Toute opération chirurgicale comporte un risque de complications. Si elles sont rares après une chirurgie bariatrique, en revanche, elles peuvent être graves. Il existe plusieurs types de complications de la chirurgie bariatrique dont la sténose bypass, comme l’explique le docteur Adriana Torcivia.
Après une chirurgie bariatrique, les complications chirurgicales sont rares, mais elles peuvent être graves et leurs traitements représentent un réel défi. Adriana Torcivia (Pitié-Salpêtrière) explique, à l’occasion du Dietecom, que les quatre techniques chirurgicales autorisées par l’HAS — anneau gastrique, « sleeve gastrectomie », « by-pass » et diversion biliopancréatique — présentent des risques de morbidité et de mortalité croissants et proportionnels aux difficultés techniques qu’elles impliquent.
Les complications communes à toutes les interventions sont celles liées à l’obésité elle-même : atélectasie (trouble pulmonaire), la thrombose veineuse profonde/embolie pulmonaire, l’abcès de paroi, la rhabdomyolyse (destruction du tissu musculaire).
Les complications liées à l’anneau gastrique (technique de moins en moins pratiquée) se produisent parfois pendant l’intervention (plaies du foie, perforation gastrique, échecs de mise en place…), mais sont plus fréquentes (moins de 5%) dans les jours qui suivent (glissement de l’anneau, intolérance, complications et/ou infections du boîtier). Ces complications se soldent souvent par le retrait de l’anneau gastrique (en nombre croissant à la Pitié-Salpêtrière). Plus tardivement, on observe parfois une migration intragastrique de l’anneau digéré par l’acide gastrique, ce qui nécessite son retrait immédiat.
Les complications opératoires liées à la « sleeve » gastrectomie sont les plaies du foie ou de la rate, vasculaires ou pancréatiques. Dans les jours qui suivent l’opération, elles sont de l’ordre de 5% et souvent graves : apparition de fistules gastriques entre le 3e et 7e jour postopératoire (0,5—2 %), hémorragie le long de la ligne d’agrafes (1%) ou l’embolie pulmonaire. Ces complications difficiles à régler sont évitables par de bonnes pratiques (calibrer l’estomac), par l’identification des patients à risque (homme, IMC = 50 à 60 kg/m2, apnée, abdominoplastie) et l’expérience du chirurgien. Plus tardivement, on peut observer l’apparition de sténose, de fistules chroniques, de dilatation de l’estomac et de reflux gastro-œsophagien. La gastrectomie totale s’impose parfois ou la modification vers un « by-pass ».
Les complications du « by-pass » gastrique (5 à 10%) sont les fistules anastomiques, l’hémorragie, la sténose de l’anastomose gastro-jéjunale. Tardivement, on peut observer une hernie interne dans 5% des cas entre 18 à 24 mois (douleurs post-prandiales flan gauche) qui nécessite une intervention rapide ou des fistules gastro-gastriques (agrafage ou gastrectomie).
Quant à la diversion biliopancréatique, elle est peu pratiquée du fait de ses difficultés techniques et d’un risque de complication périopératoire plus important.
Avec plus de 600 000 sujets opérés, on peut s’attendre à une augmentation du nombre de complications globales, souvent graves et qui engagent le pronostic vital. La prévention de ces complications passe par l’expertise des centres de chirurgie de l’obésité. On note aussi que depuis quelques années, il y a moins de décès quand les complications sont prises en charge dans des centres spécialisés. Elle passe aussi par la formation des médecins, urgentistes et radiologues qui seront de plus en plus confrontés à des patients aux antécédents de chirurgie bariatrique.
C. Costa « © Société Française de Nutrition. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés ».
Intervention d’Adriana Torcivia —– Dietecom 9 et 10 mars 2020. www.dietecom.com.
Date de publiciation : 30/06/2020
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