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Consommer bio est-il la solution pour avoir une alimentation plus saine et préserver les ressources et le climat ? L’idée d’une planète végétale semble faire son chemin.

Quel est l’effet du mode de production alimentaire sur la santé des consommateurs ? Quel est l’impact environnemental des modes de consommation alimentaire ? La lutte contre le changement climatique peut-elle passer par ce que l’on met dans nos assiettes ? Solagro, entreprise associative d’accompagnement et de prospective autour des transitions énergétique, agroécologique et alimentaire, a tenté de répondre à ces questions dans un document de 64 pages rédigé en collaboration avec des scientifiques.

Dans les premières pages du document, Solagro rappelle les nouveaux engagements pour une alimentation durable du prochain PNNS, et présente les résultats de l’étude BioNutrinet (profil sociodémographique et nutritionnel des consommateurs bio, empreinte environnementale, exposi- tion aux pesticides…). Les impacts environnementaux des régimes bio versus conventionnel ont été évalués selon la consommation d’énergie, l’utilisation des terres et les émissions de gaz à effet de serre (GES). Les calculs ont été réalisés sur une cohorte de 29 000 consommateurs (BioNutrinet), pour une centaine de produits animaux et végétaux à la sortie de la ferme. Les calculs d’impact ont été mesurés pour les 442 ingrédients composant les 264 aliments référencés dans BioNutriNet. Résultat, le « consommateur bio » a besoin de 23 % de surface de moins pour se nourrir qu’un « consommateur conventionnel », 3492 m2 versus 4522 m2, les quantités d’énergie directes et indirectes utilisées pour la production agricole sont de 26 % inférieures pour le « consommateur bio » comparées au « consommateur conventionnel » (5400MJ/an versus 7200MJ/an). Concernant les émissions de gaz à effet de serre au niveau de la production agricole, le consommateur bio en émet 37 % de moins qu’un consommateur conventionnel (1160 kg en CO2 versus 1856kg en CO2). Au sujet des produits agricoles, ceux animaux constituent l’essentiel de l’empreinte surface des consommateurs de produits conventionnels (90 % versus 10 % pour les végétaux) et une très grande part des émissions de GES (89 %), la viande de ruminant et le lait représentant à eux-seuls 75 %. Enfin, les consommateurs bio présentent un meilleur profil nutritionnel (scores PAN- Diet et mPNNS-GS plus élevés), une meilleure adhésion aux recommandations du PNNS1 et une moindre exposition aux pesticides (entre −23 % et −100 % selon les molécules).

Le document fournit également une estimation de l’empreinte énergétique (5500 MJ/an) et carbone (1,7 teqCO2/an) de l’alimentation française (étude CECAM) qu’elle compare aux données BioNutrinet (4500MJ/an et 1,8 teqCO2/an) et à d’autres études sur le sujet. L’occasion pour Solagro de rappeler son travail de modélisation Afterres 50 et les fondements de son assiette idéale qui permettrait par des choix alimentaires judicieux de diviser par deux les émissions de GES de l’agriculture et limiter l’usage des pesticides. Au menu, un régime s’inspirant de celui méditerranéen, très végétal (2/3 des apports protéiques) notamment très riche en légumineuses (+1090 % par rapport à INCA 2) et pâtes (+129 %), peu carné (−50 % de viandes, −85 % de poisson, −62 % de charcuteries), et contenant peu de produits laitiers (−30 % pour le lait, −18 % pour l’ultrafrais, −58 % pour le fromage) et de gâteaux (−41 %). Les français seront-ils prêts à faire de telles concessions ?

Dans une seconde partie, le document nous alerte sur les pertes de terres agricoles et leur artificialisation, la stagnation des rendements agricoles, l’utilisation trop élevée de pesticides et ses conséquences sur la contamination des sols et l’état de santé des agriculteurs, la biodiversité menacée et la hausse des émissions mondiales de CO2. Autant d’arguments pour agir.

La solution semble évidente aux auteurs. Les données Bionutrinet la fournissent : plus les consommateurs mangent « bio », plus leur alimentation est végétale, plus ils préservent les ressources et le climat, et leur santé. Les effets bénéfiques du « régime bio » sur la santé seraient à la fois dus à une consommation plus importante de produits végétaux apportant notamment des fibres et des antioxydants, et à une moindre exposition aux pesticides et autres contaminants (cadmium). Il en est de même des effets bénéfiques sur l’environnement : l’alimentation des adeptes du bio nécessiterait moins d’espace (d’un quart) qu’une alimentation conventionnelle, émettrait moins de gaz à effet de serre (d’un tiers), mobiliserait moins d’énergie à la « ferme » (un tiers). Et le non-usage de pesticides en agriculture biologique serait favorable à la biodiversité et la santé. Les auteurs ajoutent que les produits animaux constituent l’essentiel de notre empreinte surface et des émissions de GES des consommateurs conventionnels.

Pour les auteurs du rapport, les changements des comportements alimentaires sont un levier déterminant de transition et les consommateurs bio en ont ouvert la voie. Ils comptent sur les tendances déjà en cours comme la baisse de la consommation de viande, l’augmentation de l’intérêt pour le bio et les circuits courts pour favoriser cette transition. Reste à obtenir l’appui des politiques pour faire évoluer le système alimentaire dans son ensemble. Mais engager les consommateurs à manger Bio, donc à dépenser davantage est-il éthique ? De même, les consommateurs bio de la cohorte BioNutrinet sont-ils comme les autres consommateurs ? Ont-ils les mêmes attentes ? La même sensibilité vis-à-vis de la santé et de l’environnement ? Bref manger bio suffira-t-il aux consommateurs de produits conventionnel pour adopter plus largement le même état d’esprit que celui des consommateurs quotidiens de produits Bio, qui ne représentent aujourd’hui que 12 % de la population française (Baromètre Bio 2019) ?

C. Costa  « © Société Française de Nutrition. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés ».

Le revers de notre assiette : Changer d’alimentation pour préserver notre santé et notre environnement. Solagro  https://solagro.org/travaux-et-productions/publications/le-revers-de-l-…

Date de publication : 18/12/2019

 

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