L’activité physique est un sujet d’actualité en termes de promotion de santé et de prévention des maladies. Elle tient une place importante au sein des recommandations de santé publique, au même titre que l’alimentation. Or il semblerait que notre mode de vie actuel nous pousse à être de plus en plus sédentaires et nous donne moins l’opportunité d’être actif physiquement.
État des lieux de la pratique de l’activité physique en France 1
Le baromètre santé nutrition réalisé en 2008, a analysé le niveau d’activité physique des Français âgés de 15 à 75 ans. Les données ont été recueillies en distinguant 3 situations :
- les activités au travail (travail rémunéré ou non : activité professionnelle, de bénévolat, tâches ménagères...)
- les déplacements d’un endroit à un autre (aller au travail, faire des courses, aller au marché...)
- les activités de loisirs (sport, fitness, autres loisirs...)
Le comportement sédentaire a également été mesuré par le temps passé assis ou couché lors d’une journée habituelle.
Lors d’une semaine habituelle, la moitié de la population (50,6 %) déclare faire une activité physique lors de ses loisirs, 55,7 % lors de ses déplacements et 57,7 % au travail.
Dans le cadre de ce baromètre santé nutrition, l’activité physique totale a été estimée à 2h19 minutes par jour et le comportement sédentaire à 4h38 minutes. Cette activité physique est réalisée dans sa plus grande proportion au travail (46,4 %), puis vient l’activité physique réalisée pour se déplacer (28,3 %) et enfin l’activité physique de loisirs (25,3 %).
Si l’on analyse ces résultats selon certaines caractéristiques sociodémographiques, on constate quelques disparités :
- selon le sexe
- La quantité d’activité physique apparait plus élevée chez les hommes (2h47 par jour) que chez les femmes (1h53 par jour).
- La proportion d’activité physique au travail semble être équivalente entre hommes et femmes. En revanche chez les hommes la proportion d’activité pratiquée dans le cadre des loisirs est plus importante que chez les femmes. Concernant les déplacements, cette tendance s’inverse puisque la proportion d’activité physique pratiquée dans ce contexte semble cette fois-ci plus élevée chez les femmes que chez les hommes.
- selon l’âge
- On constate que la part du temps consacré à l’activité physique de loisirs diminue avec l’âge ; elle passe de 30,5 % chez les moins de 26 ans à 13,7 % chez les 65-75 ans.
- La tranche d’âge déclarant la plus forte proportion d’activité physique au travail est représentée par les 35-44 ans, mais c’est également dans cette tranche d’âge que les déplacements sont les moins importants.
- selon la situation professionnelle
- Chez les étudiants, la répartition de l’activité physique est relativement équilibrée selon les 3 contextes : loisirs, travail, déplacements. Dans les autres situations professionnelles (travail, chômage, retraite, autres inactifs), la part qui revient au travail/occupation est la plus importante.
Moins de la moitié des Français âgés de 15 à 75 ans (42,5 %) atteignent un niveau d’activité physique favorable à la santé. Ce niveau d’activité correspond au niveau élevé défini par le questionnaire Gpaq (Global physical activity questionnaire) développé par l’OMS.2 Selon ce même questionnaire, 24,4 % des Français atteignent un niveau moyen et 33,1 % un niveau limité d’activité physique.
La proportion de sujets ayant un niveau d’activité favorable à la santé varie en fonction :
- du sexe : les hommes sont plus nombreux que les femmes à atteindre ce niveau (51,6 % vs 33,8 %)
- de l’âge chez les hommes (mais pas chez les femmes) : la proportion d’hommes déclarant un niveau d’activité physique favorable à la santé diminue jusqu’à la classe d’âge 45-54 ans puis se stabilise
Chez ces mêmes individus, le travail représente la plus grande part du temps de leur activité physique totale (64,9 %).
Ces résultats montrent bien que la majorité de la population n’exerce pas suffisamment d’activité physique et soulignent la nécessité d’en encourager la pratique.
Il est désormais bien établi que l’activité physique est un comportement qui a un effet protecteur à l’égard de différentes maladies chroniques et qui est associé à de nombreux paramètres de santé importants. Même si certains mécanismes d’action restent encore à élucider, ses effets sur la santé sont démontrés quels que soient l’âge et le sexe et l’activité physique s’inscrit aujourd’hui dans la plupart des recommandations de promotion de santé.
Les bienfaits de la pratique d’une activité physique 3,4
Une réduction de la mortalité démontrée
De nombreuses études de cohorte indiquent que la pratique d’une activité physique régulière et une meilleure capacité cardio-respiratoire sont associées à une diminution de la mortalité globale, chez le sujet jeune comme chez le sujet âgé.
L’effet favorable de l’activité physique est observé même pour de faibles niveaux d’activité et une relation de type dose/réponse est habituellement rapportée. Il est difficile de définir un seuil utile à atteindre pour infléchir la mortalité. Toutefois une activité physique correspondant à une dépense énergétique de 1000 kcal par semaine (dépense énergétique moyenne obtenue par 30 minutes quotidiennes d’activité physique modérée) serait associée à une réduction de 30 % de la mortalité.
