La constipation est un problème de santé publique non négligeable qui touche près d’1 Français sur 51, avec pour la plupart des patients un retentissement important sur la qualité de vie. 2
En plus de son impact physique, la constipation a un impact psychologique : 65 % des patients souffrant de constipation présentent des troubles psychiques. Ils sont également plus fréquemment sujets à des troubles de l’humeur ou à des troubles anxieux. 2
Afin de proposer une prise en charge optimale, des recommandations Françaises ont été émises par la Société Nationale Française de Colo-Proctologie (SNFCP). Ces recommandations explorent en détail la prise en charge de la constipation fonctionnelle et apportent des précisions sur la mise en place des règles hygiéno-diététiques et l’utilisation des laxatifs. 2
1. Définition de la constipation fonctionnelle 2
Une prise en charge optimale de la constipation fonctionnelle nécessite un diagnostic précis.
Actuellement, la constipation fonctionnelle est définie selon les critères de Rome IV :
Début des symptômes > 6 mois et présence d’au moins 2 des symptômes suivants sur les 3 derniers mois :
• Moins de 3 évacuations spontanées par semaine
• Dans 25 % des défécations ou plus :
• efforts de poussée,
• selles dures ou fragmentées (Bristol 1 ou 2),
• sensation d’évacuation incomplète,
• sensation de blocage ano-rectal,
• nécessité de manœuvres digitales pour aider à l’exonération.
• La présence de selles molles rares sans l’usage de laxatifs
• Le manque de critères diagnostiques pour le syndrome de l’intestin irritable
2. Physiopathologie de la constipation 2
En cas de constipation, les processus de continence et de défécation sont altérés. On distingue la constipation de transit, associée à des troubles du transit colique, et la dyschésie, associée à des troubles de l’évacuation.
Constipation de transit
Elle est liée à des troubles moteurs qui résultent d’un allongement du temps de transit, qui devient anormalement long. On distingue 3 types d’allongement du transit colique : colique droit (inertie colique), colique gauche et recto-sigmoïdien.
Certains patients ne présentent pas de troubles moteurs coliques. Le mécanisme du retard est alors défini par : une dysfonction du système nerveux autonome, une anomalie du système nerveux entérique, une anomalie du système neuro-endocrine et/ou une myopathie colique.
Plusieurs mécanismes sont à l’origine de la constipation de transit : altération de l’activité propulsive colique, contraction anormale de la paroi rectale, altération de la neurotransmission.
Dyschésie
L’évacuation rectale incomplète s’explique par un effort de poussée et de propulsion rectale inadapté associé ou non à une résistance augmentée à l’évacuation. Cela entraîne une pression de repos du canal anal augmentée (anisme), une relaxation incomplète ou contraction paradoxale du plancher pelvien et du sphincter anal externe (dyssynergie).
D’autres anomalies peuvent entraîner des troubles de la défécation : diminution de la sensibilité rectale, ralentissement du transit colique, anomalies anatomiques (périnée descendant, rectocèle).
Association de dyschésie et de constipation de transit
La constipation mixte est une situation fréquemment retrouvée chez les patients (> 50 % des cas dans certaines études).
Dans ce cas, l’origine de la dyschésie est difficile à établir. Le ralentissement du transit colique en présence d’un trouble dyschésique peut être dû à l’obstruction physique constituée par l’accumulation des selles, un réflexe recto colique inhibiteur initié par la distension rectale par les selles retenues ou une dysfonction colique motrice, qui n’a pas de lien direct avec les troubles défécatoires.
3. Prise en charge de la constipation en 1re ligne : règles hygiéno-diététiques 2
La prise en charge de la constipation en 1re intention passe par la mise en place de mesures hygiéno-diététiques.
Vous trouverez ci-dessous la synthèse des recommandations concernant l’ensemble des facteurs étudiés :
4. Prise en charge de la constipation en 2e ligne : traitements laxatifs et autres solutions 2
En cas de persistance de la constipation, l’utilisation des laxatifs (osmotiques et de lest) peut être envisagée, utilisés seuls ou en complément des règles hygiéno-diététiques.
En cas d’échec des laxatifs osmotiques ou de lest, l’utilisation des laxatifs de seconde intention (émollients et stimulants) peut-être envisagée.
Il existe également d’autres laxatifs disponibles (laxatifs locaux, colokinétiques et probiotiques) ainsi que d’autres catégories de traitements (biofeedbak, électrostimulations, thérapies alternatives (relaxation, hypnose, ostéopathie, acupuncture), toxine botulique, traitements chirurgicaux), qui ne seront pas détaillés dans cet article.
Pour en savoir plus sur l’utilisation des laxatifs de seconde intention et les autres solutions disponibles, consultez la publication.
Sources
- Suares NC, Ford AC. Prevalence of, and Risk Factors for, Chronic Idiopathic Constipation in the Community: Systematic Review and Meta-analysis. Am J Gastroenterol 2011;106:1582-91.
- SNFCP. Recommandations pour la Pratique Clinique. Prise en charge de la CONSTIPATION 2017. Version longue.
- Dupont C, Hébert G. Magnesium Sulfate-Rich Natural Mineral Waters in the Treatment of Functional Constipation–A Review. Nutrients 2020;12(7): 2052.
- Dupont C, et al. Efficacy and Safety of a Magnesium Sulfate–Rich Natural Mineral Water forPatients With Functional Constipation. Clin Gastroenterol Hepatol 2014;12(8):1280-7.
- Dupont C, et al. Time to treatment response of a magnesium- and sulphate-rich naturalmineral water in functional constipation. Nutrition 2019;65:167-172.
Date de publication : 15/10/2021