Par Nestlé Nutri Pro ®
Par son incidence et les coûts engendrés tant sur le plan économique que social, l’ostéoporose constitue un problème de santé publique majeure, justifiant le développement d’une prévention active. S’il est impossible de modifier certains facteurs de risque d’ostéoporose comme l’âge, le sexe féminin, la génétique, il est possible d’agir sur beaucoup d’autres, notamment par l’observation de certaines règles d’hygiène de vie via l’alimentation ou la pratique d’une activité physique.
Les facteurs nutritionnels
Le calcium et l'ostéoporose
C’est le facteur nutritionnel le plus important. Idéalement, le calcium doit être apporté par l’alimentation. L'apport en calcium doit permettre d’assurer la minéralisation maximale de l’os lors de la croissance puis de préserver le capital osseux le plus longtemps possible.1 Le calcium se trouve dans les produits laitiers tels que le lait, le fromage blanc, les yaourts, etc.
- Dès l’enfance
L’acquisition d’un capital osseux dès l’enfance est fondamentale. Il existerait une corrélation positive entre l’importance du capital osseux acquis à l’adolescence et le risque fracturaire après 50 ans.
Vitesses de croissance de la masse structurale, la masse maigre et la masse osseuse 2
- Pendant l’âge adulte
Les apports en calcium des hommes et femmes adultes doivent rester adéquats pour maintenir le capital osseux. Il est recommandé d’avoir des apports en calcium de 900 mg/j, soit 3 portions de produits laitiers par jour.
- Après la ménopause
Après la ménopause (ou après 65 ans pour les hommes), les besoins en calcium augmentent. Ils sont estimés à 1200 mg/jour. Or en France, la ration calcique moyenne des hommes de plus de 65 ans est de 790 mg/jour et celles des femmes de plus de 50 ans de 690 mg/jour en moyenne. 3 Chez la femme ménopausée, une supplémentation calcique pourrait permettre de diminuer la perte osseuse de 1 % par an. Une revue de 16 études observationnelles portant sur les effets d’une supplémentation calcique sur la survenue des factures du col fémoral chez des femmes post-ménopausées, a retrouvé qu’une augmentation des apports calciques de 1 g/j serait associée à une réduction de 24 % du risque de fracture du col du fémur. 3,4
- Chez les sujets de plus de 55 ans
Les apports calciques sont généralement bien inférieurs aux apports recommandés : d’après l’enquête CCAF 2007 (Crédoc), 32 % des 55-64 ans, et 51% des plus de 65 ans ont des apports inférieurs aux 2/3 des apports nutritionnels conseillés (Valeur limite en dessous de laquelle la population est considérée comme présentant un risque accru de carence) 5 ce qui peut entrainer des conséquences graves sur leur santé.
Apports nutritionnels conseillés en calcium selon l’âge 6
Tranche d’âge |
ANC (mg/jour) |
1 à 3 ans |
500 |
4 à 9 ans |
800 |
10 à 18 ans |
1 200 |
Adulte > 18 ans |
900 |
Femmes > 55 ans |
1 200 |
Hommes > 65 ans |
1 200 |
Femme enceinte (3ème trimestre) ou allaitante ou après allaitement |
1 000 |
Vitamine D
La vitamine D n’est pas apportée majoritairement par l’alimentation. Les 2/3 des besoins sont produits par les cellules profondes de l’épiderme sous l’action des rayons solaires ultraviolets.
- La vitamine D (en association à la parathormone [PTH] endogène) joue un rôle crucial sur la régulation phosphocalcique, la résorption du calcium au niveau intestinal et sa réabsorption au niveau des tubules rénaux. Des taux bas de vitamine D et élevés de PTH seraient associés à une diminution de la DMO (Densité Minérale Osseuse).
- Avec l’âge, on observe une diminution de la production de vitamine D par la peau, aggravée par une moindre exposition solaire. 1,3
- En Europe, l’insuffisance en vitamine D concerne 36 % des hommes et 47 % des femmes. Les sujets âgés étant les plus touchés (60 % des plus de 75 ans). 1,3
- Des études importantes ont montré les bénéfices d’une supplémentation en vitamine D (à 10-15 μg/j) chez le sujet âgé.
- L’association d’une supplémentation calcique à une supplémentation en vitamine D entrainerait également une diminution significative de la survenue des fractures du col et des fractures périphériques. 3
Apports nutritionnels conseillés en vitamine D selon l’âge 7
Tranche d’âge |
ANC (μg/jour) |
1 à 3 ans |
10 |
4 à 12 ans |
5 |
13 à 19 ans |
5 |
Adulte |
5 |
Personnes âgées |
10 |
Femme enceinte et allaitante |
10 |
Les protéines
À côté du déficit en calcium et vitamine D, la carence protéique joue un rôle déterminant sur le statut osseux et le risque de fractures, donc sur le risque de développer l’ostéoporose. 1On retrouve les protéines dans les aliments tels que la viande, le poisson et les œufs.
- Il convient de ne pas réduire les apports protéiques chez le sujet âgé pour ne pas aggraver une éventuelle dénutrition.
