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Le docteur Arnaud Cocaul, Médecin Nutritionniste à Paris, revient sur la problématique du surpoids chez l'enfant.

Quels sont les signes précurseurs du surpoids chez l'enfant ? Quels autres éléments de contexte doit-on prendre en compte ? Si un enfant est à la limite du surpoids, quels conseils donner aux parents ? Au-delà de l'alimentation, il y a-t-il d'autres points à surveiller ? Dans quel cas renvoyer vers un spécialiste ?

Date de publication : 18/08/2017

Texte de la vidéo

Prévention du surpoids chez l’enfant.

Quels sont les signes précurseurs du surpoids chez l’enfant ?

Les signes précurseurs de surpoids impliquent de regarder le carnet de santé. On s’enquiert de voir si les courbes sont établies régulièrement. Il faut regarder les courbes de poids mais également les courbes de taille. S’il y a un emballement du poids qui dépasse le 97ème percentile, on rentre dans les zones de surpoids, voire d’obésité. Dans ce cas-là il faut réagir. Autre chose, il faut regarder le rebond précoce d’adiposité. Plus il est précoce avant six ou sept ans et plus il y a un risque de démarrage d’obésité. Autre élément, faut-il faire un bilan hormonal chez les enfants ? La plupart du temps non, on demandera un bilan hormonal uniquement s’il y a une cassure de la courbe de poids mais également de la courbe de taille.

Quels autres éléments de contexte doit-on prendre en compte ?

L’autre aspect extrêmement important va être le profil familial, est-ce qu’il y a de l’obésité dans la famille, est ce que le père et la mère sont touchés par l’obésité ? Dans ce cas le risque d’impacter l’enfant est de 80%. Quel était le poids de naissance de l’enfant ? S’il était au-delà de 4 kilos, c’est un risque potentiel d'obésité ultérieure. Quel est le niveau socio-économique ? Est-ce que les parents sont CSP+ ou CSP- ? Parce qu’il y a des gradients socio-économiques qui vont impacter les choix alimentaires. Est-ce que l’enfant est né par césarienne ? Cela peut aussi impacter. Est-ce que l’enfant a été stigmatisé pendant la petite enfance, y’a-t-il eu des moqueries à l’école, les résultats scolaires sont-ils impactés ? Y’a-t-il eu des dégradations du milieu familial ambiant, c’est-à-dire un divorce, un déménagement, tout cela peut impacter négativement l’enfant. 

Si un enfant est à la limite du surpoids, quels conseils donner aux parents ?

Le conseil à donner en priorité aux parents est de ne jamais mettre un enfant au régime, c’est contre-productif et source de troubles du comportement alimentaire… donc aucun régime chez un enfant, ça sous-entend aucuns interdits. Lui montrer également d’où viennent les aliments, donc c’est l’éducation, l’emmener à la poissonnerie ou à la mer pour voir à quoi ressemblent des fruits de mer ou du poisson. Il faut lui apprendre également à domestiquer les aliments, car il peut avoir des néo-phobies alimentaires, c’est à dire la peur des aliments nouveaux, comme les fruits et les légumes. Donc peut-être un apprentissage si l’on a le temps de cuisiner ensemble, etc. Autre élément important, il faut que les portions soient adaptées en fonction de l’âge. Donc un enfant de cinq ans ne doit pas manger le steak d’un adulte, on lui donne donc une demi-portion, ça parait logique et c’est adapté. Dernier point, il faut éviter de donner des récompenses qui soient forcément alimentaires. Il y a des récompenses qui peuvent être autre : tu as bien travaillé, je t’emmène faire du vélo… pourquoi pas ?

 

Au-delà de l’alimentation, y’a-t-il d’autres points à surveiller ?

Au-delà de l’alimentation, il faut s’enquérir de l’activité physique. Est-ce que les parents sont pourvoyeurs d’activités physiques ? S’ils sont patates de canapé, ça va poser problème parce que leur enfant ne va pas forcément être actif. Il faut donc générer de l’exemple déjà afin que l’enfant suive l’exemple parental. Un autre point essentiel, c’est le temps accordé au sommeil et je rajouterai le temps passé devant les écrans, parce que ça va de pair. Plus l’enfant va passer du temps devant les écrans que j’appelle des voleurs d’attention plus l’enfant va avoir des perturbations du sommeil. Un enfant de 11 ans devrait dormir 10h par nuit. Le fait de dormir moins de 8h par nuit pour un enfant double le risque de rentrer dans le surpoids. C’est absolument catastrophique. Donc, l’une des questions prégnantes dans l’interrogatoire nutritionnel c’est de savoir « combien de temps tu passes à dormir ? » quand vous avez l’enfant en face de vous.

Dans quel cas renvoyer vers un spécialiste ?

Le généraliste doit déléguer vers le spécialiste quand il voit qu’il y a des emballements de l’indice de masse corporelle. S’il voit aussi qu’il y a une souffrance psychologique très intense avec une mésestime de soi, le fait que l’enfant soit engoncé dans son corps, qu’il a du mal à se mobiliser, etc, je pense qu’il faut un soutien.

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