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Par Nestlé Nutri Pro ®

L’obésité infantile est depuis une quinzaine d’années en phase d’accroissement rapide. Elle est passée d'une pathologie ordinaire à un véritable problème de santé publique. En France, l’augmentation de la prévalence de l’obésité des enfants et adolescents s’est faite de manière forte et continue, mais les chiffres montrent que cette tendance se stabilise aujourd’hui.

Le surpoids et l’obésité précoce entraînent divers problèmes de santé à long terme. Les études démontrent que les personnes concernées par ces pathologies sont plus susceptibles d’en souffrir à l’âge adulte. Un enfant obèse a entre 20 % et 70 % de probabilité de le rester après l’adolescence (cela varie en fonction de son âge). Or, l’obésité favorise le développement de diverses maladies (troubles cardiovasculaires, respiratoires, pathologies articulaires, etc.) et de certains cancers(2).

Par ailleurs, les problèmes de surpoids impactent également le bien-être psychologique de l’enfant et de l’adolescent. Au quotidien, les jeunes concernés peuvent ressentir des difficultés dans la réalisation d’activités courantes, notamment pour celles exigeant une bonne condition physique. Les personnes souffrant de ces maladies sont parfois victimes de moqueries et souffrent du regard des autres. Mauvaise estime de soi, perte de confiance, échec scolaire : l’obésité infantile entraîne de multiples conséquences négatives sur le développement de l’enfant.

Le dépistage du surpoids ou de l’obésité par les courbes de croissance(1)

Les mêmes outils d’évaluation que chez l’adulte mais des définitions différentes

La forte hausse des cas d’obésité infantile en France a conduit les autorités de santé à renforcer les mesures de dépistage et d’accompagnement. En stabilisation depuis 2006, la part de jeunes en surpoids ou souffrant d’obésité reste trop importante. La Haute Autorité de santé recommande donc un suivi régulier de l’évolution de la corpulence de l’enfant dès son plus jeune âge(6). L’objectif est de détecter de manière précoce les situations à risque, afin d’agir rapidement pour limiter la prise de poids.

Evolution de la corpulence au cours de la croissance chez la fille (PNNS)

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Evolution de la corpulence au cours de la croissance chez le garçon (PNNS)

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En tenant compte de l´âge et du sexe, on définit actuellement 4 groupes :

  • Insuffisance pondérale : IMC < 3e percentile
  • Corpulence normale : 3e ≤ IMC < 97e percentile
  • Surpoids (incluant obésité) : IMC ≥ 97e percentile
  • Obésité : IMC > seuil IOTF*-30 (courbe atteignant la valeur 30 à 18 ans)

*IOTF : International Obesity Task Force

Des indications pour l´avenir de l´enfant

Pour une meilleure prise en charge de l’obésité infantile en France, les médecins se réfèrent aux recommandations de la Haute Autorité de santé. Ils se basent sur l’IMC et sur les courbes d’évolution de la corpulence pour repérer les éventuels problèmes de surpoids. Divers indicateurs leur permettent d’anticiper les risques d’aggravation à l’âge adulte.

L’utilisation de ces outils demeure indispensable pour détecter une prise de poids trop rapide ou trop importante. L’évolution morphologique varie d’un enfant à l’autre. Il s’avère délicat de repérer si un enfant est en surpoids simplement par une observation visuelle. C’est pourquoi il est nécessaire de se fier aux mesures de taille et de poids, ainsi qu’au calcul de l’IMC. En reportant ces informations sur les courbes d’évolution de la corpulence, le médecin peut ainsi mieux établir son diagnostic. 

La courbe d´évolution de l’IMC fournit des informations importantes sur le plan pronostique. Normalement :

  • la masse grasse augmente durant la première année de vie
  • elle diminue ensuite jusqu´à l´âge de 6 ans
  • À 6 ans intervient ce que l´on appelle le "rebond d´adiposité"
  • puis elle augmente à nouveau jusqu´à la fin de la croissance

Ces indicateurs de référence permettent aux professionnels de santé de repérer les signaux d’alerte. Un rebond d’adiposité précoce ou une ascension continue de la courbe d’IMC dès la naissance peuvent laisser présager des problèmes de poids à l’avenir.

L’âge au rebond d’adiposité est corrélé à l’adiposité à l’âge adulte : plus il est précoce plus le risque de devenir obèse à l’âge adulte est élevé. En principe, il intervient à partir de 6 ans. Cela devient préoccupant lorsqu’il se produit dès 3 ans, voire avant.

Une surveillance systématique de la corpulence

Quels que soient leur âge, leur corpulence apparente et le motif de la consultation, la surveillance de la corpulence via la surveillance des courbes de poids doit être systématique chez tous les enfants et adolescents.

