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Le secteur du Bio est en crise en France et le contexte inflationniste n’explique pas à lui seul la chute des ventes amorcée en 2022. Un changement des mentalités serait-il en cours ?

Le traditionnel baromètre annuel des produits biologiques en France dresse cette année un tableau contrasté de la place accordée au bio par les ménages français. Entre le contexte inflationniste et la fatigue informationnelle des consommateurs, le secteur peine à inverser la chute des achats amorcée depuis 2022. L’enquête, réalisée fin 2023 auprès de 4 000 sujets, représentatifs de la population française et 2 208 consommateurs réguliers (au moins une fois par mois) rapporte quelques constats préoccupants pour le secteur.

Un recul toujours en cours mais moins marqué

En 2023, la consommation de produits bio est toujours en baisse mais la chute est moins marquée qu’en 2022 : 54 % des Français en consomment au moins une fois par mois (contre 60 %) et 30 % en consomment au moins une fois par semaine (contre 34 %). Le contexte inflationniste pèse lourd sur le budget alimentaire des Français puisque 43 % disent être contraints à des restrictions de leurs dépenses. Ils sont 90 % à privilégier la consommation d’aliments peu chers (riz, pâtes, œufs. . .), 86 % à éviter les produits bio car trop chers, 85 % à éviter les aliments de grandes marques, 81 % à rogner sur la qualité, 78 % à fréquenter le hard discount et 73 % à acheter les premiers prix. Le prix est un frein important à l’achat de bio pour 66 % des Français qui en consomment chaque semaine et pour 80 % de ceux qui en consomment occasionnellement.

Santé et environnement préoccupent moins

L’analyse des données du baromètre révèle un basculement de l’attitude des français vis-à-vis de l’alimentation. Pour la première fois, il rapporte une baisse des préoccupations santé (65 % sont attentifs soit 4 points de moins qu’en 2022) et de celles liées à l’environnement (73 % sont préoccupés soit 8 points de moins), même si elles demeurent à un niveau élevé. Un léger recul de l’attention portée à la variété et la composition nutritionnelle des produits achetés, à la présence de perturbateurs endocriniens est aussi noté (2 à 3 points de moins qu’en 2022).

Chez les consommateurs réguliers de bio, les trois grandes raisons qui les motivent à en consommer sont aussi en chute : préserver sa santé (rassemble 53 % des consommateurs versus 57 % en 2022), pour le goût de produits (37 % versus 42 %), pour préserver l’environnement (37 % versus 43 %).

Moins d’attention portée aux labels

Les Français conservent une bonne connaissance des labels, logos ou certifications mais s’en préoccupent moins lors de leurs courses alimentaires. Ils sont 93 % à connaître le label AB et 79 % l’Eurofeuille. Mais lors de leurs achats alimentaires, ils y prêtent moins attention qu’auparavant : 60 % prêtent attention au label AB (en baisse de 5 points par rapport à 2022) et 57 % à l’Eurofeuille (en baisse de 2 points). De même, le besoin d’informations des Français sur les garanties de l’agriculture biologique en matière d’impact sur la santé et l’environnement, sur l’origine des produits, leurs contrôles ou leur réglementation est en recul de 3 à 16 points comparé à 2022.

Une fatigue alimentaire ?

L’image des produits bio est très associée à celle des produits bruts (les fruits et légumes viennent en tête). Or, pour leurs achats alimentaires, 62 % des Français privilégient l’aspect pratique/gain de temps et 34 % d’entre eux estiment que cuisiner est une corvée (en hausse de 4 points). Les produits bio pâtissent alors de cette image de manque de praticité dans une recherche du consommateur du « vite préparé » synonyme de gain de temps, et d’achats « en portions » pour limiter les pertes.

Retour vers une alimentation plaisir

Valeur refuge en temps de crise, le « bien manger » est de plus en plus associé au plaisir des sens (pour 42 % des sujets, + 15 points) et à la convivialité (32 % des sujets, + 10 points). Cependant, « une alimentation équilibrée » arrive encore en tête (à un point près !) de la définition du « bien manger » (pour 43 % des français).

L’attention au gaspillage en hausse

Les Français sont moins attentifs au fait d’acheter des produits frais, issus de circuits courts, à l’importance de cuisiner davantage ou de réduire l’utilisation de plastiques et d’emballages. En revanche, ils jugent important d’éviter les pertes et le gaspillage (67 % des Français contre 64 % en 2022).

Une attente hors domicile

Malgré le frein du prix, les Français ont des  attentes fortes pour avoir accès à des produits bio hors domicile. Ils comptent sur les professionnels de la restauration pour prendre le relais d’une transition alimentaire qu’ils ne souhaitent pas porter seuls : 69 % sont intéressés par le bio à la cantine ou au restaurant d’entreprise et ce chiffre monte à 71 % pour les restaurants. Sur les points de vente, l’offre bio paraît insuffisante (selon près de la moitié des sujets interrogés) dans les magasins de déstockage, chez les artisans (boulangers, bouchers…), en hard-discount et dans les petites surfaces de proximité.

Ces données confirment que le secteur du bio est en crise, que la volonté de manger bio reste d’actualité mais que les tensions sur le pouvoir d’achat des Français n’expliquent pas tout.

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BIO : la jeune génération plus investie que les autres

Source : Baromètre des produits biologiques en France 2024. Agence Bio, OBSoCo https://www.agencebio.org/

C. Costa « © Société Française de Nutrition. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés »

Date de publication : 05/07/2024

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