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 L’activité physique est désormais considérée comme un outil de prévention et de prise en charge des maladies chroniques. L’expertise de l’Inserm explique pourquoi et comment la prescrire.


Le Bulletin Épidémiologique Hebdomadaire a édité un Hors-série en fin d’année 2020 rapportant les données de l’expertise collective de l’Inserm sur l’activité physique en prévention et traitement des maladies chroniques (2019) sous la forme de cinq articles. 

L’enjeu principal de cette expertise n’était pas de savoir s’il faut recommander ou prescrire une pratique régulière d’activité physique adaptée aux personnes atteintes d’une maladie chronique mais, d’une part, de déterminer les caractéristiques des programmes les plus efficients selon les aptitudes physiques, la ou les pathologies dont souffrent les personnes, leurs ressources psychosociales initiales, et d’autre part, réfléchir à l’amélioration de leur observance au long cours par le patient. 
Dix groupes de pathologies ont été étudiés : le diabète de type 2, l’obésité, la bronchopneumopathie chronique obstructive, l’asthme, les cancers, les syndromes coronaires aigus, l’insuffisance cardiaque, les accidents vasculaires cérébraux, les maladies ostéoarticulaires, la dépression et la schizophrénie. 

Le premier article rappelle l’enjeu majeur que représentent les pathologies chroniques en raison de leur prévalence, des morbidités et du risque de perte d’autonomie qu’elles occasionnent. En France, 28 millions de personnes suivent un traitement au long cours pour une ou plusieurs pathologies chroniques et 9 millions sont déclarées en affections de longue durée. 
L’activité physique entretient de multiples relations avec les maladies chroniques. Elle a démontré qu’elle était un facteur de prévention primaire des maladies chroniques et qu’elle pouvait aussi jouer un rôle central dans l’ajustement psychologique du patient à sa maladie chronique. À l’inverse, l’inactivité physique est fréquente chez les sujets atteints de pathologies chroniques, dont elle aggrave les morbidités associées et un processus de déconditionnement physique s’engage alors. Les auteurs de l’article concluent qu’au-delà de la connaissance propre de la maladie chronique, de sa sévérité, de ses complications, la connaissance du niveau d’activité physique et de la capacité physique du patient sont des éléments essentiels de l’évaluation de son état de santé et des prescriptions thérapeutiques ou symptomatiques qui s’ensuivront. 

Le second article explique que ce n’est qu’à partir du troisième volet du PNNS (2011—2015) que l’activité physique est devenue un axe à part entière dans les politiques publiques de santé mais sous l’angle de la prévention primaire uniquement. Les multiples plans nationaux intégrant l’activité physique (Sport-santé-bien-être, PNNS, plan obésité, plan bien vieillir, plan cancer) n’ont cependant pas permis un accès réel du grand public à une pratique durable. L’activité physique s’est véritablement institutionnalisée en intégrant le parcours de prise en charge des maladies chroniques (donc en prévention tertiaire) sous l’impulsion de certaines disciplines médicales comme la cardiologie et la diabétologie qui faisaient alors intervenir de nouveaux spécialistes, les enseignants en activité physique adaptée (APA). 

Le troisième et le quatrième article font la synthèse des programmes d’activités physiques adaptées à visée thérapeutique ou en complément d’un traitement, et qui devraient être prescrits en première intention par les médecins traitants. Les bénéfices de l’activité physique dans le cadre de plusieurs pathologies sont présentés et un programme d’activité est proposé. Ces programmes thérapeutiques d’APA réalisés selon le niveau de risque médical en établissement de santé, en maison de santé, en association de proximité ou au domicile doivent être mis en œuvre le plus tôt possible après le diagnostic de la maladie et suivis dans les parcours individuels de santé. Ils devront être personnalisés en fréquence, intensité, durée et modalités et selon les conditions et motivations des patients afin qu’ils soient aussi durables que possible. Une combinaison de pratiques est conseillée pour aider à la motivation du patient. 

 

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Dans le quatrième article, les chercheurs pointent le manque de données scientifiques dans certains domaines et font des recommandations en matière de recherche, entre autres pour trouver des solutions à la non-observance au long cours de la réalisation d’une activité régulière, sur l’optimisation des protocoles à recommander par pathologies, les effets de l’activité dans certaines populations sous-étudiées ou encore l’évaluation des dispositifs et modèles d’intervention proposés. 

Le cinquième article fait une synthèse des connaissances actuelles sur les barrières psychologiques et motivationnelles à la pratique régulière et durable de l’activité physique. Des techniques permettant d’agir sur la motivation du patient sont proposées (information, opportunités, anticipation et gestion des barrières, fixation d’objectifs, monitoring, partage d’expérience, soutien social...). Pour les publics les plus fragiles ou les plus réticents, il s’agira d’expérimenter concrètement des activités physiques ajustées aux possibilités, besoins, préférences, d’en ressentir les effets, de les vivre avec plaisir et de les reconnaître comme étant bénéfiques pour leur santé. 

Cette expertise montre que l’activité physique régulière a des effets démontrés en prévention primaire, secondaire et tertiaire. Cependant elle nécessite la formation de tous les intervenants, une évaluation préalable et un suivi prolongé des malades qui en bénéficient, ainsi qu’un accès aux infrastructures adaptées. 

Enfin, pour être déployés, les programmes doivent être financés par des systèmes durables, responsables et équitables (ex. assurance maladie, complémentaires santé, couvertures santé des entreprises, organismes de prévoyance, collectivités, associations, fédérations, fondations, économie sociale et solidaire, partage de données individuelles, aides provenant de taxes sur le tabac, l’alcool et autres produits à risque). 

Activité physique en prévention et traitement des maladies chroniques. BEH Hors-série — 3 novembre 2020 
https://www.santepubliquefrance.fr/ 

C. Costa 

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