L’apparition de troubles du comportement alimentaire chez le nourrisson et le jeune enfant suscite des inquiétudes et des interrogations pour les parents. Il est important de répondre aux mieux aux questions liées à l’alimentation et aux éventuels problèmes rencontrés pour les rassurer.
Les troubles du comportement alimentaire chez l’enfant : de quoi s’agit-il ?
Il existe différents types de troubles du comportement alimentaire : l’anorexie mentale, la boulimie, l’hyperphagie boulimique, etc. Les TCA chez le bébé et le jeune enfant les plus courants sont les troubles dits restrictifs ou d’évitement. Contrairement à la boulimie ou à l’anorexie mentale, les personnes qui en souffrent ne se préoccupent pas de leur image corporelle(1).
Le TCA restrictif se manifeste par plusieurs symptômes comme le rejet de certains aliments, ou le fait de se nourrir en très faible quantité. Cela peut provoquer des conséquences sur la santé et le développement de l’enfant. Perte de poids, carences nutritionnelles, ralentissement de la croissance comptent parmi les principales conséquences d’un TCA restrictif chez l’enfant(2).
Diagnostic d’un trouble de l’alimentation chez l’enfant et le nourrisson
Pour accompagner au mieux un jeune patient souffrant d’un TCA, les professionnels de santé établissent un diagnostic précis. L’objectif étant de comprendre la nature de la restriction alimentaire, d’évaluer le degré de restriction et d’en déterminer les causes. Le médecin s’intéressera alors aux habitudes alimentaires de l’enfant pour identifier quels sont les aliments rejetés et les quantités absorbées. Il est important de bien distinguer le TCA restrictif du nourrisson par rapport à la néophobie alimentaire. Avant trois ans, les enfants peuvent refuser la prise de certains aliments dont ils n’apprécient pas l’aspect, la couleur ou le goût. Ces comportements passagers n’engendrent pas de conséquences sur le poids et la croissance de l’enfant. Le refus concerne quelques aliments, et n’impacte pas l’appétit du bébé.
Nourrisson et refus de l’alimentation : comprendre l’anorexie infantile
L’anorexie infantile figure parmi les TCA du bébé et du jeune enfant. Ce trouble restrictif se traduit par un refus catégorique de se nourrir, et une perte significative de l’appétit. Le nourrisson rejette parfois des aliments après avoir développé une aversion ou une réaction allergique.
L’anorexie infantile peut entraîner de lourdes conséquences sur la santé de l’enfant, en particulier sur le déroulement de la croissance. L’alimentation détient une importance majeure sur le développement du nourrisson. Un enfant qui refuse de se nourrir ne pourra pas couvrir ses besoins nutritionnels, et souffrira de carences.
Les facteurs de risque des TCA du nourrisson et du jeune enfant
Les difficultés alimentaires du jeune enfant sont en constante augmentation ; en 2016, elles concernaient 20 à 25 % des nourrissons et des jeunes enfants et sont devenues un des motifs de consultation les plus fréquents dans cette tranche d’âge(3).
Les facteurs de risque des TCA ont été étudiés à travers une étude cas-témoin menée entre janvier 2011 et décembre 2014 comprenant un échantillon de 103 enfants, dont 57 présentant des difficultés alimentaires et 46 témoins.
Cette étude a pour but de mettre en évidence les facteurs susceptibles de favoriser les troubles du comportement alimentaire (TCA) chez l’enfant de 0 à 3 ans, afin de dépister les situations à risque, prévenir l’évolution vers les formes sévères et préciser les stratégies à mettre en place pour une prise en charge adaptée.
Les antécédents familiaux et personnels, ainsi que la prise en charge nutritionnelle et médicamenteuse de chaque enfant ont été analysés. Plusieurs facteurs de risque ont été mis en évidence chez les enfants avec TCA par rapport aux enfants témoins.
|
Facteurs de risque de TCA |
Patients (n = 57) |
Témoins (n = 46) |
p |
Antécédents familiaux |
TCA famille |
44 % |
9 % |
< 0,01 |
Antécédents personnels |
Césarienne |
40 % |
11 % |
0,002 |
Prématurité |
26 % |
0 % |
< 0,01 |
|
Hypotrophie |
22 % |
7 % |
0,05 |
|
Pathologie néonatale |
40 % |
9 % |
< 0,01 |
|
Prise en charge nutritionnelle et médicamenteuse |
Changement de lait |
74 % |
33 % |
< 0,01 |
Hydrolysats de protéines de lait de vache |
53 % |
9 % |
< 0,01 |
|
IPP |
65 % |
12 % |
< 0,01 |
IPP : inhibiteur de la pompe à protons
Au contraire, les facteurs suivants n’ont pas eu d’incidence sur l’apparition de TCA : l’IMC et la multi-culturalité des parents, le rang de l’enfant et le nombre d’enfants dans la fratrie, les antécédents de fausses couches et d’IVG, le déclenchement de l’accouchement ou encore l’allaitement maternel.
À retenir sur les facteurs de risque des troubles alimentaires du bébé
Plusieurs facteurs de risque de TCA jusque-là non étudiés ont été mis en évidence et doivent être connus des médecins pour permettre la prévention et la prise en charge optimale des difficultés alimentaires du jeune enfant.
Les antécédents familiaux et les antécédents personnels représentent les principaux facteurs de risque. Pour près de la moitié des patients ayant participé à l’étude, des cas de TCA sont recensés chez au moins un membre de la famille. L’apparition d’une allergie aux protéines de lait, la prématurité, une pathologie néonatale figurent aussi parmi les facteurs de risque de TCA du bébé.
Des conseils pratiques doivent être donnés aux parents dès l’apparition des premiers troubles, tels que des moyens concrets d’action, une délimitation d’un cadre de soins en collaboration avec le médecin ou encore le recours à des équipes spécialisées multidisciplinaires pour les cas sévères.
IMC : Indice de Masse Corporelle ; IVG : Interruption Volontaire de Grossesse
Sources
(1) Introduction aux troubles du comportement alimentaire — Troubles psychiatriques — Édition professionnelle du Manuel MSD (msdmanuals.com)
(2) Trouble d’évitement/de restriction de la consommation alimentaire — Troubles mentaux — Manuels MSD pour le grand public (msdmanuals.com)
(3) Dubedout S, Cascales T, Mas E et al. Troubles du comportement alimentaire restrictifs du nourrisson et du jeune enfant : situations à risque et facteurs favorisants. Archives de Pédiatrie 2016 ; 23 : 570-576
Date de mise à jour : 01/12/2023