réduire de 20 % le nombre de sujets passant plus de 3 heures par jour devant un écran (hors activité professionnelle).

À ces objectifs, s’ajoute un objectif non mentionné par le HCSP à l’époque (en cours d’étude), celui d’interrompre la croissance de la consommation des produits ultra- transformés (selon la classification NOVA) et réduire la consommation de ces produits de 20% sur la période entre 2018 et 2021.

Enfin, certains champs ne sont volontairement pas développés dans le PNNS car couverts par d’autres plans comme les allergies alimentaires, les risques microbiologiques et liés aux contaminants, la consommation d’alcool. En parallèle du PNNS 4, le 3e PNA (2019—2023), piloté par le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, visera à promouvoir une alimentation de qualité, ancrée dans les territoires et en lien avec une agriculture résiliente tournée vers la transition agro-écologique. Les circuits courts et/ou de proximité, les produits de saison ainsi que les produits labellisés, notamment ceux issus de l’agriculture biologique, seront favorisés, notamment en restauration collective. La lutte contre le gaspillage alimentaire et la justice sociale seront aussi au programme.

Les financements qui seront mobilisés pour le PNNS 4 ne sont pas évoqués (40 millions d’euros seront dédiés à l’ensemble du Programme national de l’alimentation et de la nutrition dont 35 millions d’euros de financement européen ciblé sur le scolaire) mais il semble clair que les collectivités territoriales, très souvent citées dans le document et les financements privés, cités également, seront mobilisés.

C. Costa  « © Société Française de Nutrition. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés ».

Lancement du 4e Programme national nutrition santé 2019—2023. Ministère des solidarités et de la santé. 20 sept 2019 https://solidarites-sante.gouv.fr/actualites/presse/communiques-de-pres….

Programme national pour l’alimentation Territoires en action 2019—2023. Sept 2019. https://agriculture.gouv.fr/programme-national-pour-lalimentation-2019-…

Date de publication : 17/12/2019

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