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Selon les derniers résultats de l’enquête ObEpi 2, gérée désormais par La Ligue contre l’Obésité, près de la moitié de la population française (47 %) est en surpoids ou obèse.  

Le monde de la nutrition, les autorités médicales et les médias généralistes ont bien connu et apprécié l’étude épidémiologique ObEpi réalisée tous les trois ans de 1997 à 2012 à l’initiative du laboratoire Roche, conçue et analysée conjointement par Marie-Aline Charles (Inserm) et Arnaud Basdevant (service de nutrition La Pitié-Salpêtrière) à partir des données recueillies par Kantar-Health-IPSOS auprès de son panel familial de consommateurs français adultes (plus de 18 ans) représentatif de la population générale.

Le caractère répétitif de cette étude a permis d’apprécier l’augmentation progressive et continue pendant 15 ans de la prévalence du surpoids et de l’obésité.

Entre 1997 et 2012, l’obésité était passée de 8,5 à 15 % avec un net ralentissement de sa progression entre 2009 et 2012 mais aussi un quadruplement de la prévalence de l’obésité massive (classe III) de 0,3 à 1,2 %. La progression du surpoids de 30 à 32,3 % semblait, elle aussi, se ralentir sans qu’il soit possible d’affirmer qu’il ne s’agissait pas là d’un effet cohorte.

On aurait souhaité qu’en 2015 un nouvel épisode voit le jour mais le laboratoire Roche retira son soutien financier.

Dès 2017, nous avions poussé le Fonds français alimentation et santé à reprendre le flambeau ; le droit d’utiliser le nom fut gratuitement accordé par Roche au terme d’une longue négociation à laquelle se joignit la Ligue contre l’Obésité. Après le retrait du FFAS, la Ligue contre l’Obésité resta le seul opérateur et réalisa en 2020 l’enquête qu’il conviendrait d’intituler ObEpi 2 dans la mesure où la méthodologie diffère quelque peu d’ObEpi original.

Les premiers résultats ont été présentés le 30 juin en conférence de presse.

ObEpi 2 a été réalisé par l’institut de sondage Odoxa avec le concours de la Chaire Santé de SciencesPo. L’enquête a inclut un échantillon de 9598 adultes (plus de 20 000 dans Obépi 1) de plus de 18 ans interrogés par internet (probablement par questionnaire) et pondéré en fonction du sexe, de l’âge, de l’activité professionnelle et du niveau de diplôme pour la rendre représentative de la population française.

Globalement, les sujets en surpoids représentent 30,3 % de la population, l’obésité 17 % (surpoids + obésité : 47,3 %) plus fréquente chez les femmes (17,4 %) que chez les hommes (16,7 %) et les obésités massives 2 %. On serait ainsi très proche de la moitié de la population française en surpoids ou obèse d’autant plus que ces chiffres sont probablement sous-évalués (possiblement de l’ordre de quelques points comme dans ObEpi 1) en raison de la nature déclarative des poids et tailles.

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Il est sans doute peu rigoureux de comparer directement les valeurs obtenues en 2020 à celles de 2012 en raison des différences de méthodologies des deux études. Cependant les résultats de 2020 semblent bien confirmer les tendances observées en 2012 : stabilisation ou légère baisse de la prévalence du surpoids, augmentation de celle de l’obésité (+2 points en 8 ans) à un rythme voisin de celui observé entre 2009 et 2012 (+0,5 points en 3 ans), et augmentation importante, en valeur relative (+60 %) : 2 %, des obésités massives (ce qui semble en accord avec l’augmentation du nombre des interventions de chirurgie bariatrique). Resterait à expliquer les évolutions divergentes des prévalences de l’obésité et du surpoids. On aimerait pouvoir penser que les politiques publiques ont eu une certaine efficacité sur les sujets dont les difficultés à contrôler leur poids sont mineures.

La cartographie des régions administratives ayant changé, la comparaison des différences régionales n’est pas possible entre ObEpi 1 et 2 confirme cependant la fracture territoriale : prédominance dans le Nord et l’Est de la France et exception parisienne, sans doute en relation avec le statut économique et social : plus du double chez les ouvriers et employés que chez les cadres. Il en va de même pour les liens bien connus entre obésité et co-morbidités (HTA, diabète, apnées du sommeil, maladies cardiovasculaires, dyslipidémies, arthrose…).

À la cohorte d’adultes ObEpi 2 est associée une cohorte de 2229 sujets âgés de moins de 18 ans. Entre 2 et 17 ans, environ 18 % des enfants seraient en situation d’obésité (norme IOTF). Entre 2 et 7 ans, 34 % des enfants seraient atteints de surpoids ou d’obésité mais comme l’a fait remarquer, à juste titre, notre collègue Patrick Tounian membre du conseil scientifique de la Ligue, les fluctuations de l’IMC aux âges précoces de la petite enfance rendent aléatoire le diagnostic avant 7 ans et ne devrait pas impliquer une intervention systématique mais plutôt un suivi rapproché. Chez les adolescents 11-17 ans, le surpoids se situerait autour de 17-20 % et l’obésité autour de 5 %, plus fréquent chez les garçons que chez les filles, ce qui indique bien qu’un nombre d’obésité infantile régresse plus ou moins spontanément à moins que l’on estime que les critères diagnostiques soient à revoir pour la petite enfance.

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On ne peut que se réjouir que la Ligue contre l’Obésité se soit emparée de ce projet et on espère qu’elle sera en mesure en 2023 de rééditer cette enquête, qui à défaut de fournir des chiffres exacts (on aurait aimé connaître les écart-types de la distribution) présentera un panorama des évolutions en cours et permettra d’avoir une idée de l’efficacité des actions destinées à prévenir les colossaux défis de ce problème de santé publique.

Enquête épidémiologique nationale sur le surpoids et l’obésité pour la Ligue contre l’Obésité. Nouvelle édition de l’étude ObEpi Roche menée depuis 1997. https://liguecontrelobesite.org/actualite/forte-progression-de-lobesite-en-france-en-2020/  

B. Guy-Grand 

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