Diversification alimentaire, à quel âge doit-on la débuter ? C’est la question à laquelle a répondu l’EFSA, preuves scientifiques à l’appui, pour conclure que l’âge de la diversification alimentaire doit être adapté selon les caractéristiques et le développement du nourrisson.
En 2009, l’EFSA avait conclu que l’âge approprié pour l’introduction d’une alimentation diversifiée pour les nourrissons était situé entre 4 et 6 mois. Mais récemment, l’OMS Europe alertait sur la promotion inappropriée d’aliments de diversification à l’intention des nourrissons de moins de 6 mois dans 4 villes européennes (Cf. Actualités du CND 54(5)). À qui doit-on se fier ? À quel âge peut-on diversifier l’alimentation du nourrisson ?
Comme une réponse à l’alerte de l’OMS Europe, L’EFSA vient de finaliser une évaluation complète des preuves scientifiques sur le sujet, et qui couvre la santé des nourrissons, leurs besoins nutritionnels ainsi que leur développement.
Dans son document de synthèse, l’EFSA précise dès le début qu’il « n’y a pas d’âge précis auquel tous les nourrissons vivant en Europe devraient commencer à recevoir une alimentation complémentaire car cela dépend des caractéristiques et du développement de chaque nourrisson ». Si l’enfant possède avant 6 mois les compétences développementales pour consommer ces aliments, la diversification est possible, mais pas forcément nécessaire.
Les signes d’une maturité développementale sont : entre 3 et 4 mois, le maintien de la tête droite lorsque le nourrisson est couché sur le dos et le contrôle de la tête lorsqu’on le lève ou l’assoit. Les aliments en purées peuvent alors être administrés à la cuillère ; Entre 5 et 7 mois, la position assise possible sans soutien. Les aliments consommés seuls avec les doigts peuvent alors être testés.
L’EFSA n’a identifié aucune preuve démontrant que l’introduction d’aliments complémentaires à 3 ou 4 mois comparé à l’âge de 6 mois serait néfaste ou bénéfique pour la santé du nourrisson (poids, taille, circonférence tête, IMC, composition corporelle, allergie, diabète de type 1, infections…), à partir du moment où ils ont une texture adaptée à leur âge et une composition nutritionnelle conforme aux besoins (et non riches en sucres comme l’a constaté l’OMS dans sa récente analyse des produits mis sur le marché en Autriche, Bulgarie, Hongrie et Israël).
D’un point de vue nutritionnel, l’EFSA précise que la majorité des nourrissons n’a pas besoin d’aliments complémentaires avant l’âge de 6 mois lorsqu’ils sont allaités exclusivement. En revanche, les nourrissons nés avec de faibles réserves en fer (nés prématurément, de mère carencée en fer, de petit poids…) peuvent bénéficier avant 6 mois d’aliments complémentaires contenant du fer.
Concernant les aliments potentiellement allergènes (œufs, céréales, poisson, arachides) et le gluten, ils peuvent être introduits en même temps que les autres aliments. Leur introduction à un âge plus avancé ne modifie en rien le risque futur de développer une allergie ou une maladie cœliaque.
Il convient cependant de rappeler qu’en pratique les nourrissons bénéficiant d’un allaitement exclusif à 6 mois sont loin d’être majoritaires.
C. Costa « © Société Française de Nutrition. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés ».
EFSA—Age d’introduction d’une alimentation complé- mentaire chez les nourrissons. https://www.efsa.europa.eu/fr/press/news/age-start-complementary-feedin…
Date de publication : 16/12/2019
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