C’est l’objectif d’un dispositif expérimental lancé fin 2022 dans 167 collèges. Le point sur ses premiers résultats.
L’Institut National de la jeunesse et de l’éducation populaire (INJEP) a publié les résultats de l’évaluation de la 1ère année de déploiement du dispositif expérimental des « deux heures hebdomadaires supplémentaires d’activité physique et sportive pour les collégiens ».
Ce dispositif, fruit d’une collaboration entre le ministère des sports et des Jeux olympiques et paralympiques (MSJOP) et celui de l’éducation nationale et de la jeunesse (MENJ) a été lancé en novembre 2022. Déployé à titre expérimental dans 167 collèges volontaires durant l’année scolaire 2022—2023, il propose deux heures de sport supplémentaires par semaine aux collégiens également volontaires, en complément de l’éducation physique et sportive (EPS) et de l’association sportive (AS) du collège. Son objectif central est multiple : contrer la tendance à l’inactivité croissante des jeunes, prévenir le décrochage sportif et favoriser le bien-être physique et psychologique des collégiens.
Un dispositif de suivi et d’évaluation de sa mise en œuvre et de son impact ont été mis en place afin de déterminer les facteurs d’efficacité du dispositif et son adéquation avec les besoins des collégiens.
Des collégiens satisfaits. . .
L’enquête de terrain rapporte trois modalités de sports proposées : l’initiation disciplinaire (découverte de nouvelles disciplines), le sport récréatif (offre ludique) et le sport santé (pratique adaptée au public visé). Cependant, l’option la plus proposée était les disciplines traditionnelles comme les sports collectifs (foot, handball, basketball, etc.) tandis que le multisport et les jeux sportifs étaient plus rares.
Près de la moitié des participants ont dit avoir découvert de nouvelles disciplines grâce à ce programme. Les motivations des collégiens à s’inscrire étaient l’envie de pratiquer davantage de sport (65 %) ou de découvrir de nouvelles activités (49 %). La majorité des collégiens inscrits ont été assidus durant l’année et 93 % ont déclaré vouloir renouveler leur participation au dispositif l’année prochaine.
Les garçons sont plus nombreux parmi les participants (57 %), ainsi que les élèves de sixième (35 %) et de cinquième (30 %).
. . .mais pas ceux au cœur de la cible
Les élèves les plus éloignés de la pratique sportive et donc ceux qui étaient, à l’origine la cible de ce dispositif, étaient finalement peu nombreux à y adhérer puisque 9 volontaires sur 10 étaient déjà impliqués dans des activités sportives en dehors de l’EPS, dont plus de la moitié étaient inscrits dans un club sportif, et quatre sur dix pratiquaient une activité libre non encadrée (faire du vélo, jouer au foot avec des amis, aller à la piscine, etc.). Il s’agissait le plus souvent de filles (57 %), d’enfants qui avaient dans la moitié des cas des parents eux-mêmes non-sportifs, avec une situation socioéconomique défavorable et qui étaient dans la moitié des cas scolarisés en réseaux d’éducation prioritaire.
Un tiers des non-sportifs qui s’étaient initialement inscrits ont par ailleurs finalement décidé de quitter le dispositif, ce pourcentage s’élevant à 38 % chez les filles. Pour les auteurs de l’évaluation, certains collégiens peu sportifs auraient vraisemblablement eu des difficultés à percevoir que le dispositif leur était destiné et la présence d’élèves déjà très sportifs aurait pu les dissuader de participer. Par ailleurs, les activités proposées ne se distinguaient pas assez des modalités traditionnelles pour susciter l’intérêt des collégiens peu sportifs, en quête d’une atmosphère bienveillante et encourageante.
Des effets positifs sur le bien-être
L’enquête menée auprès des collégiens indique que 45 % indiquent que le dispositif a eu un impact sur eux, une majorité déclarant ressentir une amélioration de leur santé (72 %), de leur condition physique (70 %), de leur confiance en eux (66 %) et de leur intégration au sein de leur groupe de pairs (61 %). Le brassage entre les classes (de la sixième à la troisième) et la mixité d’âge semblent avoir renforcé la cohésion entre les participants. Les non-sportifs semblent avoir des perceptions plus modérées quant aux effets du dispositif sur leur bien-être physique (35 % ne voient pas d’impact contre 28 % de l’ensemble des répondants) mais ils sont plus nombreux (+7 points par rapport à la moyenne de l’ensemble des volontaires) à percevoir une amélioration de leur intégration avec leurs camarades grâce à leur participation au dispositif.
Améliorer le dispositif
Cette première année d’expérimentation offre des pistes d’améliorations possibles pour son déploiement dans plus de 700 collèges. Le ciblage spécifique des élèves en sixième et cinquième est important. L’offre sportive doit être abordée en collaboration avec les élèves et personnalisée selon leurs préférences. Les jeux sportifs, plus accessibles et divertissants doivent être privilégiés. Les créneaux en fin de semaine également afin de créer un « sas de décompression ». La promotion par les pairs en tant que moyen stratégique de sensibilisation et d’adhésion des élèves au dispositif est à encourager. Enfin, l’organisation d’activités en dehors de l’école offre la possibilité de rompre avec le cadre formel des activités scolaires et peut stimuler l’enthousiasme et l’intérêt des élèves.
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Source : Louhab S., janvier 2024, Expérimentation des « deux heures supplémentaires hebdomadaires d’activité physique et sportive pour les collégiens », Évaluation de la première année de déploiement, INJEP Notes & rapports/Note thématique. https://injep.fr/publication/experimentation-des-deux-heures-hebdomadai…- supplementaires-dactivite-physique-et-sportive-pour-les-collegiens/
C. Costa « © Société Française de Nutrition. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés »
Date de publication : 13/05/2024
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