Une étude menée aux États-Unis a montré que les parents ayant un discours centré sur le poids avec leurs enfants avaient des adolescents présentant davantage de troubles du comportement alimentaire. À l’inverse, les enfants dont les parents tiennent un discours centré sur les bienfaits d’une alimentation saine, étaient moins enclins à effectuer des régimes et avoir de mauvaises habitudes alimentaires.
L’attitude des parents est connue pour influencer le poids des enfants. Ainsi, il existe une association significative entre le poids des parents et les troubles du comportement alimentaire chez les adolescents. Cependant, le rôle des conversations au sein du foyer est encore mal connu. Des chercheurs ont donc mené une étude afin de définir dans quelle mesure les conversations portant sur l’alimentation pouvaient influencer les comportements des enfants, et si cette relation dépendait de la nature de la conversation.
Pour cela, 2 348 adolescents issus de l’étude EAT 2010* (âge moyen de 14,4 ans, 46,8 % de garçons) et 3 528 parents issus du projet F-EAT** (âge moyen de 42,3 ans, 62 % de mères) ont été interrogés. L’étude a comparé le nombre d’adolescents suivant un régime, ayant des comportements inadaptés de contrôle de leur poids et présentant une frénésie alimentaire selon que les discussions avec les parents étaient inexistantes, centrées sur le poids, ou centrées sur les habitudes bonnes pour la santé. Les adolescents étaient répartis en différents groupes selon leur poids (normal ou trop élevé), et leur interlocuteur (père ou mère).
L’étude a permis d’identifier que les deux parents parlent fréquemment de nourriture avec leurs enfants, particulièrement lorsque ce dernier présente un surpoids. Ainsi, seuls 20 % des mères et 23 % des pères d’enfants en surpoids n’abordent pas du tout le sujet.
De plus, l’étude a mis en évidence une relation entre le contenu des conversations et la prévalence de mauvais comportements alimentaires chez les enfants. En effet :
- lorsque ces conversations sont centrées sur le poids, l’enfant présente davantage de troubles du comportement alimentaire. Même parmi les adolescents ne présentant pas de surpoids, 7,6 % présentent une frénésie alimentaire lorsque la mère parle du poids au domicile contre seulement 4,3 % lorsque la mère n’abordent pas le sujet ;
- en revanche, lorsque le discours est centré sur les bienfaits d’une alimentation saine, les enfants présentent moins de troubles du comportement alimentaire. Par exemple, parmi les adolescents en surpoids, 34,9 % présentent des troubles du comportement alimentaire lorsqu’ils parlent de santé alimentaire avec au moins un de leur parent contre 60,5 % lorsque les parents n’abordent pas le sujet et 67,0 % lorsqu’ils l’abordent sous l’angle du poids.
Ce qu’il faut retenir
Cette étude menée à grande échelle et sur une population variée a permis de montrer qu’il existe une relation entre le type de discours adopté par les parents et les comportements alimentaires des enfants. Les parents devraient donc adopter un discours basé sur les bénéfices de l’alimentation pour la santé, et éviter les discours centrés sur le poids. Cependant, cette étude ne permet pas de démontrer les relations causales et temporelles entre les comportements et les discussions. Il n’est par exemple pas possible de savoir si les conversations autour du poids ont entrainé les déviances alimentaires chez les adolescents, ou si elles sont la conséquence de celles-ci.
* EAT 2010 : Eating and activity in teens 2010 . Étude menée au États-Unis (Minnesota) pendant l’année scolaire 2009/2010 sur 2 793 adolescents
** Projet F-EAT : Project families and eating and activity in teens. Étude menée au États-Unis sur 3 709 adultes parmi les parents ou tuteurs des adolescents de l’étude EAT 2010
Berge JM. et al. Parent conversations about healthful eating and weight. JAMA Pediatr. 2013[Epub ahead of print]
Date de publication : 23/09/2013