- Une diminution des apports protéiques induit une diminution de l’absorption digestive du calcium et une hyperparathyroïdie secondaire 3
- Une supplémentation protéique aurait un effet bénéfique sur la DMO (Densité Minérale Osseuse), d’autant plus que les apports en calcium et en vitamine D sont adéquats.
Dans une étude randomisée contre placebo, une supplémentation de 20 g/jour de protéines (supplément protéique oral composé à 90 % de caséine et fournissant 1 050 kJ d'énergie sous forme de 20 g de protéines, 3,1 g de lipides et 35,7 g d'hydrates de carbone) chez des sujets âgés (> 60 ans) présentant une fracture récente du col fémoral, recevant par ailleurs du calcium (550 mg) et de la vitamine D (dose unique de 200 000 UI de vitamine D3), a permis une réduction de la diminution de la DMO fémorale de 50 %. 3,8
Apports nutritionnels conseillés en protéines selon l’âge 9
Tranche d’âge |
ANC (g/jour) |
Enfants- Adolescents |
|
1 à 2 ans |
0,72 g/kg/j |
2 à 3 ans |
0,76 g/kg/j |
4 à 10 ans |
0,9 g/kg/j |
11 à 18 ans |
0,85 g/kg/j |
Adulte |
0,83 g/kg/j |
Personnes âgées |
1 g/kg/j |
La vitamine K
La vitamine K est un micronutriment important dans la prévention de l’ostéoporose. Un déficit en vitamine K ou la prise d’anti-vitaminiques K peut entrainer une diminution de la carboxylation de protéines impliquées dans le métabolisme osseux, en particulier l’ostéocalcine. Toutefois, un régime équilibré, riche en légumes, avec des apports modérés en huiles végétales assure des apports corrects en vitamine K pour une large majorité de la population.
Adopter une hygiène de vie bénéfique 10
L’activité physique
Parmi les facteurs environnementaux, l’activité physique constitue un des éléments indispensables au maintien de l’intégrité du squelette et participe donc à la prévention de l’apparition de l’ostéoporose. La pratique d’une activité physique a un effet bénéfique sur la DMO (Densité Minérale Osseuse) 11,12 :
- rôle prépondérant dans l’établissement du pic de masse osseuse chez l’enfant et l’adolescent
- ralentissement de la diminution de la masse osseuse chez la femme ménopausée
- entretien de la musculature et de l’équilibre
- diminution du risque de chute et de fracture chez le sujet âgé : diminution jusqu’à 50 % du risque de fracture du col du fémur chez la femme
Même de simples exercices isotoniques (simple contraction, relaxation) ont démontré des effets positifs sur la densité osseuse. Le mouvement n’est donc pas « indispensable », même s’il est hautement souhaité.
Lutte contre le tabagisme et l’alcoolisme
Ces deux facteurs sont liés à une diminution de la DMO. Le sevrage tabagique et la maitrise de la consommation d’alcool permettent donc une réduction du risque d’ostéoporose.
Maintien d’un poids et d’un IMC normal
Un faible poids et un faible IMC sont corrélés à un risque accru d’ostéoporose et de fracture ostéoporotique. Leur maintien à des valeurs normales réduit le risque d’ostéoporose.
En pratique : les conseils à donner aux patients
Assurer des apports calciques suffisants
Recommandez à votre patient de consommer des aliments riches en calcium ; 3 à 4 produits laitiers par jour. En pratique : un produit à chaque repas (y compris le petit déjeuner) !
On trouve environ 300 mg de calcium (soit le quart des apports nutritionnels conseillés pour les adolescents ou les personnes âgées) dans chacun des aliments suivants 1 :
- 1 bol de lait (1/4 de litre)
- 300 g de fromage blanc
- 2 yaourts
- 80 g de camembert ou 30 g d’emmental
En complément, conseillez à votre patient de préférer des eaux minérales riches en calcium.
Si votre patient n’arrive pas à consommer les aliments sources de calcium, complétez ses apports par une supplémentation médicamenteuse.
Des apports suffisants en vitamine D
Conseillez à votre patient de s’exposer raisonnablement au soleil. Une exposition régulière, même limitée (avant-bras, visage), permet déjà de synthétiser de la vitamine D.
En complément (en hiver, pour les personnes ne pouvant pas s’exposer ou avec des vêtements couvrants), pensez à leur conseiller de consommer des poissons gras, des œufs, de privilégier des aliments enrichis en vitamine D et d’utiliser en assaisonnement des huiles végétales sources de vitamine D.
Des apports protéiques adéquats
Conseillez à votre patient d’introduire un aliment source de protéine à chaque repas
On trouve 18 à 20 g de protéines dans 1 :
- 100 g de viande, de poisson, de volaille ou d’abats
- 2 tranches de jambon
- 2 œufs
- 1 verre de lait, une portion d’emmental et un yaourt
Divers produits végétaux apportent aussi des quantités intéressantes de protéines : germe de blé, flocon d’avoine, amande, noix de cajou... 1,13
Autres conseils : consommation de fruits et légumes
Rappelez à votre patient qu’il est important de consommer 5 fruits et légumes par jour (pour la vitamine K). Encourager l’activité physique de votre patient, adapté à son âge et à sa forme physique. Prendre en compte les facteurs favorisant les chutes (traitements psychotropes, maladies neurologiques, troubles visuels, aménagement domestique inadapté...)