Une amélioration du bien-être et de la qualité de vie
La pratique d’une activité physique régulière est associée dans différentes études transversales à un plus grand bien-être psychologique et à une meilleure tolérance aux contraintes de la vie professionnelle. Elle aurait également un effet bénéfique sur le vécu et la réaction aux contraintes psychosociales.
Chez les adolescents en particulier, le rôle bénéfique de l’activité physique fait l’objet d’un large consensus. En pleine période de bouleversement pubertaire corporel et psychique, les répercussions positives de l’activité physique se situent en particulier au niveau du stress, du bien-être, de l’image de soi, du fonctionnement social...
Chez les malades chroniques, les personnes en situation de handicap ou encore les personnes âgées, les bénéfices de l’exercice sur la qualité de vie sont également largement démontrés.
Enfin, dans la population des sujets âgés de 18 à 64 ans, sans trouble de santé particulier, les sujets pratiquant des activités de loisir ont un score de qualité de vie significativement plus élevé que les non actifs.
Une action à la fois préventive et thérapeutique sur les maladies multi-factorielles
L’activité physique, à raison de 30 minutes minimum par jour, est désormais recommandée dans le domaine des maladies multifactorielles, à la fois pour prévenir leur survenue et pour en limiter les conséquences lorsqu’elles sont installées.
- Diabète de type 2
- L’activité physique permet à elle seule de prévenir sa survenue dans près de 60 % des cas chez des sujets présentant une intolérance au glucose.
- Une fois le diabète installé, elle facilite l’homéostasie glycémique et peut permettre d’alléger le traitement médicamenteux. Elle permet également de retarder l’apparition des complications dégénératives.
- Hypertension
- L’activité physique réduit la pression artérielle chez les patients hypertendus (en moyenne de 11 mmHg pour la pression systolique, de 8 mmHg pour la pression diastolique). Elle réduit dans les mêmes proportions l’hypertension artérielle d’effort.
- Elle permet de différer, voire de rendre inutile, le traitement médicamenteux d’une hypertension artérielle de diagnostic récent.
- Profil lipidique
- L’activité physique participe à l’amélioration du profil lipidique sérique :
> Diminution en moyenne de 3,7 % du taux de triglycérides
> Diminution de 5 % du taux de LDL-cholestérol
> Augmentation de 4,6 % du taux de HDL-cholestérol
- Athérome
- L’activité physique améliore l’hypercoagulabilité et l’inflammation, impliquées dans la physiopathologie de l’athérome.
- Maladie coronarienne
- L’activité physique réduit de 25 à 35 % la mortalité chez les patients atteints de maladie coronarienne.
- Cancer
- D’après les définitions développées par le Fond de recherche mondial sur le cancer et l’Institut américain de recherche sur le cancer (niveau d’évidence scientifique allant de « convaincant » à « probable », « limité » puis « insuffisant »), l’activité physique a un effet préventif convaincant sur le cancer du côlon et probable sur le cancer du sein (chez la femme ménopausée) et le cancer de l’endomètre.
- Pour les cancers du poumon et de la prostate, les preuves restent limitées. En effet, sur les 51 études portant sur le cancer du côlon et le cancer colorectal, 43 ont démontré une diminution du risque chez les sujets les plus actifs, avec une réduction moyenne de 40 à 50 %.
- Concernant le cancer du sein, une diminution du risque a également été démontrée chez les sujets ayant l’activité physique la plus importante, avec une réduction moyenne de 30 à 40 %. Il est toutefois difficile de donner une quantité minimale d’exercice pour obtenir une protection car différents types d’activité physique peuvent être efficaces (marche, activité physique intense de courte durée, activité ménagère...). Néanmoins, si on considère uniquement une activité de type marche, le seuil minimum efficace se situe autour de 4h de marche par semaine.
- Pendant et après le traitement d’un cancer, une activité physique adaptée d’intensité faible à modérée permet également d’améliorer la qualité de vie et de diminuer la sensation de fatigue.
Les modalités de l’activité physique recommandée au cours des maladies cardiovasculaires associent des exercices globaux et des exercices plus analytiques développés contre une résistance au mouvement. La question du niveau le plus approprié de l’intensité de ces exercices reste posée. Des études ont suggéré que l’activité n’a pas besoin d’être intense pour avoir des effets cardiovasculaires bénéfiques et que la quantité d’énergie dépensée et la régularité sont probablement plus importantes que l’intensité. Un niveau minimal est cependant requis pour obtenir un impact sur la morbi-mortalité : niveau proche des 50 % des capacités maximales mesurables par un test d’effort de chaque sujet.
Des effets bénéfiques sur la gestion du poids
En termes de contrôle de poids, l’activité physique intervient en effet à plusieurs niveaux. Il est essentiel de distinguer ses effets en termes de prévention du gain de poids, de son rôle dans la prise en charge de l’excès de poids.
