Une analyse fouillée des freins et des motivations des jeunes à pratiquer une activité physique qui devrait être utile à tous ceux qui souhaitent les faire bouger.
L’ONAPS a exploré les facteurs facilitants ou au contraire représentant un obstacle à la pratique d’activité physique et à la lutte contre la sédentarité chez les enfants, les adolescents et les jeunes adultes. Pour cela, les données de la littérature scientifique nationale et internationale ont été analysées.
Un constat alarmant
Le sport est et reste un marqueur de jeunesse. Plus de 46 % des 15—29 ans pratiquent une activité physique et sportive plus d’une fois par semaine contre seulement 39 % des 30—49 ans. Les 10—19 ans constituent aussi la majorité des personnes licenciées dans une fédération sportive en France. Toutefois, cette population est aussi très touchée par l’inactivité physique (37 % des 6 à 10 ans et 73 % des 11 à 17 ans n’atteignent pas les recommandations d’activité physique) et la sédentarité (seuls 19,3 % des garçons et 26,6 % des filles de 11 à 17 ans passent moins de 2 heures par jour devant un écran). Précisons que 49 % des 11 à 17 ans combinent la sédentarité à l’inactivité physique et 17 % affichent les plus forts niveaux de sédentarité et d’inactivité physique.
Cinq grandes familles de facteurs, organisées selon un modèle socioécologique, ont été identifiées : ceux liés à la nature de l’activité, ceux individuels liés au statut socioéconomique, l’environnement social et relationnel, les facteurs environnementaux, les politiques publiques nationales.
La motivation des jeunes
Une activité imposée, obligatoire, répétitive ou formelle peut décourager et ennuyer les adolescents. La compétition et la recherche de performance peuvent aussi être un frein. Pour que l’activité semble agréable aux adolescents, il faut qu’elle ait du sens pour eux. L’enjeu principal est donc de réinventer les modalités de pratique pour rendre les activités plus attractives et qui rejoignent les besoins et envies des jeunes et des adolescents. Une formation plus approfondie des professeurs semble incontournable ainsi que l’aménagement des cours d’écoles et des espaces qui l’entourent.
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Augmenter le niveau d’activité physique au collège |
Les facteurs individuels et liés à la position socio-économique
Une faible aptitude physique, l’épuisement, la fatigue, les blessures, le surpoids, l’obésité, le fait d’avoir des problèmes de santé, une gêne physique ou une motricité limitée peuvent être corrélés à une faible pratique d’activités physiques ou sportives. La perception de l’activité et des avantages à en retirer influencent aussi l’attitude de l’individu vis-à-vis de cette activité. Les inactifs perçoivent peu ou moins les effets positifs de l’activité physique et sportive sur le mental, le corps, le sommeil, la socialisation etc. La motivation des jeunes est aussi influencée par la confiance dans leurs propres capacités physiques, l’estime de soi, le plaisir retiré et l’attention des personnes importantes pour elles. En réalité, tous ces facteurs dépendent très largement des caractéristiques socioéconomiques de l’individu et de ses parents. Plus le niveau d’aisance matérielle est faible, plus la pratique des adolescents est faible. Le niveau de diplôme, la profession et la catégorie socioprofessionnelle influencent aussi la représentation que la personne a de son corps, du sport et des différents effets potentiels de la pratique physique. Enfin, les contraintes sociales et professionnelles augmentent avec l’âge et sont souvent à l’origine d’un décrochage important à l’adolescence vis-à-vis des activités sportives.
L’environnement social et relationnel
L’environnement proche de l’adolescent (famille) peut fortement influencer sa pratique d’activités physiques ou sportives. Les pairs ont aussi un rôle important à jouer dans la motivation à pratiquer une activité. Le contexte environnemental de l’école, lorsqu’il y a peu d’opportunités offertes, un manque d’équipement ou de pédagogie, peut être un frein à la pratique. Le programme d’intervention auprès de collégiens centré sur l’activité physique et la sédentarité (Icaps) est un exemple de programme réussi et pouvant être mis en place dans les établissements.
Les facteurs environnementaux
L’environnement construit et l’environnement naturel sont des freins importants, surtout s’ils empêchent l’adolescent de pouvoir se déplacer en autonomie et de se rendre dans des lieux de pratique en toute sécurité. Le nombre d’équipements sportifs, leur qualité, leur accessibilité à pied, à vélo ou en transports en commun, et leur sécurité doivent être améliorés. La subvention préférentielle des territoires sous-équipés est suggérée.
Les politiques publiques nationales
L’ONAPS indique qu’au niveau national, la Cour des comptes ainsi qu’un rapport d’information par le comité d’évaluation et de contrôle des politiques publiques sur l’évaluation des politiques de prévention en santé publique, demandent au gouvernement plus d’efforts pour coordonner l’ensemble des initiatives et en faire une réelle politique d’ampleur nationale.
La sédentarité
En ce qui concerne la sédentarité, les mêmes facteurs d’influence peuvent être mobilisés (âge, sexe, environnement social et relationnel, etc.), en prenant en compte la spécificité et l’influence particulière de certains d’entre eux comme l’utilisation des écrans, les activités entre pairs et à l’école. L’utilisation des écrans est encore une fois très liée à la position socioéconomique des parents de l’adolescent. Les pairs peuvent aussi créer un cadre où les activités sédentaires en groupe sont préférées aux activités physiques encadrées ou en famille. Le temps sédentaire imposé par l’école occupe aussi une grande partie du temps assis dans la semaine des adolescents et des enfants. L’environnement direct du lieu d’habitation de l’adolescent ainsi que la société dans laquelle il vit sont des facteurs d’influence de la sédentarité. De la même manière que cela a été montré pour l’activité physique ou sportive, les politiques publiques en faveur de la réduction de la sédentarité semblent insuffisantes et montrent l’absence d’un programme d’ampleur au niveau national pour prévenir des risques sanitaires qui y sont liés.
Pour lutter contre la sédentarité, une sensibilisation de tous les acteurs impliqués dans l’éducation et l’accompagnement des adolescents paraît centrale. Au niveau national, plusieurs programmes ont été mis en place comme celui en primaire « 30 minutes d’activité physique quotidienne » (Cf. CND pages informations du vol 59(1)) et celui au collège « Deux heures hebdomadaires supplémentaires d’activité physique et sportive pour les collégiens » (Cf. CND pages informations du vol 59(2)). D’autres programmes d’activité physique ludique sont en cours d’élaboration (Tous Globe-Trotters !). L’environnement physique autour de l’école, du lieu d’habitation et des lieux de pratique physique et sportive de l’adolescent, doit être sécurisé et permettre des déplacements autonomes pour réduire leur temps de sédentarité.
L’ONAPS espère que les décideurs s’empareront des recommandations formulées dans le rapport, sans quoi, la période adolescente, structurante pour les habitudes de vie adultes, restera le lieu d’ancrage des habitudes sédentaires et des comportements inactifs.
Source : ONAPS. Facteurs d’influence de l’activité physique et Sportive et de la sédentarité chez les jeunes (10—19 ans). https://onaps.fr/wp-content/uploads/2024/03/2024-03-19-Revue-litterature.pdf
C. Costa « © Société Française de Nutrition. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés »
Date de publication : 05/07/2024
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