En finir avec les idées reçues
Le sport est "mauvais pour les os"
Les activités physiques bénéfiques pour le capital osseux sont précisément celles qui exercent des pressions répétées sur la trame osseuse : la marche, le jogging, la gymnastique. En revanche, la natation, du fait du travail musculaire en quasi-apesanteur a beaucoup moins d’effets. Il faut toutefois s’assurer d’un matériel adapté, ne pas courir sur un sol trop dur (pour ménager les articulations) et privilégier les exercices développant l’équilibre.
Le soleil est "mauvais pour les vieux"
Il est exact qu’une exposition excessive au rayonnement ultra-violet favorise les tumeurs cutanées ; mais l’exposition modérée de zones même limitées (avant-bras, visage) est un facteur décisif pour la synthèse de la vitamine D.
Les produits laitiers écrémés n’apportent pas autant de calcium
Leur faible teneur en matières grasses n’a pratiquement aucun impact sur la teneur en calcium. Ils peuvent être conseillés à des sujets pléthoriques (diabétiques ou hypercholestérolémiques, par exemple). Il ne faut pas oublier que le taux d’absorption du calcium des produits laitiers est de 25 ou 30 % par l’organisme, ce qui est voisin de celui des formes médicamenteuses.
À retenir sur l’ostéoporose et son traitement
- La prévention de l’ostéoporose est basée sur des mesures hygiéno-diététiques, à la fois nutritionnelles avec des apports adéquats tout au long de la vie en calcium, vitamine D et protéines, fruits et légumes mais aussi la pratique d’une activité physique. Une supplémentation médicamenteuse peut être mise en place si les mesures nutritionnelles ne suffisent pas pour prévenir l’ostéoporose.
- L’aménagement de l’environnement et les mesures diététiques permettront de prévenir le risque de chute et les fractures en résultant 3
Pour en savoir plus
- Nestlé Nutrition Institute et la rubrique “Elderly/Musculoskeletal Health”
- Nestlé Health Science France
- GRIO (Groupe de Recherche et d’Information sur les Ostéoporoses)
- Télécharger la fiche pratique Apports en calcium chez la femme de plus de 50 ans. Cette fiche pratique destinée à vos patientes de plus de 50 ans comprend un test simple et rapide pour les aider à évaluer leurs apports quotidiens en calcium et des conseils pratiques pour les améliorer.
Sources
- PNNS. Prévention des fractures liées à l’ostéoporose. Nutrition de la personne âgée.
- Salles J-P. Transparence osseuse de l’enfant. Acquisition du pic de masse osseuse. L’observatoire du mouvement, lettre d’information 2006;20:4-5.
- Breuil V, Euller-Ziegler L. Nutrition et vieillissement osseux. L’ostéoporose. Nutrition clinique et métabolisme 2004;18:212-218.
- Cumming R, Nevitt M. Calcium for Prevention of Osteoporotic Fractures in Postmenopausal Women. J Bone Miner Res 1997;12(9):1321-9.
- CNIEL. Les produits laitiers dans l’alimentation des Français en 2009. Question Sur n°33. Juillet Aout 2009.
- Anses. Vitamine D : pourquoi et comment assurer un apport suffisant ? Disponible sur le site https://e-phy.anses.fr/fr/content/vitamine-d-pourquoi-et-comment-assurer-un-apport-suffisant
- Anses. Apports nutritionnels conseillés en calcium pour la population française. Disponible sur le site Le calcium : pourquoi et comment en consommer ? | Anses - Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail
- Schürch MA et al. Protein supplements increase serum insulin-like growth factor-I levels and attenuate proximal femur bone loss in patients with recent hip fracture. A randomized, double-blind, placebo-controlled trial. Ann Intern Med 1998;128:801-809.
- Afssa. Apports en protéines : consommation, qualité, besoins et recommandations. 2007.
- HAS. Prévention, diagnostic et traitement de l’ostéoporose. Note de synthèse. Juillet 2006.
- PNNS. Dossier de presse. L’activité physique au quotidien protège votre santé.
- Body JJ et al. Non-pharmacological management of osteoporosis: a consensus of the Belgian Bone Club. Osteoporos Int 2011;22:2769–2788.
- Anses. Aliments riches en protéines d’origine végétale. Disponible sur le site https://www.anses.fr/fr/content/les-prot%C3%A9ines
Sources générales :
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- Kardinaal AF et al. Dietary calcium and bone density in adolescent girls and young women in Europe. J Bone Miner Res, 1999 ; 14 : 583-592.
- Chapuy MC, Arlot ME, Duboeuf F, et al. Vitamin D and calcium to prevent hip fractures in elderly women. N Engl J Med. 1992;327:1637-1642.
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- Heaney RP. There should be a dietary guideline for calcium. Am J Clin Nutr. 2000;71:658-670.
Date de mise à jour: 08/06/2023