A partir de l’âge de 2 ans, cette surveillance doit être effectuée au minimum 2 fois par an et consiste à peser et mesurer l’enfant dans le but de calculer l’IMC, puis à tracer les 3 courbes : corpulence, taille et poids (devant figurer dans le carnet de santé).

Certains signes sont associés à un risque plus élevé de développer un surpoids ou une obésité et il est recommandé d’être particulièrement vigilant à ces signes d’alerte :

  • ascension continue de la courbe depuis la naissance
  • rebond d’adiposité précoce
  • changement rapide de « couloir » de la courbe de croissance vers le haut

L’Assurance maladie propose une aide aux familles afin d’assurer une prise en charge précoce du surpoids et de l’obésité infantile. Les enfants âgés de 3 à 12 ans, présentant un risque, en surpoids ou en obésité peuvent bénéficier d’un suivi couvert à 100 % par la Sécurité sociale. Cette prise en charge pluridisciplinaire doit d’abord faire l’objet d’une prescription médicale délivrée par le médecin traitant (3).

Épidémiologie : surpoids et obésité infantile en France

En 2006 en France, la prévalence du surpoids incluant l’obésité était estimée à 18 % chez les enfants de 3 à 17 ans, dont 3,5 % présentaient une obésité. 1

Les chiffres relevés en France en 2017 estiment que 5,4 % des enfants et des adolescents de 6 à 17 ans sont obèses(2).

Selon les études les plus récentes, ces fréquences de surpoids et d’obésité se sont aujourd’hui stabilisées. On constate même un léger recul chez les plus jeunes (5-6 ans). Il faut toutefois nuancer ces évolutions par l’accroissement des inégalités, la prévalence du surpoids et de l’obésité étant supérieures dans les populations défavorisées. L’écart entre les ouvriers et les cadres s’est accru : les ouvriers comptent 10 fois plus d’enfants obèses que les cadres contre 4 fois plus en 2002. 2

Évolution de la prévalence du surpoids et de l’obésité chez les enfants scolarisés (4)(5)

 

Surpoids

Obésité

Début

Fin

Début

Fin

Grande section

5-6 ans

(DREES 1999-2006)

1999 : 14,4 %

2006 : 12,1 %

1999 : 3,4 %

2006 : 3,1 %

CE1-CE2

7-9 ans

(InVS-DESCO 2000-2007)

2000 : 14,3 %

2007 : 13 %

2000 : 3,8 %

2007 : 2,8 %

CM2

10-11 ans

(DREES 2002-2005)

2002 : 15,8 %

2005 : 16 %

2002 : 4,1 %

2005 : 3,7 %

3ème

14-15 ans

2003-2004 : 12,4 %

2003-2004 : 4,4 %


Différentes études concluent à une augmentation du risque de morbidité et d’obésité à l’âge adulte comme conséquence d’une obésité chez l’enfant. Ainsi la probabilité qu’un enfant obèse le reste à l’âge adulte varie de 20 à 50 % avant la puberté et de 50 à 70 % après la puberté(1).

 Ceci pose donc le problème :

  • du dépistage (en particulier en cas de rebond d’adiposité survenant de façon très précoce, même chez un enfant de poids normal)
  • de la prévention (conseils hygiéno-diététiques dès l’apparition d’un surpoids, promotion de l’activité physique, de l´éducation nutritionnelle à l’école, promotion d’une alimentation équilibrée, information des parents et des grands-parents).

Bilan initial : examen clinique et entretien de compréhension (1)

Le bilan initial, quels objectifs ?

L’évaluation initiale effectuée par le médecin a pour but principal de confirmer le diagnostic de surpoids ou d’obésité, d’établir son historique, et d’apprécier son importance et les facteurs de risque associés. Ce premier bilan permet aussi de rechercher les éléments cliniques d’orientation étiologique, les comorbidités et les risques médicaux éventuels à la pratique d’une activité physique ou sportive.

L’examen clinique : mesures anthropométriques et examen médical

L’examen clinique doit débuter en tout premier lieu par les mesures anthropométriques :

  • poids, taille (calcul de l’IMC et report sur la courbe de corpulence)
  • tracé de la courbe de croissance staturale
  • mesure du tour de taille

Puis un examen médical doit être réalisé afin de rechercher les principales complications et comorbidités :

  • examen cardiovasculaire : auscultation, mesure au repos de la fréquence cardiaque (pouls) et de la pression artérielle (brassard adapté)
  • examen ostéo-articulaire : recherche de genu valgum ou recurvatum, trouble de la statique rachidienne, boiterie, pied plat...
  • examen de la motricité : souplesse, équilibre, coordination, dextérité...
  • examen des organes sensoriels : vision et audition
  • examen endocrinien : signes d’hypothyroïdie, d’hypercoticisme, acanthosis nigricans, examen de la glande thyroïde, examen du stade pubertaire, recherche d’hyperandrogénie (fille), recherche de signes dysmorphiques ou de malformations
  • examen dermatologique : vergetures, irritations au niveau des plis, autres lésions cutanées
  • examen des anomalies morphologiques : dysmorphie, anomalie des extrémités, gynécomastie, verge enfouie
  • examen dentaire : recherche de carie

L’entretien avec l’enfant et la famille

L’évaluation d’un enfant obèse, vu en consultation, devra être méthodique ; elle aura pour principaux objectifs d’affirmer le diagnostic et de situer la survenue de l’obésité de l’enfant dans sa chronologie et son contexte familial.

