Sommaire

L’AFDN1  et Nestlé France se sont associés pour évaluer la perception, les pratiques et les besoins de formation des diététiciens nutritionnistes en matière d’alimentation durable. L’enquête, réalisée dans un contexte d’évolution forte des préoccupations des Français quant à l’impact environnemental de leurs consommations pose la question de l’accompagnement des patients.

Un guide pour accompagner les Français ?

Le changement climatique et la réduction nécessaire de l’empreinte écologique, font de l’alimentation durable l’un des enjeux majeurs de notre époque. Quel rôle pourraient avoir les diététicien(ne)s nutritionnistes pour guider les Français vers des pratiques alimentaires plus durables ? 

Ces acteurs de la santé publique « contribuent [déjà] à la définition, à l’évaluation et au contrôle de la qualité de l’alimentation servie en collectivité ainsi qu’aux activités de prévention en santé publique relevant du champ de la nutrition » (Cf. Art L 4371-1). Et en 10 ans, leur nombre a doublé pour atteindre 15 558 praticiens dont 41 % sont installés en libéral (DREES 2021). Toutefois, le développement durable n’a jamais été abordé au cours de leur formation. Il n’apparait qu’en 2022 et dans des enseignements spécifiques du BUT Génie Biologique (formation de 3 ans).

Quelle expertise ont les diététicien(ne)s de l’alimentation durable ? 

Comment perçoivent-ils/elles l’alimentation durable ? Quelle vision ont-ils/elles de leur rôle dans la mise en place d’une politique d’alimentation saine et durable ? Et se sentent-ils/elles suffisamment formés pour conseiller leurs patients dans cette transition ?

L’enquête réalisée par l’AFDN en partenariat avec Nestlé y répond concrètement.  

   •    Une vision de l’alimentation durable pleine de bon sens

L’alimentation durable intéresse une large majorité de diététicien(ne)s (96 %) et en particulier ceux/celles exerçant en restauration collective. Huit diététicien(ne)s sur dix déclarent spontanément prendre en compte cette dimension dans leur pratique quotidienne. 

A noter qu’en termes de définition, les diététicien(ne)s évoquent avant tout une alimentation qui  respecte l’environnement (pour 60 % des répondants), et seulement 25% lui associent la qualité nutritionnelle et 15% les aspects économiques et sociaux.

L’alimentation considérée comme la plus durable est, pour 86 % d’entre eux/elles, le régime méditerranéen, suivi du régime flexitarien2  (67,8 %) et du régime AFTERRES 20503  (56,4 %). Au contraire, les régimes végétaliens et végétariens sont peu cités (16,9% et 39,4%, respectivement), probablement pour des raisons d’apports nutritionnels plus difficiles à équilibrer.

 Pour ces professionnels de santé, une alimentation durable doit, en effet, respecter plusieurs  critères

-    Etre à la fois bon pour la santé et bon pour l’environnement (84%), savoureux (68%) et abordable (43%) ;Ne pas exclure les aliments d’origine animale (cité par 50 %) mais garantir des conditions d’élevage responsables (67 %) ;
-    Couvrir les besoins nutritionnels des populations (cité par 57 %) ;
-    Exclure les aliments dits « ultra-transformés » (pour 60 % des répondants).

Les végétaux sont perçus comme des aliments à faible impact tandis que les viandes, poissons, produits laitiers, œufs et alternatives aux produits animaux sont plutôt perçus comme des aliments à fort impact environnemental.

   •    Un rôle justifié par les questionnements des patients

Les diététicien(ne)s assistent à l’émergence de préoccupations alimentaires des Français vers des pratiques plus durables. Leurs patients les interrogent principalement sur la réduction ou l’arrêt de la consommation de viande (cité par 72 % des répondants), la consommation d’aliments Bio (63 %), les atouts du fait maison (60 %), la réduction ou l’arrêt de la consommation d’aliments dits « ultra-transformés »(55 %) ou encore la consommation de fruits et légumes de saison (53 %).

Un besoin d’information clairement identifié

   •    Des outils en soutien

Les diététicien(ne)s estiment pouvoir jouer un rôle de sensibilisation auprès de leurs patients ou au sein de leur structure à condition d’avoir à leur disposition : 

(1)    Des outils pour guider les patients vers une alimentation plus végétale et durable (cité par 73 % des répondants) ;
(2)    Des repères simples pour appliquer les principes de l’alimentation durable pour les différentes catégories de population (enfants, sportifs, seniors...) (69 %) ;
(3)    Des informations sur certains ingrédients stigmatisés (huile de palme, soja, additifs...) (63 %).

   •     Des formations sur des sujets spécifiques

Trois sujets de formation leur semblent essentiels à approfondir : 

(1) L’impact environnemental et nutritionnel de la transformation des aliments. Les récents débats sur le concept et la définition des aliments dits «  ultra-transformés » expliquent probablement la fréquence importante de cette demande (choisi par 79 % des répondants).

(2) Concilier durabilité et équilibre nutritionnel en pratique au quotidien (77 %) ;

(3) Maitriser les nouveaux régimes (flexitarien, végétarien, végétalien) pour mettre en place des conseils adaptés (72 %).

     •    Trois leviers pour convaincre

Pour inciter leurs patients ou convives à changer leurs pratiques, les diététicien(ne)s comptent s’appuyer sur trois arguments principaux :

-    Les bénéfices santé d’une alimentation durable (pour 84% d’entre eux),
-    Les économies réalisées par la réduction ou la suppression du gaspillage alimentaire (63 %),
-    Les bénéfices de l’alimentation durable pour la planète (54 %).

                                                                                         ******

En conclusion, les diététicien(ne)s ont une vision claire de l’alimentation durable et estiment pouvoir jouer un rôle auprès de leurs patients et/ou convives dans sa mise en place. Cependant, ils/elles manquent d’outils pour les guider dans leur transition. Ces professionnels de santé ont aussi identifié les sujets sur lesquels il leur semble essentiel d’être formés.

Dans un contexte où les besoins alimentaires vont doubler à l’horizon 2050 et où l’empreinte écologique humaine doit être réduite, accompagner les consommateurs à modifier leurs habitudes vers des pratiques plus durables pourrait être l’une des missions des diététicien(ne)s nutritionnistes. A nous de leur proposer les outils et les formations pour les y aider.

Méthodologie de l’enquête

Enquête en ligne réalisée du 16 mai au 16 juin 2022 auprès de 530 diététicien(ne)s.

38,7 % de diététicien(ne)s cliniques (établissements de soins et/ou médico-sociaux), 
15,9 % de diététicien(ne)s en santé publique ou sociale, 
9,3 % de diététicien(ne)s en restauration collective. 

Un tiers travaille en consultation (33 %) ou à l’hôpital (30,9%). 

Plus de la moitié (52 %) a plus de 10 ans d’expérience.


1  Association Française des Diététiciens Nutritionnistes

  Qui limite sa consommation de viande et de poisson, sans être exclusivement végétarien

3  Basé sur une consommation de 60 % de protéines végétales et 40 % de protéines animales en favorisant les légumineuses, céréales complètes…

Date de publication : 18.10.2022

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