Une étude de Leonie K. Elsenburg et al. de la section d’épidémiologie du département de santé publique de l’université de Copenhague (Danemark) révèle que les personnes qui ont connu l’adversité dans leur enfance courent un risque accru de développer un diabète de type 2 au début de l’âge adulte (16—38 ans).
Les chercheurs ont utilisé les données de l’étude de cohorte danoise sur le parcours de vie (DANLIFE), qui porte sur les antécédents et les adversités de l’enfance des enfants nés au Danemark depuis le 1er janvier 1980. Pour permettre un suivi à partir de l’âge de 16 ans, l’échantillon de l’étude a été limité aux personnes nées jusqu’au 31 décembre 2001 et a exclu les personnes chez qui un diabète avait été diagnostiqué pendant l’enfance, celles pour lesquelles les données sur les facteurs confondants étaient insuffisantes, ainsi que toute personne ayant émigré ou décédée avant l’âge de 16 ans.
La population étudiée a été divisée en cinq groupes d’adversité dans l’enfance, sur la base du nombre annuel d’expositions (de 0 à 15 ans) à des adversités dans chacune des trois dimensions suivantes : privation matérielle (pauvreté de la famille et chômage de longue durée des parents), perte ou menace de perte (maladie somatique d’un parent, maladie somatique d’un frère ou d’une sœur, décès d’un parent, décès d’un frère ou d’une sœur) et dynamique familiale (placement en famille d’accueil, maladie psychiatrique d’un parent, maladie psychiatrique d’un frère ou d’une sœur, abus d’alcool ou de drogues d’un parent et séparation de la mère).
Dans ces cinq groupes, les enfants ont connu :
- des niveaux d’adversité relativement faibles pendant toute l’enfance (54 %) ;
- des privations matérielles spécifiquement pendant la petite enfance (20 %) ;
- des privations matérielles pendant toute l’enfance et l’adolescence (13 %) ;
- des niveaux relativement élevés de maladie somatique ou
- de décès dans la famille (9 %) ;
- des niveaux relativement élevés d’adversité dans les trois dimensions (3 %).
Sur les 1 277 429 personnes étudiées, 2560 femmes et 2300 hommes ont développé un diabète de type 2 au cours de la période de suivi, qui a duré en moyenne 10,8 ans.Les auteurs ont constaté que, par rapport au groupe « faible adversité », le risque de développer un diabète de type 2 au début de l’âge adulte était plus élevé dans tous les autres groupes d’adversité, tant chez les hommes que chez les femmes. Dans le groupe « forte adversité », caractérisé par des taux élevés d’adversité dans les trois dimensions, le risque de développer un diabète de type 2 était 141 % plus élevé chez les hommes et 58 % plus élevé chez les femmes, ce qui se traduit par 36,2 et 18,6 cas supplémentaires pour 100 000 années-personnes chez les hommes et les femmes, respectivement.
Après ajustement en fonction du niveau d’éducation des parents, de la taille pour l’âge gestationnel et des naissances prématurées, les estimations de l’effet ont été réduites, en particulier pour les femmes du groupe « forte adversité ». Par rapport à leurs homologues qui ont connu une faible adversité pendant l’enfance, leur risque supplémentaire de développer un diabète de type 2 a été réduit de 58 % à 23 %. La majeure partie de la réduction était lié à l’ajustement sur le niveau d’éducation des parents.
Les auteurs ont constaté que les risques relatifs de développer un diabète de type 2 à la suite d’une adversité dans l’enfance étaient plus faibles chez les femmes que chez les hommes dans tous les groupes. En outre, les effets absolus (en termes de nombre de cas supplémentaires de diabète pour 100 000 personnes-années) étaient également plus faibles chez les femmes que chez les hommes, sauf en cas de privation matérielle pendant l’enfance, où l’effet absolu était comparable entre les hommes et les femmes.
Au final, l’étude révèle que les personnes exposées à l’adversité pendant l’enfance, comme la pauvreté, la maladie ou le décès dans la famille, et les foyers dysfonctionnels, courent un risque plus élevé de développer un diabète de type 2 au début de l’âge adulte, par rapport à celles qui ont connu de faibles niveaux d’adversité pendant l’enfance. Une relation étroite entre le niveau d’éducation des parents et l’expérience de l’adversité vécue par les enfants pourrait expliquer en partie cette association
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Source : BEH n◦8—Mai 2023 — Épidémiologie de l’hypertension artérielle en France : prévalence élevée et manque de sensibilisation de la population. Valérie Olié et al. https://www.santepubliquefrance.fr/revues/beh/bulletin-epidemiologiquehebdomadaire
C. Costa © Société Française de Nutrition. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Date de publication : 03/10/2023
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