Cette publication permet de mieux comprendre les différences entre maladie cœliaque, allergie au blé, syndrome de l’intestin irritable et la sensibilité au gluten connue sous le nom d’intolérance au gluten non cœliaque.
La popularité des régimes pauvres en gluten est un phénomène mondial. Si la maladie cœliaque est une maladie bien établie, le rôle du gluten dans l’apparition de symptômes intestinaux ou extra-intestinaux chez des patients sans maladie cœliaque est moins connu. Cet article aide à faire la distinction entre divers troubles liés au gluten ou au blé.
L’intolérance au gluten non cœliaque ou la sensibilité au gluten
L’intolérance au gluten non cœliaque (IGSMC) est évoquée en face de symptômes (intestinaux ou extra-intestinaux) déclenchés par l’absorption de gluten, en l’absence de la maladie cœliaque ou d’allergie au blé. La présentation clinique de l’IGSMC associe les symptômes d’un SII avec des manifestations systémiques (fatigue, céphalées, douleurs articulaires ou musculaires, éruption cutanée, dépression, anxiété, anémie).
Les symptômes de l’intolérance au gluten non cœliaque
Les symptômes de l’intolérance au gluten non cœliaque apparaissent peu de temps après l’ingestion de gluten, disparaissent dans les heures et les jours qui en suivent l’arrêt, et réapparaissent en cas de nouvelle ingestion.
La sensibilité au gluten non cœliaque : quel traitement ?
Comme pour la maladie cœliaque, un régime sans gluten est recommandé.
La maladie cœliaque ou l’intolérance au gluten
La maladie cœliaque (MC) ou l’intolérance au gluten concerne des patients génétiquement prédisposés qui vont développer une réaction immunitaire au gluten alimentaire. Le gluten est la protéine la plus abondante de certaines céréales (blé, seigle, orge…). La maladie cœliaque affecte au moins 1% des populations occidentales et entraîne des dommages au niveau de l’intestin grêle ainsi que l’élévation de certains anticorps.
L’intolérance au gluten et les symptômes
Les symptômes sont généralement ceux d’une malabsorption intestinale : diarrhée, douleur et distension abdominale, météorisme, gaz. D’autres signes sont plus atypiques : anémie, ostéoporose, fatigue. Dans certains cas, la maladie est asymptomatique. Le diagnostic est fait grâce au dosage d’immunoglobulines spécifiques, à un typage génétique (gènes HLA DQ2 et HLA DQ8) et à des biopsies de l’intestin grêle. Le seul traitement connu de la MC est l’éviction à vie du gluten. Un régime sans gluten reste incontournable.
L’allergie au blé
L’allergie au blé (AB) est une réaction allergique IgE-médiée aux gliadines insolubles du blé.
Les symptômes apparaissent dans les minutes ou les heures qui suivent l’ingestion de blé : démangeaisons, œdème de la bouche, du nez, de la gorge, éruption cutanée et wheezing, voire choc anaphylactique. Les manifestations gastro-intestinales de l’allergie au blé peuvent être similaires à celles de la maladie cœliaque, mais sans entrainer de dommages au long cours. Le diagnostic est réalisé en dosant les IgE.
Le syndrome de l'intestin irritable
Le syndrome de l’intestin irritable (SII) est un trouble caractérisé par des symptômes gastro-intestinaux (douleur abdominale, diarrhée), sans pathologie abdominale particulière. 15% de la population serait concernée. Le SII pourrait être lié aux fructanes. Les fructanes, glucides à chaîne courte, sont très présents dans le blé et faiblement absorbés par l’intestin grêle, ce qui peut augmenter la quantité d’eau et de substrats propices à la fermentation. Ces éléments pourraient expliquer les manifestations gastro-intestinales du SII. Un régime pauvre en FODMAP (Fermentable Oligo-, Di-, and Mono-saccharides And Polyols) pourrait améliorer jusque 74% des patients souffrant du syndrome de l’intestin irritable. Les FODMAP sont retrouvés dans un large éventail d’aliments : le lait, les poires, les pommes, les artichauts, l’ail, les oignons, le blé, le seigle, les drupes. Les céréales pauvres en FODMAP sont essentiellement les plus pauvres en gluten : riz, avoine, quinoa, maïs.
L’ISGMC regroupe des patients aux profils très divers en termes de symptomatologie, d’histoire clinique et de caractéristiques, et concernerait une faible frange de la population. Il n’existe encore que peu d’études cliniques menées chez l’homme. Il semblerait qu’il y ait, chez ces patients, une activation de l’immunité acquise déclenchée par l’ingestion de gluten, en l’absence de modifications de la muqueuse intestinale. Un régime pauvre en FODMAP a montré chez certains patients un effet positif. Le rôle du gluten dans l’apparition des symptômes intestinaux ou extra-intestinaux chez ces patients reste encore à préciser.
Ce qu’il faut retenir des troubles liés au gluten :
Cet article aide à faire la distinction entre les divers troubles liés au gluten ou au blé : la maladie cœliaque, au diagnostic et à la prise en charge bien établis ; l’allergie au blé, réaction allergique IgE-médiée aux gliadines insolubles du blé ; le syndrome de l’intestin irritable, probablement lié aux fructanes et touchant 15% de la population et l’intolérance au gluten non cœliaque, évoquée en face de symptômes déclenchés par l’absorption de gluten en l’absence de maladie cœliaque ou d’allergie au blé.
Biesiekierski JR, Iven J. Non-coeliac gluten sensitivity: piecing the puzzle together. United European Gastroenterol J. 2015 ; 3 (2) : 160-5.
Date de publication : 22/02/2016