une dame avec des lunettes dans un rayon de supermarché qui regarde le dos d’un produit
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L’Oqali et l’Inrae ont évalué les effets des reformulations, réalisées depuis 2009 sur les chips, pizzas et plats cuisinés, sur les apports nutritionnels des consommateurs.

Reformulation des recettes et renouvellement des produits peuvent-ils améliorer les apports nutritionnels des consommateurs ? L’Oqali a tenté de répondre à la question en évaluant, avec l’aide de l’Inrae, la contribution relative des changements de l’offre (évolution de la qualité nutritionnelle des aliments) et de la demande (changements des comportements de consommation), et en tenant en compte des revenus ou de l’âge des consommateurs.
Pour cela, les chercheurs ont adapté un algorithme développé par Griffith et al. (2017) aux données de l’Oqali et se sont focalisés sur quatre catégories de produits : les chips, les pizzas fraîches, les pizzas surgelées et les plats cuisinés surgelés. Leurs compositions ont été collectées entre 2009 et 2012 puis entre 2015 et 2016. Elles ont été appariées aux volumes de ventes (panel Kantar Worldpanel) pour prendre en compte la part de marché de chaque produit au sein de la catégorie. 

Des apports en acides gras saturés et en sel globalement en hausse

La reformulation des produits contribue globalement à diminuer les apports en AGS et en sel pour les chips, les pizzas fraîches et les plats cuisinés surgelés mais par pour les pizzas surgelées. Cependant, l’ampleur de cet impact est modérée, sauf dans le cas des chips pour lesquelles presque tous les produits ont été reformulés pour atteindre une teneur en AGS inférieure à 5 g/100 g.

Le renouvellement de l’offre a un effet ambigu : il augmente les apports en AGS pour toutes les catégories étudiées (effet compris entre +1,5 % et +11,0 %), à l’exception des chips (—27,5 %). Mais en parallèle, il réduit les apports en sel pour tous les secteurs étudiés de 1,2 à 4,5 %.

Les changements de comportement des consommateurs vont dans le sens contraire aux recommandations nutritionnelles : en substituant des produits à d’autres, les consommateurs ont augmenté leurs apports en AGS et sel et dans toutes les catégories étudiées (de +1,5 % à +21,5 % pour les AGS et de +0,8 % à +3,3 % pour le sel).

Enfin, la croissance du marché entre 2009 et 2016, c’est-à-dire l’augmentation de la consommation des produits des catégories étudiées (de +7,4 % à 12,4 %), à l’exception de celle des plats cuisinés surgelés (—3,2 %), a mécaniquement influencé les apports en AGS et sel des consommateurs.

Un impact plus fort dans les foyers modestes et chez les moins de 35 ans

La reformulation profite globalement à tous les consommateurs de la même manière, quel que soit leur revenu ou leur âge, et ne réduit l’hétérogénéité des apports en AGS et en sel selon les classes de revenus ou d’âge, que si les recettes sont grandement et largement améliorées, comme cela a été le cas pour les chips entre 2009 et 2011.

Cependant, l’impact des reformulations est proportionnel aux consommations des individus. Les reformulations de 2015—2016, ont donc plus d’impact (positifs ou négatifs selon les catégories) sur les classes à faible revenus qui consomment plus — que celles à revenus élevés — de chips (658 contre 527 g/an), de pizzas fraîches (968 contre 755 g/an) et de pizzas surgelés (976 contre 739 g/an). De même, elles ont plus d’impact sur les moins de 35 ans, qui consomment plus que les plus de 66 ans de chips (626 contre 437 g/an), de pizzas fraîches (1021 contre 648 g/an) et de pizzas surgelées (976 contre 739 g/an).

Au contraire, la consommation de plats cuisinés surgelés est plus importante parmi les revenus élevés (5705 contre 4862 g/an) et chez les plus de 66 ans (5372 contre 5063 g/an chez les moins de 35 ans).

Les auteurs du rapport concluent que des efforts de reformulation sont engagés et vont dans le sens des recommandations nutritionnelles pour le sel et les AGS, et que la reformulation des produits est un levier intéressant pour améliorer la qualité nutritionnelle des produits. Mais son impact est souvent modéré si les efforts ne sont pas de grande ampleur. Le renouvellement de l’offre, n’a, lui, pas d’effet clair sur l’amélioration de la qualité nutritionnelle de l’offre.

Enfin, un point critique réside dans le fait que les consommateurs changent de marque ou de produit pour se tourner vers des alternatives moins saines (les limites d’acceptabilité sont peut-être atteintes). Ceci contribue systématiquement à une augmentation des apports en AGS et en sel. Dans le contexte d’un jeu concurrentiel entre les industriels, cela peut constituer un obstacle à l’amélioration de la qualité nutritionnelle des produits pour les fabricants qui souhaitent s’engager dans le cadre d’accords individuels d’engagements volontaires.

Contributions de l’offre et de la demande à l’évolution des apports nutritionnels par catégorie de ménages — OQALI, Edition 2024. https://www.oqali.fr/media/2024/04/OQALI_2024_Contributions_de_l_offre_et_de_la_demande_a_l_evolution_des_apports_par_categorie_de_menages.pdf.

C. Costa

Date de publication : 20/11/2024

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