Et si l’hypertension à l’âge adulte trouvait son origine dès l’enfance ? Des chercheurs Suédois proposent une explication à cette hypothèse.
L’hypertension artérielle découverte à l’âge adulte pourrait trouver son origine tôt dans la vie lorsque les sujets souffrent dès l’enfance de surpoids ou d’obésité selon une étude suédoise.
Pour en arriver à cette conclusion, les chercheurs de l’université de Göteborg (Suède) ont examiné l’association entre l’IMC au cours du développement et la pression artérielle systolique et diastolique en milieu de vie (50-64 ans) chez 1 683 personnes (858 hommes et 825 femmes) nées entre 1948 et 1968 des cohortes BMI Epidemiology Study Gothenburg (BEST) et Swedish CArdioPulmonary bioImage Study (SCAPIS).
L’IMC des participants de la cohorte BEST Gothenburg était obtenu à l’âge de 7 à 8 ans à partir des dossiers de santé scolaire et à l’âge de 18 à 20 ans lors des examens médicaux d’intégration dans l’armée (obligatoire jusqu’en 2010). Les informations sur la pression artérielle entre 50 et 64 ans proviennent des participants à l’étude SCAPIS non traités pour hypertension au moment de la mesure de la pression artérielle. Enfin, toutes les analyses ont été ajustées en fonction de l’année de naissance.
La pression artérielle chez les hommes adultes augmente de façon linéaire avec l’augmentation de l’IMC à l’âge de 8 ans et avec l’augmentation de l’IMC pendant la puberté (différence entre 7/8 ans et 18/20 ans), indépendamment l’un de l’autre. Une augmentation d’une unité d’IMC par rapport à l’IMC moyen de l’enfance était associée à une augmentation de 1,30 mmHg de la pression artérielle systolique et à une augmentation de 0,75 mmHg de la pression artérielle diastolique, indépendamment l’une de l’autre. De même, une augmentation d’une unité d’IMC par rapport à l’IMC pubertaire moyen (équivalent à un changement d’IMC pubertaire moyen de 5,4 kg/m2) chez les hommes était associée à une augmentation de 1,03 mmHg de la pression artérielle systolique et à une augmentation de 0,53 mmHg de la pression artérielle diastolique à l’âge moyen, indépendamment l’une de l’autre.
Chez les femmes, la pression artérielle à l’âge moyen augmentait linéairement avec l’augmentation de l’IMC à la puberté. Une augmentation d’une unité de l’IMC pubertaire était associée à une augmentation de 0,96 mmHg de la pression artérielle systolique et de 0,77 mmHg de la pression artérielle diastolique à l’âge moyen, indépendamment de l’IMC de l’enfance. En revanche, l’IMC de l’enfance n’était pas lié à la pression artérielle systolique ou diastolique au milieu de la vie, quel que soit le changement d’IMC à la puberté.
Pour Jenny Kindblom, co-autrice de l’étude, « bien que les différences de pression artérielle ne soient pas très importantes, une pression artérielle légèrement élevée pendant de nombreuses années peut endommager les vaisseaux sanguins et entraîner des maladies cardiovasculaires et rénales ». Elle explique « qu’une masse grasse excessive induit une inflammation chronique de bas grade et un dysfonctionnement endothélial dès l’enfance, et que l’augmentation de la masse grasse viscérale pourrait, chez les individus dont l’IMC augmente fortement pendant la puberté, être un mécanisme contribuant à l’augmentation de la pression artérielle.»
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Hypertension artérielle : une prévalence élevée et une population peu sensibilisée |
Source: Lina Lilja et Jenny Kindblom. Congrès européen sur l’obésité (ECO) Venise 12-15 mai 2024. https://eco2024.org/
C. Costa « © Société Française de Nutrition. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés »
Date de publication : 05/07/2024
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