Les risques liés au changement climatique sont au cœur de l’actualité. D’après un rapport publié par le GIEC, la sécurité alimentaire sera aussi compromise par le réchauffement climatique actuel. Pour réduire la vulnérabilité de notre système alimentaire, le GIEC recommande des actions sur la production agricole et le gaspillage alimentaire, et conseille de modifier notre alimentation en favorisant les aliments d’origine végétale.
Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a publié début août un rapport sur l’état des sols de la planète et l’implication de son exploitation par les hommes sur le changement climatique. Pour ces auteurs, une meilleure gestion des terres pourrait contribuer à faire face aux changements climatiques et éviter, entre autres, une instabilité de la sécurité alimentaire.
Selon les estimations des scientifiques, la sécurité alimentaire sera compromise par le changement climatique à venir en raison de la baisse des rendements, en particulier dans les régions tropicales, de l’augmentation des prix, de la réduction de la qualité des nutriments et des perturbations de la chaîne d’approvisionnement. Les effets diffèreront d’un pays à l’autre et seront nettement plus marqués dans les pays à faible revenu d’Afrique, d’Asie, d’Amérique Latine et des Caraïbes.
Cependant, il existe des moyens de gérer les risques et de réduire les vulnérabilités des terres et du système alimentaire. Ils passent, entre autres, par une modification de la production (diversification des cultures pour enrayer la dégradation des terres et améliorer leur capacité d’adaptation aux extrêmes climatiques), la réduction des pertes et gaspillages alimentaires et des modifications du système alimentaire. Sur ce dernier point, le rapport cite les régimes alimentaires équilibrés riches en aliments d’origine végétale tels que les céréales, les légumineuses, les fruits et les légumes, les noix et graines et intégrant des produits animaux issus de systèmes résilients, durables et à faibles émissions de gaz à effet de serre. Ces régimes « présentent des opportunités majeures pour l’adaptation et l’atténuation tout en générant des co-bénéfices significatifs en matière de santé humaine ».
Selon des modélisations, réduire de moitié la consommation de viande, de produits laitiers et d’œufs dans l’Union Européenne permettrait de réduire de 40 % les émissions d’ammoniac, de 25 à 40 % les émissions de gaz à effet de serre non liées au CO2 (provenant principalement de l’agriculture) et de 23 % par habitant l’utilisation des terres agricoles pour la production alimentaire. Sans compter que ces changements réduiraient les risques sanitaires. D’autres études rapportent qu’une réduction de la consommation de viande pourrait diminuer le risque de coronaropathie, de cancer colorectal, de diabète de type 2 ainsi que la mortalité toute cause (ajoutons notamment chez les gros consommateurs).
Pour autant, le rapport ne préconise pas de passer à un régime vegan ou végétarien comme l’ont affirmé plusieurs médias. Le rapport n’occulte pas le fait que la réduction de la consommation de viande pourrait altérer le statut nutritionnel en fer, en zinc et en vitamine B12 de certains groupes vulnérables. En Europe, 22 % des enfants d’âge préscolaire, 25 % des femmes enceintes et 19 % des femmes en âge de procréer souffrent déjà d’anémie (OMS, 2008). Le rapport fait davantage un état des lieux de l’impact environnemental des différents régimes, allant du plus vertueux en termes d’émissions de gaz à effet de serre (le régime vegan) au plus équilibré (le régime méditerranéen).
Il conclut que l’adoption de régimes alimentaires conformes aux recommandations alimentaires formulées en fonction de la santé, offre déjà un potentiel d’atténuation important (confiance élevée) sur l’impact environnemental. Ceci est vrai pour la plupart des pays, dont les recommandations alimentaires sont d’augmenter les consommations de végétaux et de réduire celles des produits animaux, des graisses et du sucre.
Ce rapport, dont il serait sans doute inconséquent de ne pas tenir compte, a le mérite de pointer qu’il est important d’aller vers des régimes alimentaires proposant une réduction de la surconsommation (en particulier des produits de l’élevage) et une consommation accrue de certains groupes alimentaires dans les populations qui ne couvrent pas leurs besoins alimentaires minimums.
C. Costa « © Société Française de Nutrition. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés ».
Rapport spécial sur le changement climatique et les terres émergées. GIEC 8 août 2019. https://www.ipcc.ch/report/srccl
Date de publication : 24/10/2019
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