Les résultats de différentes études indiquent que l’activité physique peut jouer un rôle dans l’atténuation du gain de poids au cours du temps chez l’adulte, l’enfant et l’adolescent, sans toutefois permettre de prévenir complètement ce phénomène, ni promouvoir une perte de poids au niveau des populations. Il a ainsi été démontré que chez l’adulte, des activités d’intensité modérée de la vie quotidienne, telles qu’aller au travail en marchant ou en vélo étaient inversement associées au gain de poids après plusieurs années de suivi. En matière de prévention de la prise de poids, il convient à la fois de promouvoir l’activité physique, selon les recommandations, et de limiter le comportement sédentaire, autre aspect important en relation avec l’obésité.
Dans le cadre de la prise en charge des personnes en excès de poids, plusieurs situations sont ici aussi à distinguer :
- effets de l’activité physique sur la perte de poids d’amplitude modeste
- effets de l’activité physique sur le maintien du poids après une perte initiale d’importance majeure
- les effets bénéfiques de l’activité physique sur les comorbidités de l’obésité
Le maintien d’une perte de poids après amaigrissement initial, ou une moindre reprise de poids, représente un des intérêts majeurs de l’activité physique en cas d’excès de poids. Dans cette situation, 60 à 90 minutes d’activité d’intensité modérée par jour, ou une durée plus courte d’activité d’intensité plus élevée, seraient nécessaires chez l’adulte, ce qui représente un volume conséquent d’activité. Il faut surtout noter que l’effet majeur de l’activité physique dans ce domaine n’est pas la perte de poids mais la non reprise de poids.
Activité physique et capital osseux
L’activité physique, par les contraintes qu’elle exerce sur le squelette, induit la formation du tissu osseux. Durant la croissance, l’activité physique joue donc un rôle important dans l’acquisition du capital osseux. Elle agit à la fois sur la masse osseuse, sa densité et sur la texture. On observe également des bénéfices sur les propriétés mécaniques de l’os, comme une augmentation de la résistance à la fracture.
Ces effets bénéfiques de l’exercice physique sur le capital osseux sont indépendants de l’âge. Lorsque l’activité physique débute après que le pic de masse osseuse soit atteint, elle présente donc encore des bénéfices. En effet, même si elle ne conduit pas à un gain osseux, l’activité physique joue un rôle important dans la prévention et le traitement des différents syndromes de perte osseuse dont l’ostéoporose.
Attention aux excès 4
S’il est désormais reconnu que l’activité physique présente des bénéfices en termes de santé à bien des égards, il faut toutefois faire attention aux excès. En effet, pratiqué de manière trop intensive, l’exercice physique peut avoir certains effets néfastes :
- risque de traumatismes ostéoarticulaires, dérèglements hormonaux, surtout si l’activité physique est associée à un déficit de la balance énergétique chez la jeune fille (généralement activités à dominante esthétique)
- dégradation du système immunitaire sous l’effet d’entrainements intenses. De tels entraînements, même sur de courtes périodes, peuvent être responsables d’une augmentation de la fréquence des infections respiratoires (incidence > 40 % chez les nageurs de compétition suivis sur 4 semaines d’entrainement intense)
- au cours des maladies cardiovasculaires, des efforts intenses et inadaptés aux capacités réelles du sujet peuvent également représenter un risque (complications cardiaques). La prudence reste donc de règle et impose d’éviter des efforts violents tout en respectant les contre-indications à l’entrainement physique (angor instable, insuffisance cardiaque décompensée, troubles du rythme cardiaque complexes, affection inflammatoire ou infectieuse évolutive)
- pratiquée de façon excessive, l’activité physique régulière augmente également les risques de traumatismes
- une augmentation de l’anxiété a été mise en évidence à la suite de programmes d’entraînement de forte intensité, ou des situations sportives entrainant des échecs répétés. La pratique sportive intensive peut provoquer des réactions de stress particulièrement au niveau des populations anxieuses, fragiles, en faible condition physique ou âgées.
- chez les enfants et adolescents, la pratique du sport de haut niveau, si elle est jugée globalement bénéfique, comporte aussi des risques tant au niveau physique (risque d’accidents, d’entraînement excessif) que psychologique (pression de réussite, érosion de l’estime de soi en cas d’échecs répétés...)
Pour en savoir plus
- Nestlé Nutrition Institute, rubrique « Sports Nutrition »
- Pour donner plus d’informations à vos patients, vous pouvez consulter le site Grand Public Manger Bouger, ainsi que le site réservé aux professionnels de santé
Sources
- INPES. Baromètre santé nutrition 2008. Activité physique et sédentarité.
- Armstrong T.A., Bull F.C. Development of the Global Physical Activity Questionnaire (Gpaq). Journal of Public Health 2006;14(2):66-70.
- PNNS. Activité physique et santé. Arguments scientifiques, pistes pratiques. 2005.
- Inserm. Activité physique. Contextes et effets sur la santé. Expertise collective. Synthèse et recommandations. 2008.
Date de publication: 10/12/2012