Le Haut Conseil de la Santé Public a été chargé d’analyser l’impact du confinement sur la santé et les comportements nutritionnels et de sédentarité des enfants. Des difficultés d’accès aux soins, une insécurité alimentaire liée à la fermeture des cantines, le manque d’activité et une sédentarité importante liée à l’utilisation excessive des écrans sont rapportés.
Le contexte épidémique de la Covid-19, la prolongation du confinement, mis en place le 17 mars 2020, et les modalités du déconfinement progressif à partir du 11 mai ont conduit l’état à s’interroger sur leur impact sur la santé et l’accès aux soins des enfants, notamment en termes d’inégalités sociales. Des troubles psychologiques, des accidents domestiques, de la maltraitance, du retard aux soins, une déscolarisation et un décrochage scolaire sont, en effet les conséquences indirectes de la crise sanitaire.
Le HCSP a donc été saisi par le secrétaire d’état chargé de la protection de l’enfance, Adrien Taquet pour formuler des recommandations dans le cas d’une prochaine crise sanitaire de même ampleur. Le rapport établi par le HCSP, évoque, entre autres, l’insécurité alimentaire qui s’est trouvée amplifiée dans cette période de confinement en raison du non-accès à la restauration scolaire ou universitaire. Il apparaît que pour certains enfants, le repas de la cantine constitue l’apport nutritionnel principal de la journée. En plus de ce repas non assuré, les familles les plus démunies, quel que soit le type de territoire où elles vivent, se sont trouvées en difficulté pour l’achat des biens alimentaires, renforçant ainsi le déséquilibre nutritionnel des enfants dans ces foyers pauvres. Sans compter qu’au début du confinement, les associations ont été immobilisées et n’ont donc pas pu assurer l’aide qu’elles apportaient auparavant.
Concernant les comportements nutritionnels et de sédentarité des enfants français, les études, peu nombreuses, sont pour certaines encore en cours d’exploitation. Des études chinoises apportent quelques enseignements sur ce qui a pu se passer durant le confinement. Elles notent une forte réduction du temps passé à pratiquer une activité physique, et une forte augmentation du temps passé devant les écrans, à des fins pédagogiques mais aussi à des fins récréatives. Les différences entre « avant l’épidémie » et « pendant l’épidémie » de la durée de ces activités sont très importantes. Des conclusions identiques ont été dressées aux États-Unis. Une étude italienne sur un petit groupe d’enfants obèses montre une dégradation des comportements en matière d’alimentation, d’activité et de sommeil. Selon les auteurs, ces observations soulignent le besoin crucial de mesures préventives lors de confinement, notamment lorsque la durée est incertaine. Les chercheurs impliqués dans le projet français SAPRIS (données issues des cohortes ELFE et Epipage 2) s’attendent à une augmentation forte de la sédentarité (temps passé dans la même position physique), une réduction forte de l’activité physique (marche, course, sport) et une appétence accrue pour les écrans. L’Anses s’est d’ailleurs autosaisie pour adapter ses repères en matière d’activité physique et de sédentarité spécifiquement à la période de confinement. Restent de nombreuses questions sur l’impact de ces changements de comportement à moyen et long terme et la crainte d’un renforcement des différences d’activité physique et de prise de poids entre filles et garçons.
Les recommandations du HCSP sur ces deux problématiques (insécurité alimentaire et comportements de sédentarité et d’inactivité physique) sont de :
- garantir, malgré la fermeture totale ou partielle des écoles, collèges ou lycées, la continuité de l’accès à une alimentation suffisante et équilibrée aux enfants qui le nécessitent, compte-tenu des ressources de leurs parents. Les mairies pour le primaire ou les départements pour les collèges, les régions pour les lycées, sont les collectivités en responsabilité ; leurs interventions peuvent prendre des formes diverses : soutien financier direct via la CAF ; coupons alimentaires ; banques alimentaires ; apport de plateaux repas ou de denrées alimentaires, y compris fruits et légumes…
- maintenir les écoles ouvertes et au minimum des structures relais pour accueillir les enfants, par demi-journée par exemple, pour entretenir et développer l’activité physique des enfants, réduisant ainsi l’exposition aux écrans et les troubles du sommeil ;
- à l’issue du confinement, développer des activités périscolaires, de proximité, sûres et accessibles (moins de 10 min de transport), pour renouer avec une activité physique satisfaisante.
C. Costa « © Société Française de Nutrition. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés ».
Gestion de l’épidémie Covid-19 et inégalités sociales de santé des enfants, leçons pour le futur — HCSP 18/08/2020 https://www.hcsp.fr/Explore.cgi/avisrapportsdomaine?clefr=896
Date de publication : 06/11/2020
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