Si l’alimentation lactée (lait maternel ou infantile) doit rester l’apport alimentaire principal du nourrisson avant 1 an, elle doit peu à peu être complétée par une alimentation diversifiée. La diversification alimentaire est une étape essentielle aux enjeux multiples : prévention des allergies, modification de la flore intestinale, apprentissage des goûts et des textures. Quelles en sont les grandes étapes ? Quelles quantités et quelles textures privilégier ?
Le Professeur Patrick Tounian, Chef de service de Nutrition et gastroentérologie pédiatriques à l’Hôpital Trousseau à Paris répond à ces questions en se basant sur les dernières recommandations en vigueur.
Date de publication : 07/09/2016
Texte de la vidéo
Pourquoi la diversification alimentaire est une étape importante ?
La diversification est une étape extrêmement importante et d’autant plus pour les parents, qui reçoivent des informations de partout et de nulle part avec des recommandations qui ont beaucoup changé au cours de ces dernières années, donc il fallait absolument faire le point. La diversification est importante parce que l’on introduit de nouveaux allergènes pour les risques d’allergies ultérieurs, on va introduire des fibres qui vont modifier la flore intestinale qui va avoir beaucoup de conséquences pour la suite, et puis l’enfant va découvrir la mastication et les goûts, donc il faut savoir bien mener cette étape de la vie.
Quelle sont les grandes étapes de la diversification alimentaire ?
On va commencer entre 4 et 6 mois, classiquement par des purées de légumes, puis des purées de fruits, et autour de 6 mois on va introduire viandes, poissons et œufs. Attention, diversification ne veut pas dire que nous allons oublier lait maternel ou lait infantile qui doivent rester l’aliment principal du nourrisson. Il doit être allaité au moins 4 fois par jour ou recevoir 700ml de lait infantile pour assurer l’ensemble de ses besoins nutritionnels. Autre point à souligner, les recommandations ont beaucoup changé ces dernières années et les toutes dernières publications laissent penser que l’on ne va plus différer l’introduction des aliments les plus allergéniques mais au contraire les introduire impérativement entre 4 et 6 mois pour prévenir la survenue d’allergies ultérieures. Quels sont ces aliments ? Œufs, poissons, fruits exotiques, fruits à coques (noix, noisettes, amandes) et arachides.
Quelles quantités et quelles textures privilégier ?
Il est important de commencer par des toutes petites quantités, quelques cuillères à café, pour laisser la place à une quantité de lait suffisante. Après, on va augmenter progressivement les quantités au fur et à mesure que l’enfant va grandir. Deuxième chose importante : les textures. Au tout début, vers 4 et 6 mois on va commencer par une texture lisse, mixée. Vers 8, 10 mois on passe à une texture moulinée, un peu moins lisse que mixé, et puis vers 1 an on va commencer à introduire les petits morceaux, les petits morceaux fondants. C’est important de ne pas rater cette étape pour ne pas avoir des enfants qui vers 1 an, 1an et demi, continuent à ne pas avoir de morceaux, et avoir ultérieurement des difficultés pour ingérer des morceaux.
Et après l’âge d’un an ?
Que faire après l’âge d’un an ? Premier point important parce que de nombreux bruits ont circulé là-dessus, le lait de croissance. Le lait de croissance est indispensable pour notamment assurer les besoins en fer. Un enfant après un an doit consommer au moins 1 biberon de lait de croissance par jour et ceci jusqu’à au moins 3 ans et probablement au-delà pour les petits mangeurs de viande, c’est-à-dire l’autre source alimentaire de fer. Le lait de croissance a d’autres qualités : il apporte des acides gras essentiels et de la vitamine D. Deuxième point important, la variété alimentaire. C’est important aussi après un an de proposer de multiples aliments différents, ça va faire découvrir de nouvelles saveurs à l’enfant et en faire peut-être un futur gastronome. Enfin, troisième point, qui est souvent discuté : le sucre et le sel. Là, il ne faut pas exagérer ni dans un sens ni dans l’autre. Il ne faut pas en mettre trop c’est sûr, mais il ne faut pas non plus totalement le bannir.
En conclusion.
Trois points à retenir. Le premier : progressivité et diversité. On augmente progressivement les quantités, on fait évoluer progressivement les textures et on propose un maximum de saveurs différentes le plus tôt à son enfant. Deuxièmement, le lait : lait infantile, lait maternel avant 1 an en quantité suffisante, lait de croissance après 1 an. Enfin, troisièmement, on a parlé beaucoup de règles mais chaque enfant est différent. Il faut donc proposer des quantités et des variétés différentes à chaque enfant et lui en disposera selon sa nature et ses besoins.