Le point sur les enquêtes qui ont servi à Santé Publique France pour élaborer les nouvelles recommandations de diversification alimentaire.
En septembre 2021, Santé publique France avait publié un guide accompagnant les parents dans la diversification alimentaire de leurs enfants (Cf. Pages Information du CND 56(6)). Un an après, Santé Publique France édite le processus d’élaboration de ces recommandations et notamment les résultats des études menées auprès des parents et des pédiatres pour connaître leurs besoins d’information sur la diversification alimentaire, évaluer la compréhension, la mémorisation et l’adhésion aux nouvelles recommandations (contenu, niveau d’information, supports envisagés et projets de maquette) et pour mesurer l’effet de la lecture de la brochure sur leurs connaissances. Le point sur les principaux résultats de ces études.
La diversification, source d’inquiétude
La diversification alimentaire est source d’inquiétude pour 30 % des parents, surtout chez les primipares (40 % versus 25 % des multipares) et 31 % considèrent que les informations et conseils sur ce sujet se contredisent.
Les professionnels de santé, comme source d’information
Les professionnels de santé sont la principale source d’information pour 81 % des parents (sans différence selon le niveau de diplôme) et la plus influente sur la diversification alimentaire, surtout chez les plus diplômés et ceux se considérant dans une bonne situation financière. Les médecins généralistes et les pédiatres sont essentiellement cités (par 47% des parents). L’étude auprès des pédiatres montre qu’ils ont conscience de leur responsabilité dans ce domaine auprès des parents.
Internet (sites web, blogs, réseaux sociaux, applications pour smartphones) est la seconde source d’information pour 72 % des parents. Son niveau d’influence est toutefois moindre. Le réseau parental (amis, famille) est une source d’information pour 63 % des parents (surtout pour les moins diplômés) avec un niveau d’influence assez élevés surtout chez les plus diplômés. Quant aux supports imprimés (livres, presse écrite), ils sont une source d’information pour 44 % des parents et d’un niveau d’influence un peu moindre, plus élevé chez les plus diplômés. Enfin, les médias TV et radio ne sont une source d’information que pour 24 % des parents (surtout pour les moins diplômés), avec un niveau d’influence proche de celui d’Internet.
Parmi les supports d’information les plus appropriés, une application pour smartphone a été choisie par 43 % des parents, une brochure papier pour 42 % et les sites internet pour 38 %.
Selon les pédiatres, les outils les plus efficaces pour attirer l’attention des parents sont les sites internet (pour 73 % des répondants), des brochures (59 %) et des applications smartphone (57 %). Seuls 13 % des pédiatres pensent que les parents se fient à leurs réseaux personnels pour obtenir des conseils, sous-estimant ainsi l’utilisation de ces sources d’informations.
Quel impact de la brochure ?
La lecture de la brochure a permis d’augmenter les connaissances des parents, mais plus encore le niveau de certitude de leurs réponses sur différents points de la diversification alimentaire, même pour les parents plus jeunes ou moins diplômés. Cependant, les moins diplômés étaient moins certains de la pertinence de leurs connaissances qui étaient pourtant aussi exactes que celles des plus diplômés. L’information la moins connue, et pourtant de grande importance concernait l’introduction entre 4 et 6 mois de tous les groupes d’aliments. Une information à accompagner donc de conseils pratiques pour qu’elle soit comprise et appliquée.
Quelle acceptabilité des nouvelles recommandations ?
Certaines informations considérées comme nouvelles par les parents ont provoqué de vives réactions à l’image des femmes ayant allaité surprise par la recommandation de commencer la diversification dès 4 mois alors que l’OMS recommande l’allaitement exclusif jusqu’à 6 mois. L’introduction de tous les types d’aliments « y compris ceux réputés allergènes » entre 4 et 6 mois a aussi été difficilement acceptée, en raison de la crainte d’allergies ou de problèmes digestifs. Une réticence liée à la croyance que l’unique rôle de la diversification est de repérer les aliments susceptibles de provoquer une allergie en les introduisant un par un. La formulation de cette information a été modifiée dans la brochure.
La mention d’aliments à proscrire (lait cru et produits laitiers au lait cru, miel) a été une surprise pour la plupart des parents, les risques associés étant inconnus. De même, le conseil d’ajouter des matières grasses dans les préparations maison ou petits pots qui n’en contiennent pas a créé l’étonnement car les parents pensaient qu’il fallait comme pour les adultes les limiter dans l’alimentation de leur enfant par crainte d’un risque de surpoids.
L’invitation à privilégier le fait maison a été jugé légitime, mais le texte initial était parfois considéré comme stigmatisant par ceux qui utilisaient les produits du commerce. Le conseil d’éviter les produits sucrés et viennoiseries au goûter a généré un sentiment de culpabilité. La formulation a été revue.
La présence de conseils éducatifs liés à l’alimentation (faire confiance à l’appétit de l’enfant, exposition répétée aux aliments peu appréciés, etc.), mais aussi de conseils relatifs à l’environnement alimentaire, comme par exemple la question des écrans pendant les repas, a été remarquée et considérée comme un atout, mais elle a aussi déstabilisé certains parents car jugés d’ordre plus intime et personnel. Ne pas forcer l’enfant à manger ou à finir son assiette s’avérait être difficile pour certains parents.
Globalement, le contenu de la brochure a été jugé comme utile et le ton employé considéré comme bienveillant. Les résultats de ces études ont été pris en compte pour finaliser la formulation des recommandations nutritionnelles et des conseils aux parents. La brochure finale (36 pages) est consultable en ligne sur https://www.mangerbouger.fr/content/ show/1500/file/Brochure diversification alimentaire Pas a pas votre enfant mange comme un grand.pdf. Quatre vidéos « On apprend, on teste et on s’adapte » sont aussi disponibles ainsi que 6 vidéos tutoriels de conseils.
Source : Conception des nouvelles recommandations concernant la diversification alimentaire des enfants de moins de 3 ans (https://www.santepubliquefrance.fr/presse/2021/sante-publique-france-ac…)(santepubliquefrance.fr)
C. Costa © Société Française de Nutrition. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
Date de publication : 13/03/2023
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