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Selon l’étude Esteban, les besoins en vitamines et minéraux de la population française ne sont pas pleinement satisfaits. Certaines carences alimentaires seraient dues à la baisse de la consommation de fruits et légumes. Le degré de carence alimentaire varie selon le sexe, l’âge et le niveau d’études des sujets.

L’étude française Esteban (2014-2016) dont nous avons déjà rapporté les données sur l’activité physique (2017) et la nutrition (2018), vient de livrer une partie des données des dosages biologiques des vitamines et minéraux réalisés chez 2472 adultes et 794 enfants (soit 88 % des adultes et 86 % des enfants participants à l’étude).

Résultat, il n’existe pas de déficit important ou de carence à grande échelle concernant la vitamine D, la ferritine, les folates sériques, la vitamine A, la vitamine E et les caroténoïdes. Toutefois, la couverture des besoins vitaminiques et en minéraux n’est pas pleinement satisfaisante.

En 2015, seul un adulte sur quatre et trois enfants sur dix atteint un seuil adéquat de vitamine D. La carence en vitamine D concerne 6,5 % des adultes, 4 % des enfants et atteint 13 % chez les adolescents. Le statut en vitamine D est plus favorable chez les femmes que chez les hommes, du fait notamment de leur proportion plus importante à avoir recours à des compléments alimentaires ou un traitement médicamenteux à base de vitamine D. Le niveau de diplôme semble corrélé au statut en vitamine D. Ainsi, la carence en vitamine D touche davantage les hommes les moins diplômés (9,3 % versus 3,8 %). Chez les enfants, la carence en vitamine D chez les garçons et le déficit modéré en vitamine D chez les filles est plus fréquent dans les foyers les moins diplômés. À l’inverse, les femmes les moins diplômées présentent un statut en vitamine D plus favorable (37,6 % atteignent le seuil adéquat) que les plus diplômées (25,5 %). Depuis 2006, la situation s’est améliorée chez les femmes (notamment les plus de 55 ans), pour lesquelles le déficit modéré est passé de 39 % à 24 % en 2015 mais la situation s’est dégradée chez les hommes de 55-74 ans, la carence passant de 3 % à 7 % en 2015. Les chercheurs estiment donc nécessaire d’élargir la prévention, l’information et les actions de santé publique qui ont porté leurs fruits auprès des femmes, à l’ensemble de la population et aux hommes de plus de 55 ans.

Le statut en fer de la population n’est pas non plus satisfaisant : 20 % des femmes en âge de procréer présentent une déplétion totale des réserves en fer, 21 % ont des réserves faibles, 7 % sont anémiées et 4 % souffrent d’une anémie ferriprive plus souvent non traitée. Aucune différence n’est relevée en fonction du niveau de diplôme des individus alors qu’il en existait en 2006. Seuls 6 enfants sur 10 atteignent un niveau normal de réserves en fer, quels que soient le sexe et l’âge, 12,8 % présentent des déplétions de réserves en fer et 25,1 % ont des réserves faibles. La prévalence de l’anémie ferriprive atteint plus de 10 % des filles de 6-17 ans. Aucune évolution significative de la prévalence de l’anémie n’est notée depuis 2006 concernant les adultes (pas de données chez les enfants).

La prévalence du risque de déficit en folates sériques est quasi-nulle chez les adolescentes (15-17 ans), mais elle a quasiment doublé ces 10 dernières années chez les femmes adultes en âge de procréer (18-49 ans non ménopausées) passant de 7 % en 2006 à 13 % en 2015. Ce risque diminue avec le niveau de diplôme.

Enfin, les prévalences des déficits en rétinol et tocophérol sont quasi-nulles dans la population française, en 2015 comme en 2006, quels que soient le sexe, l’âge ou le niveau d’études, alors que la concentration sérique moyenne des principaux caroténoïdes est supérieure chez les adultes les plus âgés et les plus diplômés. Toutefois, la baisse de la consommation de 5 portions de fruits et de légumes par jour, relevée dans l’enquête alimentaire chez les hommes de 55-74 ans et les femmes de 18-39 ans, se retrouve également dans l’évolution du statut en caroténoïdes entre 2006 et 2015, notamment par une baisse des concentrations de lycopène, de lutéine et de zéaxanthine dans ces mêmes sous-populations.

Pas de résultats alarmants donc, mais des points à surveiller comme l’augmentation de la carence en vitamine D chez les hommes de plus de 55 ans, l’augmentation de la prévalence du risque de déficit en folates sériques, le dépistage et le traitement de la carence martiale (fer) chez les femmes en âge de procréer, les déficits en vitamines et minéraux liés à la baisse de consommation de fruits et de légumes dans certaines sous-populations.

C. Costa  « © Société Française de Nutrition. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés ».

Santé Publique France/Étude de santé sur l’environnement, la biosurveillance, l’activité physique et la nutrition (Esteban) 2014—2016. Volet nutrition. Chapitre Dosages biologiques : vitamines et minéraux — Décembre 2019. https://www.santepubliquefrance.fr/

Date de publication : 10/03/2020

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