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La Drees a publié à la fin de l’été les résultats de sa dernière enquête de santé en milieu scolaire. Entre 2016 et 2017, les personnels de santé de l’Education nationale ont collecté plusieurs données auprès d’adolescents de classe de troisième (poids, taille, habitudes de vie, accidents de la vie courante, santé respiratoire, vaccinations, temps passé devant les écrans, questions en rapport avec la santé psychique…). Au total, 925 collèges ont participé soit 7242 adolescents.

Comparé aux données de 2009, l’obésité chez les adolescents a augmenté en 2017, passant de 3,8 % à 5,2 % tandis que la prévalence du surpoids est restée stable. Cependant, ces moyennes générales masquent de profondes disparités selon le sexe et surtout l’origine sociale des adolescents. En effet, la hausse des prévalences est plus marquée chez les filles tant pour l’obésité (passant de 3,8 % en 2009 à 5,4 % en 2017) que pour le surpoids (passant de 13,1 % en 2009 à 14,3 % en 2017). Chez les garçons, le surpoids baisse et l’obésité augmente plus modérément (de 3,8 % à 4,7 %). Si bien que l’excès de poids (cumul du surpoids et de l’obésité) est plus élevé chez les filles (20 %) que chez les garçons (17 %).

De même, la prévalence de l’excès pondéral est très marquée socialement : elle est deux fois plus élevée dans les milieux les moins favorisés (24,2 % chez les enfants d’ouvriers) que dans les milieux plus aisés (11,5 % chez les enfants de cadres). Quant à l’obésité, elle est près de trois fois plus fréquente chez les enfants d’ouvriers (7,5 %) que chez les enfants de cadres (2,7 %).

Parmi les facteurs en cause, les auteures de l’étude citent l’irrégularité de la prise d’un petit-déjeuner, notamment chez les filles. Seules 57 % en consomment quotidiennement contre 69 % des garçons. Elles sont aussi deux fois plus nombreuses à n’en prendre que rarement ou jamais. Là encore, des disparités s’observent selon l’origine sociale de l’élève, les enfants d’ouvriers étant deux fois plus nombreux que les autres à déclarer ne prendre un petit déjeuner que rarement ou jamais.

Le temps passé devant les écrans est aussi probablement un facteur d’excès de poids. Il est supérieur aux recommandations de l’Académie des sciences de ne pas excéder deux heures par jour : 50 % des collégiens y consacrent au moins 3 h 30 et 10 % plus de 6 heures par jour. Le week-end, la moitié des adolescents disent y consacrer au moins 6 heures par jour. En semaine, les filles passent davantage de temps devant les écrans que les garçons, notamment sur les réseaux sociaux. Les adolescents des milieux les moins favorisés indiquent aussi y consacrer plus de temps : 81 % des enfants d’ouvriers passent plus de 2 heures par jour contre 61 % des enfants de cadres.

Enfin, la pratique d’un sport par les élèves de 3e (14 ans en moyenne) concerne 81 % des garçons et 67 % des filles. Les enfants issus des familles plus modestes (63 % des enfants d’ouvriers) moins que ceux de milieux plus aisés (84 % des enfants de cadres). Une analyse supplémentaire confirme la corrélation entre ces habitudes de vie (temps d’écran, petit-déjeuner, sport) et la probabilité d’être en surcharge pondérale. Enfin, les données mettent en lumière l’effet majeur du milieu social sur le risque de surcharge pondérale : les enfants d’ouvriers ont une probabilité deux fois plus élevée que les enfants de cadre d’être en surcharge pondérale.

Les facteurs alimentaires et les temps de sommeil n’ont pas été ici analysés ; il est plus que probable que les inégalités sociales affectent également ces paramètres dans un sens défavorable sans que l’on puisse évaluer correctement l’importance respective de chacun car ils sont en partie interdépendants.

Peut-on rappeler encore une fois qu’une prévention efficace du surpoids et de l’obésité ne peut reposer que sur un ensemble coordonné d’actions concrètes au plus près du terrain et accessibles aux différentes classes sociales. L’information, caractéristique des politiques publiques, souvent ciblées sur un aspect du problème, a peu de chances d’engager le public dans une modification sensible de ses comportements. Oui, surpoids et obésité, comme le réchauffement climatique, sont les conséquences des multiples évolutions sociétales.

En 2017, des adolescents plutôt en meilleure santé physique mais plus souvent en surcharge pondérale.

 

C. Costa  et B. Guy-Grand « © Société Française de Nutrition. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés ».

DREES Août 2019. N◦ 1122.

https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/etudes-et-statistiques/publicat… etudes-et-resultats/article/en-2017-des-adolescents-plutot -en-meilleure-sante-physique-mais-plus-souvent-en

Date de publication : 13/09/2021

 

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