Pour cela, le médecin pourra s’appuyer sur deux éléments essentiels : le carnet de santé et l’interrogatoire de l’enfant et de l’un ou des deux parents.

Les domaines à explorer lors de l’entretien reposent sur :

  • les antécédents familiaux :

    • recherche d’obésité familiale,
    • présence de pathologies à risque (facteurs de risque cardiovasculaire, hypertension artérielle, diabète de type 2, dyslipidémie)
    • psychopathologie (troubles des conduites alimentaires)
    • consanguinité
  • les antécédents personnels de l’enfant / adolescent :

    • poids et taille de naissance, allaitement maternel, âge au rebond d’adiposité et âge de début de la prise de poids
    • pathologies avec traitements susceptibles d’être responsables de l’obésité
    • âge de début de la puberté et des premières règles
    • psychopathologie (notamment troubles des conduites alimentaires)
  • le contexte familial et socio-économique :

    • préciser la structure familiale (enfant unique, famille monoparentale, cadet d’une famille nombreuse)
    • particularités culturelles éventuelles
    • évènements familiaux stressants (naissance dans la fratrie, décès, séparation ou divorce des parents)
    • professions des parents, difficultés sociales
    • environnement de l’enfant, habitat
    • stigmatisation
  • le mode de vie :

    • scolarité, activités extra-scolaires, mode de garde, sédentarité (temps passé devant la TV, ordinateur, jeux vidéo...)
    • habitudes alimentaires (évaluation qualitative et quantitative des apports alimentaires, habitudes personnelles et familiales comme le lieu et le déroulement des repas) en recherchant plus particulièrement
      • un apport systématique de nourriture par la mère lors des pleurs du nourrisson, ou une diversification trop précoce
      • un laxisme ou, au contraire, une attitude autoritaire des parents envers l’alimentation
      • un déséquilibre alimentaire entrainant un apport énergétique excessif par rapport aux dépenses
      • une déstructuration du rythme des repas, une absence ou insuffisance de petit-déjeuner, des diners trop copieux, du grignotage entre les repas
    • pratique d’activité physique ou sportive (modalités de pratiques, activités physiques et sportives extra-scolaires structurées ou non, pratiques familiales, goûts, obstacles à la pratique, motivation)
  • les signes fonctionnels :

    • dyspnée, douleur articulaire, constipation
    • troubles du sommeil (ronflement, fatigue diurne, transpiration nocturne excessive, céphalées...)
    • troubles de l’estime de soi et de l’image du corps
  • l’appréciation de la motivation et la demande réelle de l’enfant et de la famille à apporter des changements à leur mode de vie

    • ne pas oublier d’interroger l’enfant seul : à partir de 8/10 ans et en fonction de la maturité de l’enfant, il peut être intéressant de prévoir, en plus des entretiens en famille, des temps d’entretien séparés pour l’enfant et les parents
    • de la perception de son obésité va découler sa motivation
  • l’analyse des représentations de l’enfant et de sa famille sur le poids et l’alimentation

  • les prises en charge antérieures et leur vécu

À la fin de cet entretien, une synthèse permettra de définir les difficultés, les ressources et le savoir-faire de l’enfant / adolescent et de sa famille et les priorités de la prise en charge.

Les examens complémentaires 

Chez un enfant présentant une obésité, certains examens complémentaires doivent systématiquement être réalisés :

  • exploration des anomalies lipidiques (EAL) : cholestérol total, HDL-C et triglycérides plasmatiques
  • glycémie à jeun
  • transaminases (ASTA, ALAT)

Sources

(1) HAS. Surpoids et obésité de l’enfant et de l’adolescent. Actualisation des recommandations 2003. Septembre 2011.
(2) https://www.ameli.fr/medecin/sante-prevention/enfants-et-adolescents/pr…;
(3) https://www.has-sante.fr/jcms/p_3320587/fr/surpoids-et-obesite-chez-l-e…
(4) DREES. L’état de santé de la population en France. Suivi des objectifs annexés à la loi de santé publique. Rapport 2009-2010. Nutrition et activité physique, surpoids et obésité de l’enfant. p140-141.
(5) Ministère de la Santé. Programme National Nutrition Santé 2011-2015.
(6)https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2022-02/guide_parc…


Date de mise à jour :  01/12/2023

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