L’alimentation de la mère durant la grossesse pourrait moduler l’effet délétère des polluants organiques persistants sur la santé future de l’enfant.
On soupçonnait déjà certains polluants s’accumulant dans le tissu adipeux comme le fongicide hexachlorobenzène, le DDT et son métabolite, le DDE, d’être associés à l’obésité et aux troubles métaboliques chez l’enfant. De nouvelles données issues d’une étude associant l’INRAE et l’Institut de santé globale (un centre de recherche sur l’exosome périnatal) rapportent un effet de l’alimentation de la mère et de son statut nutritionnel sur cette association. Ceci pourrait s’expliquer par le fait que certains nutriments partagent les mêmes voies d’absorption, de transport, de métabolisme ou de signalisation que ces polluants. C’est le cas, par exemple, des nutriments lipophiles comme les caroténoïdes ou les acides gras polyinsaturés.
1394 femmes enceintes et leurs enfants suivis
L’étude a analysé les données de la cohorte espagnole INMA collectées de 2003 à 2008. Cette cohorte a suivi des femmes enceintes et leurs enfants jusqu’à l’âge de 7 ans. Le sang de 1394 femmes a été collecté au cours de leur premier trimestre de grossesse puis analysé pour détecter la présence de 6 composés organochlorés et 4 substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées. Les nutriments susceptibles de moduler l’action des polluants comme les vitamines D et B12, les folates, les acides gras polyinsaturés et les caroténoïdes ont aussi été dosés.
Image
Obésité infantile en Europe : le rapport de l’OMS |
Vitamine B12 et caroténoïdes impliqués
Les analyses indiquent qu’à l’âge de 7 ans, 40 % des enfants étaient en surpoids ou obèses. Elles confirment le rôle de l’exposition prénatale à l’hexachlorobenzène sur le risque d’obésité infantile et indiquent un effet conjoint des polluants et des nutriments. Des taux maternels élevés de vitamine B12 semblent favoriser l’effet obésogénique d’une exposition prénatale au hexachlorobenzène tandis qu’à l’inverse, l’antioxydant β-cryptoxanthine (caroténoïde) pourrait avoir un effet protecteur contre les effets obésogéniques du perfluorooctane sulfonate (PFOS). Ces données doivent encore être confirmées par d’autres études.
Source : Cano-Sancho G, Warembourg C, Güil N, et al. Nutritional modulation of associations between prenatal exposure to persistent organic pollutants and childhood obesity: a prospective cohort study. Environ Health Perspect 2023;131(3). https://doi.org/10.1289/EHP11258
C. Costa © Société Française de Nutrition. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Date de publication : 06/12/2023
Pour vous abonner et retrouver tous les articles des Cahiers de Nutrition et de Diététique, cliquez ici |